“Si on veut être un pays d’innovation et d’entrepreneuriat, il faut l’assumer”

Claire Munck, CEO de BeAngels. © BELGAIMAGE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

“L’innovation et l’entrepreneuriat, ce n’est pas seulement constater un problème, c’est aussi se demander si l’on peut construire une solution”, souligne Claire Munck, CEO de BeAngels, dans notre Trends Talk. Elle regrette un double discours du politique.

Claire Munck, CEO de BeAngels, est l’invitée de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Cette société sert d’interface entre les investisseurs privés et les projets de start-up novatrices.

« En 2022, un peu plus de 7,5 millions ont été investis dans une soixantaine d’entreprises, explique la CEO de BeAngels, avec à la fois de plus petits investissements pour des dossiers qui sont en tout démarrage et de plus gros investissements pour des dossiers qui sont un peu plus matures. Ce sont majoritairement des investisseurs privés. Une partie sont des business angels comme on l’entend, c’est-à-dire des personnes qui veulent investir une partie de leur patrimoine dans des projets de start-up ou scale-up, mais qui veulent aussi accompagner, participer à l’un ou l’autre conseil d’administration et apporter de la valeur ajoutée en plus du capital. Mais on a aussi des formules qui permettent à des investisseurs privés de s’investir à leur mesure pour avoir un impact. »

Des projets innovants

Les projets sont de nature diverses, mais ils ont un point commun : la volonté de changer le monde, à leur échelle. « Nous sommes agnostiques en terme de secteur, nous pouvons les aider tous sauf deux, pas d’immobilier ni d’horeca souligne Claire Munck. Ce qu’il faut, c’est que ce soient des sociétés innovantes : innovation technologique, dans les services, dans la façon dont on met un bien sur le marché… Il faut aussi un fort potentiel de croissance. »

Les projets concrets ? « Durant la dernière année, on a vu des choses très intéressantes comme la société Ethernetics qui vise à décarboner l’internet en réduisant l’empreinte carbone des CPU (Central processing unit) dans les centres de data. On a toute une série de société qui visent à désintermédier un certain nombre d’activités comme Welexit qui souhaite que la loi soit au service de tous et que l’on puisse avoir accès à un avocat de manière assez rapide, surtout pour des gens pour qui la loi peut être assez intimidante. On a aussi soutenu un dossier comme Pags qui propose des solutions pour des jeunes personnes qui ont besoin d’être accompagnées au niveau éducatif, dont les enfants autistes, avec de nouveaux modes d’éducation. »

Fils conducteur : « L’innovation et l’entrepreneuriat, ce n’est pas seulement constater un problème, c’est aussi se demander si l’on peut construire une solution. »

« Le double discours politique »

Après une année 2022 sous tension, BeAngels démarre 2023 avec de meilleurs perspectives. Mais Claire Munck n’en exprime pas moins une « frustration » à l’égard du cadre dans lequel les investisseurs doivent agir.

« Ce double discours, ce manque de cohérence dans le discours, ajouté à une incertitude économique et financière, ne fait que rendre les choses beaucoup plus difficiles pour les investisseurs, les entrepreneurs et les intermédiaires comme nous, regrette Claire Munck. Ma frustration vient surtout du fait que si on veut être un pays d’innovation et d’entrepreneuriat, il faut l’assumer. Si on ne veut pas l’être, il faut l’assumer aussi. »

Elle regrette que l’on soit « entre les deux », que l’on exprime le désir d’avoir des licornes ou de soutenir les entreprises, mais de l’autre côté, ne pas mener des politiques en conséquence ou, comme dans l’histoire des droits d’auteur, manquer de préparation et de concertation dans les décisions. « Est-ce que l’on veut vraiment être un des leaders européens dans des domaines où on est extrêmement bons comme la cybersécurité, l’intelligence artificielle ou la fintech ? »

L’intégralité de cet entretien ce week-end sur Canal Z.

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