Trends-Tendances et Canal Z s’unissent pour mieux vous informer
Pour mieux vous informer. Une nécessité, alors que le besoin d’une ambition collective est vital pour l’économie belge. La “plus grande communauté business” du pays soutient les entrepreneurs, dans un contexte où l’on a parfois tendance à “couper les têtes qui dépassent”.
Votre hebdomadaire Trends-Tendances et la télévision économique Canal Z unissent officiellement leurs destinées. La mariée est belle, dotée d’un studio télévisé flambant neuf et d’un site internet commun. Ensemble, ces médias du groupe Roularta constituent la plus grande communauté business de Belgique. Leitmotiv: être un game changer, un soutien aux entrepreneurs et aux acteurs de l’économie en général, avec un regard optimiste et libre.
Voir le reportage de Canal z : Le plus grand studio TVbusiness de Belgique chez CanalZ
La Belgique a besoin de ce genre d’initiatives comme de pain, soulignent les acteurs et analystes que nous avons interrogés. Politiquement et médiatiquement, on ne soutient pas encore assez l’esprit d’entreprise et le dynamisme économique, même si des progrès ont eu lieu. A l’heure où la Belgique est confrontée à un délicat exercice budgétaire, où l’économie est révolutionnée par les nouvelles technologies et où les défis sociaux et environnementaux sont énormes, c’est un enjeu majeur.
“Une ambition collective”
“Notre économie aspire à un entrepreneuriat et une ambition collective, insiste Pieter Timmermans, administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). Les défis sont nombreux avec la réforme des pensions, le taux d’emploi qui doit atteindre 80% ou encore la réforme fiscale. Toutes ces réformes ne doivent pas uniquement peser sur le dos des entreprises. Nous espérons qu’elles seront équilibrées et qu’elles amélioreront le climat entrepreneurial et la prospérité du pays. Avec des prélèvements publics à plus de 55%, les entrepreneurs et les citoyens ont le droit d’exiger une structure plus efficace pour l’emploi et pour l’entrepreneuriat .”
“Nous avons des partenaires de gouvernement, tant au fédéral qu’à la Région wallonne, qui défendent les valeurs PME, complète Pierre-Frédéric Nyst, président de l’Union des classes moyennes (UCM). Ce sont des partenaires qui adoptent les bons réflexes et qui ont compris qu’une PME n’est pas une grande entreprise divisée en 1.000. Par contre, à côté de cet environnement économique favorable au développement des PME, des positions dogmatiques existent. Quand j’entends Ecolo qui défend l’absence ‘trois fois trois jours’ sans certificat médical sous prétexte de soulager la charge des médecins généralistes, je dis que de nouveau, on ne pense pas à la charge des employeurs. Le bien-être de la population passe avant le leur et c’est regrettable.”
L’air du temps est à une quête d’égalitarisme et de préservation des acquis sociaux du passé. Cela se reflète dans les débats politiques comme dans les univers médiatiques. Au risque d’oublier que pour penser social, il faut aussi… rêver économie. Le sujet sera “le” thème prioritaire en vue du scrutin de 2024.
“Le focus sur les inégalités”
“Les projecteurs sont actuellement focalisés sur la redistribution des richesses, au risque d’oublier qu’avant de la redistribuer, il faut créer cette richesse en amont, souligne Jean Hindriks, président de l’Ecole d’économie de l’UCLouvain. Depuis des décennies en Europe, on assiste à un lent déclin. C’est la loi du 4, 3, 2, 1: il y avait 4% de croissance en moyenne dans les années 1980, 3% dans les années 1990, 2% dans les années 2020 et 1% environ aujourd’hui. Cette évolution structurelle mène à une stagnation. Cela prouve qu’il est important de se questionner sur cette création de richesses.”
