La crise énergétique, pain béni pour Engie

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Les gouvernements belge, français et italien ont décidé de taxer les surprofits, et de capter les revenus réalisés au-delà d’un certain niveau. C’est à la division Global Energy Management & Sales que la crise profite le plus.

La crise énergétique propulse à la hausse la rentabilité d’Engie, dont le bénéfice opérationnel a bondi de 79%, pour atteindre 7,2 milliards d’euros, entre janvier et septembre derniers. Le groupe a dès lors revu ses prévisions pour 2022: son bénéfice net récurrent devrait se situer entre 4,9 et 5,5 milliards d’euros, soit 2,2-2,38 euros par action. Soit aussi, au cours actuel, un ratio cours/bénéfice (C/B) de 6. Les investisseurs n’apprécient donc pas encore suffisamment les résultats, même s’il est clair que de tels bénéfices ne seront pas reproductibles. Les bénéfices récurrents devraient reculer cette année, tout en restant bien plus élevés qu’en 2021.

Vu les prix atteints par l’électricité, la contribution aux bénéfices des centrales thermiques et nucléaires a considérablement augmenté. Opérationnelles à 81%, et malgré des taxes nucléaires très importantes, les centrales nucléaires belges ont dégagé 583 millions d’euros de bénéfice opérationnel supplémentaire au cours des neuf premiers mois de 2022. Même si les prix de l’électricité devaient désormais reculer, les tarifs revus sont d’ores et déjà partiellement verrouillés pour les années qui viennent.

C’est à la division Global Energy Management & Sales, qui gère, entre autres, les contrats de gaz naturel, que la crise profite le plus. Très flexibles, ces contrats peuvent être liquidés si les prix du gaz naturel augmentent fortement ou deviennent très volatils. Engie s’occupe également de la gestion des risques pour les grands clients, activité éminemment rentable quand les tarifs sont élevés et que la volatilité est importante. La division a achevé les neuf premiers mois de 2022 sur un bénéfice opérationnel de 2 milliards d’euros, contre 337 millions sur la même période en 2021. Cette contribution exceptionnelle étant difficile à rééditer, la baisse des bénéfices prévisionnels pour 2023 est normale.

De tels chiffres ne laissent pas indifférent. Les gouvernements belge, français et italien ont décidé de taxer les surprofits et de capter les revenus réalisés au-delà d’un certain niveau. Engie estime que ces mesures lui coûteront entre 0,7 et 0,9 milliard d’euros en 2022, et de 1,2 à 1,5 milliard cette année. Il ne voit là aucune raison d’ajuster ses prévisions, qui tiennent déjà partiellement compte de cette politique. “Nul n’ignore que la rentabilité d’Engie s’est considérablement accrue en 2022 et a, dans une certaine mesure, été relancée”, a commenté le CFO Pierre-François Riolacci lors d’une conférence téléphonique organisée le 20 décembre.

C’est fin décembre également qu’est tombée une facture de 3,3 milliards d’euros, au titre des provisions supplémentaires dont la Belgique exige la constitution en vue du démantèlement des centrales et de l’élimination des déchets nucléaires. Le ratio d’endettement aurait donc dû augmenter légèrement mais grâce à la hausse du cash-flow opérationnel, il a en réalité atteint un confortable 2,8 fois. Les négociations avec le gouvernement sur le plafonnement de la facture avancent, ce qui fait progressivement refluer le risque d’un nouvel alourdissement du passif nucléaire.

Conclusion

Les prix élevés du gaz naturel et de l’électricité ont permis à Engie de vivre une année exceptionnelle. Même si le marché et les bénéfices devaient désormais se normaliser, la valorisation, à un ratio C/B de 8 environ, resterait attrayante. Le marché sous-estime toujours l’amélioration de la prévisibilité et la diminution du profil de risque des résultats du groupe. Nous continuons à recommander d’acheter.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 13,1 euros

Ticker: ENGI

Code ISIN: FR0010208488

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 32 milliards EUR

C/B 2021: 6

C/B attendu 2022: 8

Perf. cours sur 12 mois: -3%

Perf. cours depuis le 01/01: -2%

Rendement du dividende: 6,3%

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