Les vrais attributs de la puissance américaine ?  Le dollar et 11 porte-avions

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Amid Faljaoui

A une certaine époque, les amateurs de foot avaient coutume de dire “qu’à la fin ce sont toujours les Allemands qui gagnent”, sous-entendu les matchs et les championnats importants. En matière de croissance économique, c’est exactement la même chose : “A la fin, c’est toujours l’Amérique qui gagne”.

La meilleure preuve, ce sont les chiffres officiels de la croissance aux Etats-Unis  qui viennent d’être publiés. Nos amis américains ont terminé l’année 2023 avec une croissance annuelle de 2,5% alors qu’en Europe, on flirte dangereusement avec la récession. L’information est d’abord une gifle monumentale pour tous les économistes qui s’attendaient à une récession pour les Etats-Unis en 2023.

Mais faut-il blâmer ces prévisionnistes de s’être trompés  aussi lourdement ? Souvenez-vous, comme l’inflation avait explosé, la banque centrale américaine avait remonté brutalement ses taux d’intérêt de 0,25 % à 5,25%.  Avec des taux pareils et surtout une remontée des taux aussi rapide, l’économie américaine aurait dû s’étrangler, mais les chiffres nous disent l’inverse : elle est en pleine forme. Joe Biden va profiter de cette heureuse surprise pour en faire un argument de choc pour tenter de se faire réélire. Hormis cela, en tant qu’européen, il y a de quoi être jaloux. 

Comment font ces Américains pour toujours avoir plus de croissance que nous ? Plusieurs explications possibles. D’abord, le consommateur américain : non seulement, il a dépensé toute son épargne accumulée pendant le covid, mais il continue à faire chauffer sa carte de crédit de manière déraisonnable, car malgré ses découverts réguliers, ce consommateur reste étonnement confiant dans son avenir. La croissance US est soutenue par cette confiance, car la consommation, c’est environ trois quarts du PIB américain. Aujourd’hui, l’Américain moyen épargne à peine 3% de son revenu disponible alors que l’Européen est beaucoup plus prudent et épargne 15% de son revenu. C’est une sacrée différence sur la vision de l’avenir. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les plans de relance massifs américains. Nous sommes dans une autre dimension qu’en Europe, quand les Américains mettent le paquet, ils n’y vont pas par le dos de la cuillère.  Pire encore, ils s’en fichent que ces plans massifs provoquent un déficit budgétaire colossal.

Et voilà, la vraie différence avec l’Europe, les Américains peuvent s’endetter comme des fous, car ils ont le dollar, la devise suprême.  Ils savent qu’ils peuvent se permettre d’être en déficit car ils sont la première économie au monde et qu’aucune autre monnaie ne peut supplanter le dollar. Mais vous l’avez compris, cette croissance américaine n’est pas très saine, car c’est une croissance à crédit. Le plus étonnant est que cette frénésie d’endettement va à l’encontre de ce que disait John Adams, le deuxième président des Etats-Unis à ses compatriotes : “on asservit une nation par le glaive ou par la dette”. Visiblement, les Américains ont décidé depuis longtemps de ne pas écouter ce conseil de bon sens. Il faut dire aussi qu’en dehors de l’énergie peu chère aux Etats-Unis, du dynamisme hors du commun de leurs entreprises notamment dans la tech, les Américains ont aussi quelque chose que les autres pays n’ont pas: ils ont 11 porte-avions et 800 bases militaires de par le monde. En tant que gendarmes du monde entier, les investisseurs leur font confiance aveuglément. A tort, sans doute.

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