Les projecteurs sont actuellement focalisés sur la redistribution des richesses, au risque d’oublier qu’avant de la redistribuer, il faut créer cette richesse en amont.” JEAN HINDRICKS (UCLOUVAIN)
“Bien sûr, prolonge Jean Hindriks, ce focus sur la répartition des richesses s’explique par des inégalités de plus en plus profondes. Les nouvelles technologies génèrent une fracture entre les travailleurs les mieux formés et ceux qui le sont moins, une facture qui va s’approfondir avec l’intelligence artificielle. Certains considèrent aussi que la création de richesses est une insulte pour le climat et prônent la décroissance, sans citer le mot. Or, on peut réfléchir à une croissance plus saine, verte et durable. Le profit permet d’investir dans la créativité et l’innovation pour répondre aux enjeux actuels. Des entrepreneurs comme Elon Musk ne font évidemment pas cela bénévolement…”
Le professeur de l’UCLouvain regrette, médiatiquement, une tendance à aller davantage vers la persuasion que vers l’information. “Je suis de plus en plus mal à l’aise avec ces discours où les préférences personnelles et les idéologies s’invitent dans les faits. On évoque l’importance de la science dans la question climatique mais personne n’évoque la part d’incertitude qui demeure. Nous vivons dans une ère anxiogène et je m’inquiète pour les jeunes. Beaucoup dépriment.”
“Les maladies de la presse”
La presse francophone devrait se remettre en question. Olivier Willocx, administrateur délégué de Beci, qui représente les entreprises à Bruxelles, considère qu’elle est malade.
“Tout d’abord, elle vise souvent à diviser plutôt qu’à rapprocher les points de vue, dit-il. Je reçois ainsi de nombreuses demandes de journalistes qui ne souhaitent ne donner la parole que si on est pour ou contre une mesure. On distribue la parole plutôt que se demander quelle est la légitimité d’un point de vue. La deuxième maladie, c’est de considérer que le secteur privé est forcément l’ennemi. Ce qui serait ‘petit’ serait par définition bien et ce qui serait ‘grand’ serait par définition mauvais. Les majorités politiques et médiatiques ont tendance à soutenir tout ce qui est petit alors que la transition économique et énergétique impose que de gros acteurs s’impliquent à fond. On continue à opposer les gens sur le concept de la lutte des classes: les entreprises d’une part, les travailleurs de l’autre. Or, ce qui est fascinant aujourd’hui, c’est que quasiment tout le monde peut créer son entreprise. On n’est plus au 19e siècle où il fallait énormément d’argent pour capitaliser son initiative. C’est fondamentalement vers cela que le monde va.”
“Stimuler l’entrepreneuriat”
“Dans l’histoire récente, il y a rarement – ou jamais – eu autant d’accompagnement à la création d’entreprises, acquiesce Marek Hudon, professeur à l’Ecole de management Solvay (ULB). Un grand nombre de structures, d’incubateurs et d’acteurs essaient de stimuler l’entrepreneuriat dans toute sa diversité: traditionnel, social, environnemental… Malheureusement, malgré cela, on a du mal à voir les chiffres décoller en termes de créations d’entreprises sur le long terme. La complexité des mécanismes et notre lasagne institutionnelle ont sans doute joué un rôle contre-productif. On peut se féliciter de cette volonté de simplifier que l’on perçoit à tous les niveaux, comme en témoignent la fusion de plusieurs entités pour créer Wallonie Entreprendre ou bub.brussels.”
Il est “essentiel de stimuler l’entrepreneuriat pour répondre aux défis sociaux et environnementaux, insiste Marek Hudon. Le prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, qui avait créé la première institution de microcrédit, insistait sur l’opportunité que cela offre de sortir les gens de la pauvreté. Même s’il ne faut pas non plus se raconter d’histoires: n’importe qui ne peut pas devenir entrepreneur: il y a des prédispositions et des traits de caractère pour ça. L’essentiel, c’est d’avoir un cadre qui permet de le devenir quels que soient nos réseaux ou nos origines”.
