Mithra: de l’argent public jeté par la fenêtre?

Le CEO de Mithra, François Fornieri. © ISOPIX
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Largement soutenue par les politiques, l’entreprise liégeoise est désormais au bord du gouffre. Certains s’en inquiétent. Mais les Invests tiennent à rassurer.

L’entreprise liégeoise Mithra, fleuron biotech espéré dans le domaine de la santé féminine, est au bord du gouffre. Son équipe de direction a été licenciée sur le champ et ses successeurs espèrent trouver une solution dans les trois mois. Une vente est à l’ordre du jour, en vue de préserver une activité et éviter le bain de sang social. L’annonce, mardi matin, a provoqué un choc, même si elle était attendue. Mais une question revient sur toutes les lèvres: n’a-t-on pas jeté de l’argent public par les fenêtres?

Le temps de l’inquiétude

Cela fait des années que la “belle histoire” vendue par son ancien CEO, François Fornieri, a cédé la place à une vive préoccupation, tant les promesses du départ ont été revues à la baisse, tandis que les ennuis judiciaires rattrapaient son fondateur. Il est fini le temps où les politiques se pressaient pour le rencontrer. Désormais, c’est l’inquiétude qui s’exprime.

On va avoir un solide souci vu tout le pognon public qui a été injecté dedans par les outils d’investissement“, nous dit un politique liégois de la nouvelle génération. Qui ajoute: “Je crois que la hype Fornieri est retombée, mais que le projet a aussi bien vécu avec l’argent public car les marchés n’ont pas été conquis par le projet Mithra: c’était fort ‘putatif’.”

“C’est forcément risqué”

La question est relayée par la presse ce mercredi matin: “Les pouvoirs publics ont-ils trop investi dans Mithra?”. Tant chez Noshaq, l’invest liégeois, qu’auprès de Wallonie Entreprendre, la nouvelle coupole des invests wallons, on temporise. “On sait qu’investir dans une start-up est risqué, dit à nos confrères Nathalie Lafontaine, porte-parole de Wallonie Entreprendre. Si on perd, on perd souvent tout. Si on gagne, on gagne beaucoup.”

Les calculs sont les suivants. Noshaq aurait récupéré sa mise, globalement. Depuis 1999, l’Invest liégeois a investi 20,7 millions en capital dans l’entreprise, mais récupéré 20,1 millions en revendant des actions. Il lui en reste quelque 5,5 millions. Les prêts ont globalement été remboursé et généré des intérêts, le solde restant s’élevant à quelque 600 000 euros.

Quant à la Région wallonne, via Wallonie Entreprendre, elle a consenti des prêts pour un montant de 13,8 millions. Les pertes, là, pourraient s’élever à plus de 8 millions d’euros. “Mais notre perte potentielle dans Mithra ne représente que le dixième du bénéfice réalisé lors de la revente d’Ogeda”, tempère sa porte-parole au Soir. En rappelant que Mithra a aussi et surtout levé plus de 300 millions depuis son entrée en Bourse.

Une usine très coûteuse

Parmi les constats de la crise du moment, il y a, par ailleurs, l’incapacité à vendre l’usine CDMO de Flémalle, qui reste largement sous-utilisée et coûte extrêmement cher à l’entreprise, rappelle L’Echo.

Jean-Yves Huwart, auteur de livres sur la Wallonie et dénonciateur régulier du mal wallon, s’indigne: “Dingue : l’usine de fabrication de médicaments en sous-traitance de Mithra, payée chèrement par l’argent public wallon, perd 35 Mio d’euros par an…Une infrastructure inutile, donc. Quelles sont les personnes au niveau des autorités qui ont validé ce dossier?”

On n’a peut-être pas fini de parler de Mithra.

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