Facebook ou le mythe de la croissance infinie
Pour le deuxième trimestre de 2018, Facebook a été trop optimiste concernant son chiffre d’affaires. Or les perspectives pour le second semestre sont décevantes, elles aussi. Le 27 juillet, la chute fut vertigineuse. Une correction à 119 milliards de dollars, en une séance, c’est une première.
Les bons résultats du premier trimestre avaient soulagé le marché et entraîné un net redressement de l’action. Nous écrivions alors qu’il valait mieux modérer sa joie, cependant, car il était trop tôt pour estimer l’incidence réelle, sur les chiffres du groupe, de l’utilisation illicite par Cambridge Analytica des données personnelles d’utilisateurs de Facebook. Avant que ne soit publié le rapport relatif au deuxième trimestre, l’action avait atteint, fin juillet, le cours le plus élevé de son histoire. La capitalisation boursière de Facebook s’élevait à 630 milliards de dollars; elle avait gagné près de 25% depuis le début de l’année. Mais, sur la période avril-juin, comme le démontre le rapport trimestriel, Facebook n’a pas atteint son objectif de ventes. Le problème, c’est que les projections du groupe pour le second semestre sont aussi décevantes. La réaction du marché ne s’est donc pas fait attendre, qui a rendu Facebook tristement célèbre pour avoir perdu 119 milliards de dollars de capitalisation boursière en une séance.
Le scandale qui a éclaboussé le groupe a donc provoqué un ralentissement de la croissance du nombre d’utilisateurs (du réseau social Facebook, mais aussi d’Instagram, de Messenger et de WhatsApp) aux Etats-Unis comme en Europe, marchés qui produisent 72% de son chiffre d’affaires (CA). Sur ses diverses applications, l’on note également une diminution de la fréquentation. Et si moins de données lui sont transmises, le groupe peut difficilement vendre des publicités ciblées. Or il en tire le plus clair de ses revenus.
En glissement annuel, le CA du groupe a certes progressé de 42%, à 13,23 milliards de dollars, mais 13,4 milliards étaient attendus. Le taux de croissance, à 49% encore au premier trimestre, devrait baisser au cours des prochains trimestres. Le nombre d’utilisateurs actifs quotidiennement a progressé de 1,5% en rythme trimestriel, à 1,47 milliard. Il s’était accru de 3,4% au premier trimestre. Le nombre d’utilisateurs n’a pas augmenté aux Etats-Unis, le marché domestique du groupe, et a reculé légèrement en Europe. Selon Facebook, il faut y voir l’effet des nouvelles mesures de protection de la vie privée, en vigueur depuis fin mai, et les dépenses qu’elles engendrent (embauche de personnel supplémentaire pour surveiller les contenus, etc.). Le nombre d’utilisateurs n’a augmenté qu’en Asie et dans le reste du monde, des régions où, hélas, le CA moyen par utilisateur est le plus faible.
La marge bénéficiaire brute s’est contractée de 46% au premier trimestre à 44% au deuxième. La direction s’attend à ce que les dépenses augmentent plus vite que le CA, au cours des trimestres à venir. La marge brute devrait dès lors s’éroder davantage, à environ 35%. Au deuxième trimestre, Facebook a réalisé un bénéfice net de 5,1 milliards de dollars, soit, par action, 1,74 dollar (consensus à 1,71 dollar). Le cash-flow disponible s’élevait à 2,84 milliards de dollars. Au terme du premier semestre, Facebook comptait 42,3 milliards de dollars de liquidités.
Conclusion
Le ralentissement de la croissance, une hausse des dépenses et la perspective d’un recul de la rentabilité de Facebook ont incité de nombreux actionnaires à se défaire de leurs titres. Il convient de relativiser, toutefois: la firme affiche bel et bien une progression de ses CA et Ebit. Nous conserverions l’action, à présent que le cours s’est effondré, et procéderions à quelques prises de bénéfices lorsqu’elle aura repris de la hauteur.
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Rating : 2B
Cours : 176,37 dollars
Marché : Nasdaq
Code ISIN : US30303M1027
Ticker : FB US
Capit. boursière : 495,6 milliards USD
C/B 2017 : 23,8
C/B attendu 2018 : 19,3
Perf. cours sur 12 mois : +18 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -2%
Rendement du dividende : –
Actions américaines
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