Retournement de situation pour General Electric
Le relèvement du cash-flow prévisionnel pour 2019 a fait s’envoler le cours. Mais, pour pouvoir affirmer que la plus grande crise en 127 ans d’existence est oubliée, il va falloir réanimer la division GE Power. Et ça, c’est loin d’être fait.
Comme s’il n’avait pas suffisamment de problèmes, General Electric (GE) a encaissé un nouveau coup cet été: dans un volumineux rapport, Mark Markopolos, l’analyste financier qui avait dévoilé l’escroquerie (pyramide de Ponzi) de Bernard Madoff, l’a en effet accusé de fraude comptable. Il s’agit là d’un premier vrai test pour Lawrence Culp, qui dirige le conglomérat depuis un peu plus d’un an. Bien vu par les analystes et les investisseurs, l’homme, qui ne cache pas sa colère, évoque la manipulation de marché et la cupidité de Harry Markopolos. Lequel a en effet admis collaborer avec un hedge fund qui, ayant shorté l’action GE, a sans conteste intérêt à ce qu’elle s’effondre. Lawrence Culp a immédiatement acquis pour près de deux millions de dollars de titres GE, à moins de huit dollars l’action, ce qui a favorisé la stabilisation du cours.
Le moins que l’on puisse dire est que la transaction fut lucrative. Car en réaction aux chiffres du 3e trimestre, le titre a bondi de plus de 1 dollar (+11%), pour franchir à nouveau la barre des 10 dollars. Le gain frôle donc les 35% en l’espace d’un trimestre, ce qui n’est pas peu. GE achève le trimestre sur un chiffre d’affaires (CA) de 23,4 milliards de dollars, contre 23,39 milliards un an plus tôt. La hausse du CA des divisions GE Renewable Energy (+13%), GE Aviation (+8%) et GE Healthcare (+5%) est malheureusement gommée par le nouveau repli de celui de GE Power (-14%, de 4,56 à 3,93 milliards de dollars, cette fois). Dès son arrivée, Lawrence Culp avait déprécié le goodwill de ce pôle de près de 22 milliards de dollars, sans pour autant parvenir à stopper l’hémorragie; certes, un tassement de 14%, c’est déjà moins mauvais que les 25% de chute enregistrés au trimestre précédent…
Au niveau du groupe, le bénéfice ajusté s’établit à 0,15 dollar par action (consensus: 0,12 dollar; juillet-septembre 2018: 0,11 dollar) et la direction pronostique toujours un bénéfice de 0,55-0,65 dollar par action pour l’exercice (consensus: 0,60 dollar cette année, 0,70 l’an prochain). Mais si le cours a progressé, c’est avant tout parce que le cash-flow prévisionnel pour 2019 a fait l’objet d’une nouvelle révision: d’un milliard de dollars de cash-flow disponible tout au plus pour les activités industrielles escompté en été, le montant est désormais arrêté à deux milliards. Le CEO a dans la foulée précisé que l’optimisation des activités opérationnelles et l’allègement de la dette avaient progressé au 3e trimestre. Mais omis d’ajouter que le nombre d’ordres a reculé de 5% (-1% en termes organiques), à 22,5 milliards de dollars. Il a par ailleurs évoqué une “stabilisation” des résultats de GE Power, ce qui revient sans doute à aller un peu vite en besogne. Ceci étant, l’on ne peut nier qu’il a d’ores et déjà tranché plusieurs noeuds, notamment en abaissant le dividende trimestriel à un cent symbolique et en vendant Biofarma, une des divisions-phares du groupe, à Danaher, qu’il dirigeait précédemment, pour un montant de 21,4 milliards de dollars; l’opération a contribué à rassurer le marché à propos de l’endettement de GE.
Conclusion
Les tentatives de Lawrence Culp de stabiliser le conglomérat et de lui offrir de nouvelles perspectives d’avenir sont louables. Mais rien n’est gagné, et le risque de repli demeure réel. Les analystes recommencent cependant à espérer un redressement.
Conseil: conserver/attendre
Risque: élevé
Rating: 2C
Cours: 10,74 dollars
Ticker: GE US
Code ISIN: US369604103
Marché: NYSE
Capit. boursière: 93,8 milliards USD
C/B 2018: 20
C/B attendu 2019: 17,5
Perf. cours sur 12 mois: +20%
Perf. cours depuis le 01/01: +47%
Rendement du dividende: 0,1%
Actions américaines
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