Le marché obligataire américain va-t-il bientôt s’effondrer à la “Liz Truss” ?

Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine. © Belgaimage

Faut-il se faire des soucis pour le marché obligataire des États-Unis, réputé sûr ? Un expert met en garde que Washington pourrait vivre le même sort que le Royaume-Uni il y a un an et demi, à cause de l’état de ses finances publiques.

Une crise qui est restée dans les annales des marchés obligataires et de l’histoire britannique, et sans doute dans les manuels de sciences économiques. En septembre 2022, le gouvernement du Royaume-Uni, alors mené par Liz Truss, annonce un “mini budget” : une réforme fiscale qui réduisait fortement les impôts, sans toucher aux dépenses.

Ce qui plomberait le déficit du gouvernement et creuserait sa dette. Les marchés n’ont pas tardé à réagir : les taux d’intérêt des obligations se sont envolés, ce qui a failli faire s’effondrer de nombreux fonds de pension, et la livre s’est cassée la figure. La Banque d’Angleterre a dû intervenir et annoncer un programme de rachat d’obligations d’urgence. La réforme a été retirée et Liz Truss et son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, ont démissionné quelques jours plus tard.

Nouvel épisode ?

Un événement qui a montré que les choses peuvent aller très vite et qu’une faillite d’un Etat et de son système financier n’est pas impossible. Cet avertissement britannique est revenu sur le devant de la scène, mais cette fois de l’autre côté de l’Atlantique.

Phillip Swagel, directeur du Congressional Budget Office, un chien de garde indépendant, censé surveiller la santé des finances publiques, a exprimé ses inquiétudes dans le Financial Times, cette semaine. Il estime que la dette américaine, qui s’approche des 35.000 milliards de dollars et dépasse largement les 120% du PIB, serait sur une trajectoire “jamais vue”.

Vers quoi tend-elle, cette trajectoire ? “Le danger, bien sûr, c’est ce à quoi le Royaume-Uni a été confronté avec l’ancienne Première ministre (Liz) Truss, où les décideurs politiques ont essayé de prendre une mesure, et où il y a eu une réaction du marché à cette mesure”, met-il en garde.

Il sait cependant que les États-Unis “ne sont pas encore à ce niveau-là”. Mais il estime que l’intérêt à payer sur cette dette atteindra 1.000 milliards de dollars en 2026 (contre près de 800 milliards de dollars aujourd’hui). A ce moment-là, une correction du marché obligataire serait possible, avec une envolée des taux et une baisse des prix des bons d’Etat. Mais la situation pourrait encore s’aggraver : Trump a par exemple indiqué qu’il baisserait les impôts s’il est élu, ce qui pourrait davantage augmenter la dette et les intérêts.

Warning pour la Belgique aussi

En parlant de pays où la dette augmente et où le déficit se creuse, on peut aussi être amené à penser à la Belgique. La crise du “mini budget” et le potentiel effondrement, similaire, du marché obligataire américain pourraient ainsi servir de signal d’alarme pour notre pays. Les experts rappellent régulièrement qu’il faut faire des efforts pour réduire le déficit et le ratio de la dette par rapport au PIB. Le marché obligataire d’un pays européen peut s’effondrer et un pays peut virtuellement être en faillite, et ce malgré l’union monétaire et la BCE, comme l’a montré la Grèce en 2023.

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