Sept conseils pour investir dans ce contexte boursier agité

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Investir dans le but de protéger son épargne semble plus complexe que jamais. Voici 7 conseils pour y parvenir.

Jürgen Hanssens, consultant chez KPMG Deal Advisory et docteur en économie appliquée, a rassemblé dans son livre « Investing in Turbulent Times » de nombreuses choses à faire et à ne pas faire si l’on souhaite investir. Voici quelques-uns de ses conseils.

1. Créer un portefeuille d’investissement avec différentes composantes

“Les gens sont parfois poussés trop rapidement vers les actions. On dit qu’elles offrent les meilleurs rendements à long terme. Mais tout le monde n’a pas autant de temps devant soi”, explique-t-il. “Les jeunes investisseurs pensent souvent qu’ils ont encore le temps de se remettre des chutes du marché boursier, mais ils oublient qu’ils voudront peut-être acheter une maison ou un appartement dans quelques années. À mon avis, un portefeuille idéal se compose donc de différents produits d’investissement, en vue de répondre à trois besoins:

1) La constitution d’une réserve de liquidités permet de répondre à de nouvelles opportunités et de faire face à des circonstances inattendues ou difficiles.

2) Les produits d’investissement défensifs, tels que les obligations (d’État), les comptes à terme et l’or, vous permettent de protéger votre “santé” financière.

3) Surtout s’il s’agit d’atteindre vos objectifs financiers à long terme, des classes d’actifs plus risquées, telles que les actions peuvent être utiles. ”

2. Éviter les entreprises très endettées et choisir celles qui ont un bilan en béton armé

Pour les actions, Jürgen Hanssens préfère un certain profile d’entreprises. “Les entreprises qui cherchent avant tout à se développer investissent en permanence et s’endettent donc pour ce faire. Les risques liés à l’endettement sont trop peu pris en compte, alors que les éléments positifs d’une trésorerie solide sont souvent sous-exposés”, ajoute-t-il. “Les liquidités permettent à une entreprise de tirer parti de diverses opportunités. C’est pourquoi je préfère opter pour des entreprises ayant une trésorerie solide plutôt que pour celles qui sont très endettées. Comparez cela au compte en banque émotionnel, un concept de Stephen Covey : les dépôts que vous effectuez ont un effet positif, tandis que les retraits ont un effet négatif. Ceux qui ont plus de retraits que de dépôts sont dans le négatif. Ceux qui font constamment plus de retraits que de dépôts sont en dette vis-à-vis des autres, et verront à terme leurs relations avec ces derniers se détériorer. De telles situations sont à éviter.”

3. Privilégiez les actions à dividendes, mais veillez également à la pérennité de ces dividendes

Le dividende est un autre actif important à surveiller, mais tous les dividendes ne se valent pas. “Lorsque les cours des actions chutent, le rendement potentiel des dividendes peut sembler très attrayant. Mais les investisseurs ne doivent pas se laisser aveugler par cela”. “Une entreprise n’est pas obligée de verser un dividende. Lorsque l’économie se détériore et que les bénéfices des entreprises sont sous pression, ces dernières réduisent souvent leurs dividendes, voire les suppriment. Si le rendement potentiel d’une action semble très élevé, il est préférable de vérifier également le ratio de distribution de l’entreprise. Ce ratio indique le pourcentage du bénéfice par action qui est versé sous forme de dividendes. Plus le ratio est faible, plus le bénéfice net potentiel est élevé par rapport au total des dividendes versés, et plus le dividende est sûr à long terme. Lorsque ce ratio approche les 100 %, on peut supposer que les turbulences du marché toucheront rapidement les actionnaires. Lors de la sélection des actions à dividendes, il est préférable de rechercher des actions de sociétés qui ont maintenu ou augmenté leurs dividendes de manière continue pendant des années, ce que l’on appelle les “aristocrates du dividende” (Dividend Aristocrats en anglais).

4. Utiliser les ETF pour investir passivement, mais éviter les ETF thématiques

“Un fonds négocié en bourse, également appelé tracker, est un fonds d’investissement géré passivement et généralement très diversifié”, explique Jürgen Hanssens. “L’objectif d’un ETF est de suivre le plus fidèlement possible un indice boursier sous-jacent. Mais ces dernières années, de nombreux ETF thématiques ont également vu le jour : ils investissent dans une niche ou un segment de marché particulier, comme la robotique ou les solutions de développement durable, par exemple. Ces types d’ETF ont tendance à être plus risqués. Certains sont spéculatifs par nature, et vous risquez d’investir dans une bulle ou un engouement surévalué. En outre, les coûts annuels de ces ETF sont souvent beaucoup plus élevés que ceux des simples trackers sur des indices larges.”

5. Se méfier de la préférence nationale en période de turbulences

Le terme “Home bias” signifie “préférence pour le marché domestique”. Mais rester « sous son clocher » n’est pas toujours le meilleur choix en tant qu’investisseur. “Ce piège signifie que vous avez tendance à donner trop de poids aux investissements sur le marché intérieur dans votre portefeuille”, explique-t-il. La littérature académique explique ce biais domestique par le fait que les investisseurs sont généralement plus confiants et plus optimistes à l’égard des investissements provenant de leur propre marché. Cela s’explique en partie par le fait que les investisseurs ont accès à des informations plus nombreuses et plus fiables sur les investissements proches de chez eux. Mais pour construire un portefeuille d’investissement bien diversifié, il est important d’y inclure différentes régions géographiques et différents secteurs. En investissant à l’échelle mondiale, vous assurez une bien meilleure diversification de votre portefeuille. Par conséquent, vous pouvez être moins affecté par les crises locales ou sectorielles”.

6. Limiter les dégâts au lieu de ne rien faire du tout

En outre, les épargnants doivent se défaire de leur tendances au masochisme. “Aujourd’hui, l’inflation toujours élevée fait fondre le pouvoir d’achat de leur épargne comme la neige au soleil. Pourtant, les Belges restent les champions du placement de leur argent sur un compte d’épargne”.

Il existe pourtant des alternatives. “Il est facile d’obtenir un rendement potentiellement plus élevé en utilisant des comptes à terme, des obligations d’État et des fonds du marché monétaire, par exemple. Avec ces produits financiers défensifs, vous ne batterez pas l’inflation, mais vous pouvez limiter les dégâts sans prendre beaucoup de risques. Le compte e-DEPO est également une alternative intéressante au compte d’épargne. Bien que le gouvernement ait récemment introduit un taux d’intérêt brut maximal de 2,50 %, un compte de dépôt auprès du gouvernement fédéral offre aujourd’hui encore souvent un rendement supérieur à celui de nombreux comptes d’épargne.

7. Alignez votre portefeuille d’investissement sur votre profil personnel

“C’est moins évident qu’on ne le pense, mais c’est absolument crucial”, affirme M. de Hanssens. “Avant de commencer à investir, il est préférable de se poser deux questions. La première est dans quelle mesure suis-je capable de gérer les risques ? Cela permet de mesurer votre capacité à prendre des risques. La seconde est quel niveau de risque est-ce que je suis prêt à prendre ? Cela permet de définir son appétit pour le risque ou sa tolérance à ce dernier. En tant qu’investisseur, il est préférable de s’assurer qu’il n’y a pas de conflit entre le niveau de risque que vous souhaitez prendre et votre capacité à y faire face. En les alignants, vous vous éviterez maux de tête et nuits blanches inutiles. Bonne chance !

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