Classe moyenne montante

La grande déception du premier semestre nous vient des marchés émergents en général et de la Chine en particulier.

La croissance économique de l’Empire du Milieu s’est en effet révélée inférieure aux attentes, à 7,5%. La Chine est aux prises avec une bulle du crédit. Avec la crise économique et financière qui a sévi en Occident, la Chine a vu elle aussi ses exportations baisser sensiblement à partir du 3e trimestre 2008. Des centaines, voire des milliers d’usines situées sur la côte Est ont été menacées de fermeture. C’est ce qui explique qu’il ait fallu recourir massivement au crédit. La croissance a pu de cette manière être restaurée mais le secteur bancaire chinois est bien évidemment confronté, désormais, à un trop grand nombre de crédits douteux.

Cela dit, le réel défi de la Chine consiste à opérer sans heurt le changement d’une économie dirigée par les exportations à une économie reposant sur la demande domestique. Autrement dit, beaucoup dépend de la consommation de la classe moyenne, qui est en plein essor. Cette consommation suit un schéma spécifique. L’alimentation et les boissons ou les biens de consommation personnelle ne sont pas les seuls à être davantage consommés : la classe moyenne dépense aussi davantage en transport, en communication, en formation, en loisirs, en soins de santé, en décoration intérieure, en produits bancaires et d’assurance, etc.

La consommation privée dans des pays tels que la Chine et l’Inde n’en est qu’à des balbutiements, malgré la croissance soutenue de l’économie au cours de la décennie passée. La consommation annuelle du Chinois moyen représente à peine plus d’un vingtième de celle de l’Américain moyen, à peine un quinzième de celle du Japonais moyen et pas beaucoup plus qu’un dixième de celle de l’Européen moyen. Quant à l’Indien, il consomme encore moins de la moitié de ce que consomme le Chinois moyen. La consommation moyenne en Pologne, au Brésil, au Mexique et en Russie est certes supérieure à celle de la Chine et de l’Inde mais représente seulement un cinquième – voire moins – de ce que l’Américain consomme chaque année. Pour ne pas parler de l’Afrique, dont la consommation moyenne ne représente qu’une fraction de la nôtre.

La classe moyenne regroupe les personnes qui dépensent chaque jour en moyenne 10 à 100 USD. Une étude de McKinsey&Company démontre que la classe moyenne connaîtra une croissance de 75% au niveau mondial entre 2010 et 2025, soit une augmentation annuelle de 5%. Trois quarts de cette augmentation de la consommation mondiale sera réalisée dans les pays émergents, Asie en tête, où la population est aussi la plus nombreuse. Mais n’oublions pas non plus l’Amérique latine, le Moyen-Orient, l’Europe centrale et de l’Est, et l’Afrique.

Pour notre portefeuille, ce thème est intéressant dans une perspective de long terme. Il s’agit d’un thème structurel que nous pouvons exploiter pleinement. Comme nous l’avons précisé, la classe moyenne consacre beaucoup d’argent à beaucoup de choses. Le thème est donc applicable à de nombreux secteurs différents, des télécoms et de la pharma à l’alimentation et au luxe, en passant par le secteur financier. Pourvu que les entreprises soient actives dans les pays émergents. Car c’est là que se réalisera l’essentiel de la croissance de cette classe montante. Le thème des pays émergents peut être exploité en misant davantage désormais sur la consommation accrue et moins sur les matières premières. Ce ” switch ” s’opérera au cours des prochains mois et semaines, et ne peut que profiter à l’évolution de notre portefeuille. Au fil des prochaines semaines, nous vous présenterons donc de nouvelles valeurs dont la valorisation nous semble intéressante et qui peuvent s’inscrire dans le cadre de cette nouvelle thématique.

Partner Content