Total

Digne d’achat

Est-il utile de préciser que les résultats de Total n’échappent pas au krach des cours pétroliers ? Pour autant, les dégâts restent limités en l’occurrence. Au 4e trimestre, le bénéfice net ajusté a reculé de 26% alors que le pétrole s’est effondré de 38% par rapport à la même période en 2014. Sur l’ensemble de l’année 2015, le bénéfice net ajusté a reculé de 18%, alors que le cours moyen du pétrole a reflué de 47%. Total s’en tire donc très bien par rapport au secteur, ce qui est dû à plusieurs facteurs. D’abord, le groupe cueille enfin les fruits de sa politique d’investissements des dernières années. Il a longtemps basé sa stratégie sur un prix du pétrole d’au moins 100 dollars (USD) le baril et a injecté des milliards dans l’extension de sa capacité de production. L’an dernier, la production des combustibles a augmenté de pas moins de 9,4% grâce au lancement de neuf nouveaux projets. Jusqu’en 2019, Total table sur une augmentation moyenne de sa production de 5% par an. La société n’a pas encore remisé au placard sa projection d’un cours du pétrole plus élevé. Total remarque que sans nouveaux investissements, la production pétrolière mondiale recule de 5% par an. Ajoutons à cela notamment la baisse de la production aux États-Unis et des investissements par les compagnies pétrolières occidentales, et Total en arrive à la conclusion que d’ici 2020, il faudra avoir trouvé 25 millions de barils quotidiens de capacité supplémentaire pour répondre à la demande. A plus court terme, le marché reste en proie à la surcapacité, même si à des prix inférieurs à 30 USD le baril, la limite douloureuse semble avoir été atteinte au sein de l’OPEP également. Un deuxième facteur atténue l’effet de l’effondrement des cours pétroliers : les marges lucratives de l’activité de raffinage. D’importants acteurs tels que Total, qui gèrent la totalité de la chaîne de production, de l’exploration à la vente à la pompe, ont plus souvent des résultats relativement stables. Grâce à un doublement du bénéfice, la branche Raffinage a même enregistré un bénéfice supérieur à celui de la division Exploration l’an dernier. Notons cependant que ces marges sont sous pression depuis le 4e trimestre de l’an dernier. Si cette tendance se poursuit, Total, tout comme les autres grandes compagnies pétrolières, perdra un important ” pare-chocs ” contre les prix pétroliers en baisse. Lors des années plus difficiles, Total parviendra-t-il à maintenir son dividende (rendement de plus de 6%) ? L’an dernier, le cash-flow opérationnel n’a pas suffi pour financer à la fois les investissements et le dividende, et Total a donc dû emprunter pour verser un dividende. Cette fois, le dividende ne devrait pas être compromis car Total a sabré dans le budget d’investissement et dans les coûts. Total économise aussi des liquidités en donnant encore pendant un certain temps la possibilité à ses actionnaires de recevoir leur dividende sous forme d’actions, ce qui réduit la dilution.

Conclusion

De toutes les compagnies pétrolières occidentales, Total est celle qui offre la plus grande résistance aux faibles prix du pétrole. La baisse des marges de raffinage est en revanche inquiétante. Cela dit, la valorisation est relativement faible, le rendement de dividende est intéressant et Total est très bien placé pour tirer profit d’un éventuel redressement des cours pétroliers.

Conseil : digne d’achat

Risque : faible

Rating : 1A

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