Danny Reweghs
Bonus d’intérêts contre résultats décevants
Un redressement des cours des actions nettement plus rapide que ce que nous avions prévu s’est subitement enclenché à Noël. Mais selon nous, les Bourses occidentales ne sont pas encore à l’abri d’une glissade.
Nous insistons depuis très longtemps sur l’importance de l’évolution des taux pour tous les investisseurs. Car la hausse de la quasi intégralité des actifs financiers ces dernières années est peu ou prou la conséquence de la politique monétaire extrêmement accommodante des banques centrales.
Les taux se sont subitement mis à remonter l’an dernier. Le taux américain à 10 ans, par exemple, a bondi du plancher de 1,35% où il végétait depuis la mi-2016 à un sommet de 3,2% (pour les bons du Trésor) à la mi-octobre 2018. Il n’avait plus franchi la barre des 3% depuis le printemps de 2014. En Europe, le taux allemand à 10 ans, qui avait plongé à -0,2% à l’été 2016, après le référendum sur le Brexit, était remonté à 0,75% en février 2018. Mais la tendance est repartie à la baisse depuis les élections du mois de mai en Italie.
Marché obligataire
L’on a pu croire que la hausse des prix des obligations, une des plus impressionnantes de l’histoire financière – car amorcée en 1981, il y a près de 40 ans -, touchait à sa fin. Mais le ralentissement de la croissance mondiale, lui-même dû aux incertitudes que fait régner le conflit commercial qui oppose les Etats-Unis à la Chine, a fait tomber il y a quelques semaines de 3,2% à 2,4% le taux américain à 10 ans. Les investisseurs en obligations acceptent à nouveau de payer pour pouvoir investir dans des Bunds à long terme: il y a un mois en effet, le taux allemand à 10 ans a de nouveau plongé (légèrement) dans le rouge.
Ascension excessive
La plupart des fluctuations de taux de ces dernières années ont été provoquées par les décisions des banques centrales. Songeons à la surprise suscitée par Jerome Powell lorsqu’il a annoncé une pause dans la politique de taux américaine: concrètement, la Réserve fédérale ne procédera plus à aucun relèvement de son taux directeur et cessera en outre bientôt d’alléger son bilan. L’an dernier, la Banque centrale européenne avait annoncé avec fierté l’arrêt de sa politique d’assouplissement monétaire; reste que contrairement à ce qu’elle avait laissé entendre, son premier relèvement de taux ne sera pas pour 2019.
La baisse des taux fut du pain béni pour les marchés d’actions occidentaux: un redressement des cours nettement plus rapide que ce que nous avions prévu s’est subitement enclenché à Noël. Nous restons cependant fidèles à notre scénario: les Bourses occidentales ne sont pas encore à l’abri et elles vont perdre une partie, sinon l’intégralité, des gains accumulés depuis la fin de 2018. Tout nouveau sommet historique serait anecdotique. La chute des taux a pris fin, du moins pour l’instant. Cela fait plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que les marchés anticipent un accord entre les Etats-Unis et la Chine et on les sait attentifs aux résultats des entreprises – il suffit de voir leur réaction à l’avertissement qu’a émis Umicore (lire ici). Enfin, partout dans le monde, les marges ont été sous pression au premier trimestre.
Stratégie
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