Digne d’achat, mais à haut risque !

La forte baisse des cours du pétrole et du gaz se fait sentir chez BP, qui a vu son chiffre d’affaires (CA) et son bénéfice lourdement chuter au troisième trimestre par rapport à la même période il y a un an. Le bénéfice sous-jacent du groupe a reculé de 40%, à 1,8 milliard USD. Le CA s’est effondré à 55,8 milliards USD, contre encore 94,8 milliards USD au 3e trimestre 2014. Au contraire des bilans des entreprises énergétiques actives dans un seul segment du marché (par exemple le pétrole ou le gaz de schiste), ceux des grands groupes énergétiques sont capables de résister à une mauvaise passe conjoncturelle. Cependant, tant BP que Royal Dutch Shell, Total, Exxon Mobil et Chevron appliquent la même stratégie pour résister à la baisse du pétrole : réduction des coûts et vente des actifs. Dans le cas de BP, l’objectif est de réduire les coûts de 6 milliards USD pour 2016 (référence : 2014). La moitié de ces économies ont déjà été réalisées durant les neuf premiers mois de 2015. BP veut encore vendre pour 10 milliards USD d’actifs d’ici la fin de l’année. Les dépenses d’investissement sont également revues à la baisse. Le budget initialement prévu pour cette année s’établissait entre 24 et 26 milliards USD. Il a entre-temps été réduit à 17 à 19 milliards USD. Ce sera également le budget pour 2016. L’objectif de BP est de générer des cash-flows suffisants pour couvrir à la fois le dividende et les dépenses d’investissement en 2017. Ce n’est pas encore le cas actuellement. Les cash-flows opérationnels depuis le début de 2015 s’élèvent à 13,3 milliards USD. A peine de quoi financer les dépenses d’investissement, mais pas le dividende. Résultat : des free cash-flows négatifs. Le dividende est sacré pour les majors pétrolières, car il constitue pour de nombreux investisseurs (institutionnels) la seule raison de détenir l’action. Au 3e trimestre, BP a dépensé 1,7 milliard USD en dividendes, l’action affichant ainsi un rendement de près de 7% (brut). Les cash-flows opérationnels (EBITDA) du raffinage ont progressé de 55% sur base annuelle à 2,56 milliards USD. En revanche, l’EBITDA de la division Exploration et Production est tombé à 743 millions USD, contre encore 3,31 milliards USD il y a un an. Le coût total de la restructuration entamée en 2014 atteindra 2,5 milliards USD d’ici à la fin de l’année. Les coûts liés à l’explosion de la plate-forme de forage Deepwater Horizon en 2010 ont réduit le résultat de 426 millions USD. Le ministère américain de la Justice a cependant proposé un règlement à l’amiable de 20,8 milliards USD début octobre. Ce montant comprend l’amende pour l’infraction au Clean Water Act, la remise en état des zones côtières et les réparations dans les cinq Etats américains touchés. Si toutes les parties acceptent ce règlement, ce volet sera clôturé. Mais il restera les plaintes des citoyens, entreprises et… actionnaires. Le coût total de la catastrophe est entre-temps estimé à 55 milliards USD.

Conclusion

A court terme, les résultats trimestriels de BP restent bien entendu intimement liés à l’évolution du cours du pétrole. Mais si le règlement juridique proposé aux Etats-Unis est accepté, une partie de l’incertitude entourant la catastrophe pétrolière sera levée et ce soulagement pourrait entraîner un rebond de l’action. C’est la raison – avec le rendement de dividende élevé – pour laquelle nous trouvons une première position justifiée. Mais le risque est supérieur à la moyenne !

Conseil: digne d’achat

Risque: élevé

Rating: 1C

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