Une communauté telle que celle de Trends-Tendances, salue-t-il, “permet de générer des rôles modèles, ce qui est très important ; cela donne aussi la possibilité d’inscrire ces valeurs entrepreneuriales auprès des nouvelles générations”.
“Une grande diversité”
Une dimension fondamentale dans le propos: l’esprit d’entreprendre rejoint de plus en plus les enjeux de société. “Aujourd’hui, les personnes qui se lancent dans l’entrepreneuriat et font l’économie à Bruxelles ne sont plus seulement les start-up ou des gens sortis d’études commerciales mais aussi, et de plus en plus, des personnes en réorientation professionnelle, des étudiants, des femmes, des chercheurs d’emploi, des primo-arrivants et même des pensionnés, souligne Isabelle Grippa, CEO de hub.brussels, la plateforme de soutien aux entreprises dans la Région de Bruxelles- Capitale. L’entrepreneuriat est un véritable levier d’émancipation sociale et économique pour les individus. Notre travail, c’est aussi de déconstruire le mythe de l’entrepreneuriat comme une entreprise risquée dans laquelle les gens peuvent tout perdre. La protection sociale a énormément évolué: congé de paternité, allocations familiales, protection médicale, droit au chômage… Il y a un vrai filet de sécurité.”
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Cette réalité doit encore évoluer dans l’imaginaire collectif et une communauté médiatique peut y contribuer. “L’entrepreneuriat a besoin d’une vitrine et d’une représentation adéquate pour lever les éventuels freins, ajoute Isabelle Grippa. Cela passe par la visibilité que nous pouvons offrir à des projets innovants et inspirants, par le choix des entreprises et des secteurs mis en avant lors des missions économiques à l’étranger et dans nos campagnes de communication. Et évidemment, par une couverture médiatique adéquate.”
Trends-Tendances est aujourd’hui le lien entre ceux qui veulent faire avancer les choses et c’est indispensable qu’ils se côtoient pour créer l’effet de masse.” YVAN VEROUGSTRAETE (PREGO!)
En ce compris pour inciter les femmes à s’investir tant et plus: “On sait le poids des représentations, des rôles modèles. C’est aussi pour ça que nous avons, au sein de hub.brussels, un service dédié uniquement à l’entrepreneuriat féminin. L’économie bruxelloise ne peut se passer du talent, des idées et de l’énergie de la moitié de l’humanité. Aujourd’hui, les femmes représentent 28,5% des indépendants à Bruxelles. C’est trois fois plus qu’il y a 10 ans. On n’est plus qu’à 20% de la parité!”
“Créer l’effet de masse”
Manager de l’Année de Trends-Tendances quand il était CEO de Medi-Market, Yvan Verougstraete sait de quoi on parle en évoquant la nécessité d’avoir des modèles. Il vient de lancer Prego! , une chaîne de traiteurs italiens dirigée par une femme, Julie Vandenbrande. “L’objectif est bien d’en faire une future Manager de l’Année”, sourit-il.
Selon lui, cette “communauté business” est fondamentale. “Contrairement à d’autres magazines économiques, Trends-Tendances est clairement orienté vers l’entrepreneuriat, l’innovation et pas seulement vers les entreprises existantes, souligne-t-il. Personnellement, je trouve cela très riche de mettre en avant les success-stories ainsi que les femmes et les hommes qui les portent. C’est un élément essentiel pour changer les mentalités en Belgique francophone où l’on a encore trop souvent peur de l’échec et où l’on aime couper les têtes qui dépassent! Trends- Tendances est aujourd’hui le lien entre ceux qui veulent faire avancer les choses, et c’est indispensable qu’ils se côtoient pour créer l’effet de masse.”
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“Pour les entreprises belges, il est important d’avoir des médias forts, avec un regard critique et de qualité sur l’actualité financière et économique”, insiste Pieter Timmermans. “Les PME ne sont pas le diable, il faut rassurer et éduquer, conclut Pierre-Frédéric Nyst. Inlassablement.”
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