Oracle: des résultats toujours peu convaincants
Le groupe a, pour la première fois depuis 2008, affiché une dette nette, au titre de l’exercice écoulé.
Lorsque Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, a passé le témoin à Mark Hurd, l’éditeur de logiciels traversait une passe difficile. Le nouveau CEO est parvenu à faire le lien entre la division technique et le service des ventes, qu’il dirigeait jusqu’alors, et a amorcé à temps le virage du cloud; son récent décès a donc été un coup dur pour l’équipe de direction. La co-directrice générale (et ancienne directrice financière) Safra Catz pilotera seule l’entreprise en attendant la nomination d’un successeur.
Sur le plan opérationnel, l’impact de ce décès reste limité et la transition vers le cloud devrait se poursuivre comme prévu. L’éditeur de logiciels n’a pas le choix s’il veut maintenir sa place face à la concurrence des géants tels que Microsoft ou SAP et des acteurs émergents comme Workday.
Le premier semestre de l’exercice 2020, entamé en juin, est achevé. Les chiffres du premier trimestre, publiés en septembre, avaient déçu et aucun redressement n’a été constaté entre septembre et fin novembre. Le chiffre d’affaires (CA) du groupe s’est établi à 9,61 milliards de dollars, en hausse de 0,5% par rapport à l’année précédente, mais manquant de peu le consensus de 9,65 milliards d’euros. Trois des quatre divisions ont terminé dans le rouge. La plus importante, Cloud Services & License Support (qui regroupe les activités cloud, toutes les mises à niveau de licences existantes et le support y afférent), a vu son CA augmenter de 3%, à 6,81 milliards de dollars (71% du CA du groupe). Le CA est majoritairement récurrent. Cloud & On-Premise Software (vente de licences classiques) affiche un recul de 7%, à 1,13 milliard de dollars. Cette tendance baissière s’observe depuis plusieurs trimestres, car un nombre croissant de clients passe au cloud. Le CA de la division matériel (871 millions de dollars) et des services (806 millions de dollars) recule respectivement de 2 et 1%. Oracle table sur une hausse de 1 à 3% du CA pour le troisième trimestre et de 1% environ pour l’exercice entier. Cette augmentation reste inférieure à celle affichée par Microsoft et Amazon, notamment.
Le bénéfice net ajusté a diminué de 1%, à 2,31 milliards de dollars, mais grâce aux rachats d’actions, le bénéfice par action (BPA) a augmenté de 12%, à 0,9 dollar, manquant le consensus de 0,01 dollar. Pour l’exercice en cours, le BPA devrait croître de plus de 10%. Au deuxième trimestre, Oracle a en effet racheté 91 millions d’actions pour quelque 5 milliards de dollars – autant qu’au premier trimestre. Au cours de l’exercice 2019, 36,3 milliards de dollars au total ont été consacrés à ces rachats d’actions. Ces cinq dernières années, le nombre d’actions en circulation a diminué de 25%, ce qui a eu un effet favorable sur le BPA.
Mais le revers de la médaille est que sur les quatre derniers trimestres, le groupe a reversé bien plus (26 milliards de dollars d’actions rachetées) qu’il n’a produit de cash-flow disponible (12,2 milliards de dollars). La position nette de trésorerie a donc été réduite à néant et le groupe a, pour la première fois depuis 2008, affiché une dette nette, au titre de l’exercice écoulé. Cela ne l’a toutefois pas empêché de relever de 15 milliards de dollars le budget dédié aux rachats d’actions l’année dernière. Au terme du deuxième trimestre, le groupe n’avait plus que 27,4 milliards de dollars en caisse, contre encore 35,7 milliards trois mois auparavant. L’endettement a légèrement reculé, à 53,9 milliards de dollars. Oracle a maintenu le dividende trimestriel à 0,24 dollar, soit un rendement brut de 1,8%.
Conclusion
Malgré la croissance décevante du CA, le titre Oracle a fait belle figure l’année dernière, même s’il est resté dans l’ombre de la plupart de ses concurrents et du Nasdaq. Sa valorisation ne se relèvera durablement que si les ventes s’accélèrent – ce qui ne devrait pas arriver ces prochains trimestres. Les rachats massifs d’actions ont porté le BPA, mais cette ingénierie financière n’est pas une stratégie durable, vu la fonte de la trésorerie.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 53,76 dollars
Ticker: ORCL US
Code ISIN: US68389X1054
Marché: New York Stock Exchange
Capit. boursière: 172,4 milliards USD
C/B 2019: 17
C/B attendu 2020: 13,5
Perf. cours sur 12 mois: +15%
Rendement du dividende: 1,8%
Actions américaines
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