Coca-Cola, la bouteille à l’encre

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Le CEO de l’ancienne icône a beau tenir compte des nouvelles tendances de consommation et innover, mais rien n’y fait: les résultats publiés récemment, comme les perspectives, déçoivent.

Il y a six mois étaient publiés, pour la première fois depuis longtemps, des chiffres à nouveau encourageants – le segment des boissons sans sucre semblait avoir permis à Coca-Cola de renouer avec la croissance. Le groupe n’a hélas pas su profiter de cet élan. La faiblesse des résultats du quatrième trimestre et, davantage encore, des perspectives pour 2019, a provoqué le recul le plus violent du cours en plus d’une décennie. Il est vrai que la croissance annuelle moyenne des ventes de boissons rafraîchissantes dans le monde plafonne à 0% depuis quatre ans ; que l’Occident se détourne des boissons sucrées et édulcorées et que les consommateurs optent de plus en plus pour les marques de distributeurs ou la fabrication à domicile, de type Sodastream, moins onéreuses…

The Coca-Cola Company, qui possède toujours quatre des sept boissons rafraîchissantes les plus vendues au monde (Coca-Cola, Sprite, Fanta et Diet Coke), détenait, en 2017 encore, une part de marché de 40,2%. Mais sa croissance bénéficiaire piétine depuis plusieurs années. Le bénéfice par action est passé de 2,04 dollars en 2014 à 2 dollars en 2015, 1,91 dollar en 2016 et 2017 et 2,08 dollars l’an dernier. Soit, entre 2016-2017 et 2018, un rebond de 9%, mais aussi un résultat à peine supérieur à celui enregistré cinq ans auparavant.

La direction a de surcroît annoncé que cette année ne serait pas meilleure, alors que le consensus misait sur un bénéfice de 2,22 dollars par action. En cause: la vigueur du billet vert. Bien que nettement plus élevé que l’année précédente, le bénéfice par action acté à l’issue du quatrième trimestre (0,43 dollar, contre 0,39 dollar un an plus tôt) est juste identique au consensus. L’on peut en dire autant du chiffre d’affaires (CA: 7,08 milliards de dollars; consensus: 7,07 milliards). Pour 2019, le groupe anticipe une croissance organique du CA d’environ 4% (5% en 2018).

James Quincey, qui dirige le groupe depuis 2017, a, à l’instar de son prédécesseur Muhtar Kent, de quoi se poser des questions. Sa politique est résolument orientée vers les boissons “plus saines”, moins sucrées (Coca-Cola Zero), ou naturellement peu ou pas sucrées (eaux, eaux aromatisées, jus, boissons végétales et bio, boissons énergisantes et thés et cafés, glacés ou non). Mais les ventes d’un certain nombre de nouveaux produits au quatrième trimestre ont été décevantes et l’homme serait parfois, selon les critiques, trop généreux, comme à l’occasion de la reprise du producteur britannique de café Costa. Avec une moyenne de 200 nouveaux produits ou variantes de produits existants mis chaque année sur le marché, l’on ne peut en tout cas pas reprocher à Coca-Cola de ne pas innover (citons, chez nous, la combinaison de jus de fruits et de thé glacé FuzeTea et la boisson végétale AdeZ). James Quincey n’hésite par ailleurs pas à sabrer dans les coûts – la coupe actuellement pratiquée s’élève à 800 millions de dollars.

Conclusion

Nous avons recommencé à suivre plus activement l’action Coca-Cola à la mi-2018 – l’on espérait en effet que le groupe acterait une croissance bénéficiaire pour l’exercice. Les choses ne seront finalement pas si faciles. A 22 fois le bénéfice escompté pour 2019, la valorisation laisse certes peu de place aux déceptions mais le bénéfice par action exigera, pour se redresser, une longue période de croissance. Tout cela ne semblant pas près de se réaliser, nous abaissons notre conseil. Ce n’est qu’en deçà de 40 dollars que nous recommencerons à distinguer un potentiel suffisant.

Conseil: conserver/attendre

Risque: faible

Rating: 2A

Cours: 45,24 dollars

Ticker: KO US

Code ISIN: US1912161007

Marché: NYSE

Capit. boursière: 192,6 milliards USD

C/B 2018: 22

C/B attendu 2019: 22

Perf. cours sur 12 mois: +4 %

Perf. cours depuis le 01/01: -5%

Rendement du dividende: 3,4%

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