Danny Reweghs
Cap sur 2049 pour la Chine
Donald Trump avait déterré la hache de guerre pour ralentir l’expansion chinoise et protéger le leadership américain. Mais il brigue un second mandat et si l’économie américaine est à la dérive d’ici là, ses chances d’être réélu n’en seront que plus faibles. Il est donc temps pour lui de décrocher un accord.
Cela fait plus d’un an maintenant que l’économie mondiale est l’otage du conflit commercial – de la guerre commerciale, même – qui oppose les Etats-Unis à la Chine, et dont les répercussions sont colossales. Si la récession est pour l’heure évitée, c’est surtout grâce au secteur des services car dans l’industrie, la décélération est réelle. Les Etats-Unis et la Chine sont les plus grandes économies de la planète. Les mouvements boursiers des 12 à 18 derniers mois ont été très largement dictés par l’évolution du contentieux.
Il semblerait toutefois que ces deux nations se concentrent désormais sur 2049, voire au-delà. La République Populaire de Chine soufflera ses 100 bougies cette année-là. Lors du dernier congrès quinquennal du Parti communiste, en 2017, le président Xi Jinping avait évoqué le “rêve” que caresse le pays d’être, à l’horizon 2049, la première puissance mondiale en termes non seulement militaires et financiers, mais aussi, technologiques. Son image de marque en était sortie renforcée.
Le conflit actuel s’inscrit à l’évidence dans cette lutte pour l’hégémonie mondiale. Les progrès technologiques impressionnants que réalisent les Chinois ne sont pas bien vus par la sphère politique américaine. L’économie chinoise s’approche depuis quelques années d’une “nouvelle normalité”, caractérisée par une croissance plus faible, mais où l’accent se déplace des exportations et des subventions publiques vers la consommation domestique et l’innovation.
Premier pas timide
Donald Trump et son entourage immédiat ont donc déterré la hache de guerre dans le but précis de ralentir l’expansion chinoise et de protéger le leadership américain. Se souvenant des relations avec l’Union soviétique, les analystes politiques évoquent une nouvelle “guerre froide”, sans omettre de préciser que c’est désormais la Chine qui a énormément de cartes en main. Donald Trump brigue un second mandat et si l’économie américaine est à la dérive d’ici là, ses chances d’être réélu n’en seront que plus faibles. Il est donc temps pour lui de décrocher un accord. Comme une paix globale à brève échéance est exclue, il se contenterait d’un premier consensus partiel.
Entente symbolique
Malgré l’attention que lui accordent les médias, nous doutons qu’une telle entente ait de véritables répercussions sur les marchés financiers. Purement symbolique, elle ne devrait pas provoquer plus qu’une simple vague de prises de bénéfice dans la foulée de son annonce: les marchés ont en effet d’ores et déjà largement intégré l’idée d’un (timide) premier pas vers une résolution du litige. Du reste, même si les parties signaient un armistice, celui-ci ne serait rien de plus qu’une “paix armée”. Il est peu probable en effet que compte tenu de ses ambitions à long terme, la Chine soit disposée à faire des concessions (stratégiquement) essentielles aux Etats-Unis l’année même de l’élection présidentielle. Nous sommes encore loin d’une entente parfaite.
Stratégie
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