“Vous ne vivez pas dans une bulle, vous êtes une grosse bulle” : 4 moments chauds du débat des présidents
Riche en enseignements, le débat des présidents de parti organisé par Trends-Tendances/Canal Z aura également été marqué par quelques gros clashs. PTB et MR ont retrouvé leur Némésis : PS et Ecolo. L’inverse est aussi vrai.
Les paroles, les actes et “la grosse bulle”
Le premier thème du débat reposait sur la fin de carrière et la réduction du temps de travail. La mesure proposée par le PS de tendre vers les 32 heures sans diminution de revenus a directement animé les discussions. Pourtant, aucun des partis autour de la table ne semblait contre une telle réduction, pour autant qu’elle se situe en fin de carrière et qu’elle soit limitée à certains secteurs. Même le MR ne dit pas “non” à certains métiers pénibles.
Mais ce thème a été l’occasion pour le PTB de décocher ses premières flèches. Raoul Hedebouw (PTB) a souligné la différence entre “les paroles de monsieur Magnette et les actes” : “Il y a un gouffre. Le gouvernement Vivaldi, dont le PS fait partie, n’a strictement rien fait pour les fins de carrière. Il a justement demandé aux gens de travailler plus longtemps. Le PS avait dit que revenir à 65 ans pour la pension serait une condition pour rentrer dans le gouvernement, au lieu de 67 ans. Cette condition n’a même pas été discutée une seconde autour de la table. En campagne, le PS est de gauche, et puis on fout toutes les promesses de campagne à la poubelle.”
Le sang du président des socialistes n’a fait qu’un tour : “Vous dites souvent que les politiciens de droite vivent dans leur bulle. Vous, vous ne vivez pas dans une bulle. Vous êtes une bulle. Vous êtes une grosse bulle. Vous ne faites rien, zéro, absolument rien.” Le débat est lancé.
Le nucléaire, la civilisation et le fan de Jean-Marc Nollet
On le sait, le MR a fait de l’abrogation de la loi sur le nucléaire une condition pour entrer dans un prochain gouvernement. Mais quel est le bon mix énergétique pour les libéraux ? “Notre consommation d’énergie est un élément quasiment civilisationnel, commence Georges-Louis Bouchez (MR). On a un niveau de confort qui est le nôtre, car on a une consommation importante d’énergie. On ne peut pas réduire la consommation à l’infini. En la réduisant trop fortement, c’est de la décroissance. Et c’est ce qu’on oublie de vous dire dans les scénarios du 100% renouvelable. Effectivement, ça peut marcher, mais avec une réduction de la moitié de la consommation d’énergie”, poursuit le libéral.
Jean-Marc Nollet n’est évidemment pas de cet avis. Il se saisit de la récente étude qu’Ecolo a commandé à EnergyVille, “d’experts indépendants de l’Université de Gand”, qui établit plusieurs scénarios. Ces derniers montrent, que le scénario du 100% renouvelable est non seulement envisageable, mais également moins cher. “Et puis vous avez des gens comme monsieur Bouchez qui racontent n’importe quoi…”, déplore l’écologiste.
Bouchez a sorti la grande faucheuse : “En fait, je suis presque fan de monsieur Nollet. Je suis sidéré de la confiance qui est la sienne, presque de l’arrogance.”
La réforme fiscale et le combat de coqs
La réforme fiscale a été l’un des plus gros échecs de la Vivaldi. Tant le PS qu’Ecolo, dans la majorité fédérale, n’y voient qu’un seul coupable : le MR, qui aurait joué les chiens de garde devant chaque niche fiscale. “Nous, nous ne voulons pas d’un shift fiscal, nous voulons une baisse fiscale”, a martelé le président du MR, en insistant sur la hausse du taux d’emploi et la baisse des dépenses publiques pour financer cette réforme.
Le PS de Paul Magnette et le PTB de Raoul Hedebouw ont d’autres pistes : une taxe sur la fortune, sur les plus-values boursières et le capital. De quoi faire bondir Bouchez : “300 milliards d’euros de dépenses publiques dans ce pays et ils n’en ont pas encore assez. Je trouve ça complètement dingue…”, lance un Bouchez visiblement dépité. Couper dans les dépenses publiques, “on sait que c’est ce que vous avez fait sous le précédent gouvernement”, lui répond Paul Magnette.
“Moins de subsides, moins aux copains, moins d’aides sociales…”, réplique Bouchez dans un brouhaha interrompu par Maxime Prévot (Les Engagés) : “Le combat de coqs auquel on vient d’assister ne sert à rien, les gens en ont marre.”
La taxe des millionnaires et les accords préélectoraux
On finit avec un clash qui a visiblement fait sourire tout le monde. Le sujet de fond est la taxe des millionnaires. “On a proposé 11 fois à Ecolo et au PS de voter un impôt sur la fortune au Parlement. 11 fois, le PS a voté contre. Je ne suis plus d’accord avec les blablablas. On veut des actes”, commence Raoul Hedebouw dans son style habituel. “Mais j’ai l’impression qu’il y a déjà une coalition PS, Ecolo et Les Engagés. Ils sont déjà en train de discuter entre eux. Mais les jeux ne sont pas faits… Regardez comme ils sont nerveux…”
“C’est difficile d’essayer de suivre monsieur Hedebouw dans son raisonnement. Moi, ça fait longtemps que j’ai abandonné, soupire Jean-Marc Nollet. Il y a trois mois, il a dit qu’on avait signé, monsieur Magnette et moi, un accord de gouvernement avec monsieur Bouchez. Il faut un peu de cohérence…”
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