Timide ouverture de Magnette à la N-VA et clash Bouchez-Groen: ce que cela révèle

Paul Magnette et Goerg-esLouis Bouchez lors de l'attribution des numéros électoraux aux partis.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Moins d’un mois avant les élections, des portes s’entrouvrent et d’autres se ferment. Le PS n’exclut plus de dialoguer avec la N-VA. Le MR veut dénoncer le dogmatisme écologique. Des lignes bougent-elles?

La politique belge est ainsi faite qu’il faut parfois lire entre les lignes, décoder les messages envoyés au détour de l’une ou l’autre déclaration, pour comprendre de quoi demain pourrait être fait. Les coalitions et les compromis à défendre nécessitent de malaxer à l’avance le militant et de convaincre l’électeur.

Deux exemples parfaits ont eu lieu ces derniers jours, sous forme d’une porte entrouverte et d’une rupture confirmée qui pourraient être lourdes de sens.

La porte entrouverte de Magnette

Paul Magnette, président du PS, se pose toujours en faiseur de roi, affirmant qu’il a “deux ou trois scénarios en tête” et que “cela pourrait aller vite”. Mais il envoie simultanément un signal relativement nouveau sur une possible collaboration avec la N-VA. Jusqu’ici, ce sont d’autres qui évoquaient des contacts entre les deux partis, voire les prémices d’un accord futur. Cette fois, le bourgmestre de Charleroi entrouvre la porte et il l’a fait en s’adressant aux abonnés du Soir, lors d’un débat publié samedi, ce qui n’est peut-être pas anecdotique.

Acte un du discours de Paul Magnette, façon ‘je suis ferme et viril’: “Que ce soit clair, je n’en ai aucune envie et je ferai tout ce que je peux pour l’éviter. Ils sont aux antipodes, jamais je ne vais souscrire à une vision confédérale, ni commencer une discussion sur la régionalisation de la sécurité sociale, ce serait la fin du pays.”

Acte deux, en mode ‘s’il le faut, j’irai’: “Un Francken flirtait avec l’extrême droite et, soyons justes, De Wever, lui, essaie de maintenir la distance avec l’extrême droite dans une Flandre où elle est donnée premier parti. Je ne dis jamais du bien de De Wever mais il faut reconnaître qu’il y a une certaine forme de volonté politique… Les partis de droite traditionnels partout en Europe, en Italie, en France, en Suède, ils se sont tous étalés devant l’extrême droite, donc, quand un parti de droite ne s’étale pas complètement, je dis que ce n’est pas une mauvaise chose pour la démocratie.”

Autrement dit: si l’on est contraint en fonction des résultats, de négocier avec une N-VA au coude-à-coude en Flandre, le PS peut assumer ses responsabilités. Ce n’est pas rien de le dire. Avec cet autre signal envoyé à Bart De Wever:  “Si son parti va avec le Belang en Flandre, là, c’est clair, il n’y a plus de discussions dans la seconde, d’office il sera exclu du fédéral.” Mais De Wever lui-même se refuse à gouverner avec le Vlaams Belang, en l’état, alors…

Le clash Bouchez / Van der Straeten

De l’autre côté du spectre politique, un psychodrame se joue entre les verts et les bleus. Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, avait déjà signifié, lors d’un débat présidentiel organisé par Trends-Tendances et Canal Z, qu’il se passerait volontiers du MR si cela est possible.

Comme pour signifier l’animosité réciproque, Georges-Louis Bouchez en a rajouté une couche en réclamant une commission d’enquête parlementaire sur l’énergie et la politique nucléaire, attaquant la ministre Groen Tinne Van der Straeten. Retour de manivelle: une plainte annoncée pour diffamation à l’encontre du président libéral et… un appui plutôt dissonnant du Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), à sa ministre écologiste.

Le MR joue-t-il avec le feu? Un peu… Mais n’oublions tout de même pas qu’il a cadenassé ses liens avec l’Open VLD et annoncé une “alliance” avec le CD&V. Une façon de se rendre, potentiellement incontournable… du moins au fédéral.

Des lignes bougent

Il y a certes des bras de fer préélectoraux qui visent à faire basculer des franges d’électorat hésitant encore entre le vert et le bleu à moins d’un mois du scrutin. Mais il y a aussi, et c’est davantage significatif, l’envie de diviser des familles politiques ou démontrer qu’il y aurait des ‘indésirables’.

C’est clairement le cas des rouges et des bleus qui ne cessent de vouloir démontrer combien la ‘droite populaire’ de Bouchez leur déplaît – et à vrai dire, Bart De Wever n’est guère fan de GLB, lui non plus. Si le PS et Ecolo peuvent faire sans Bouchez, ils le feront.

Mais le MR veut prouver que les écologistes sont de dangereux dogmatiques sur le plan énergétique, et c’est une petite musique que la N-VA peut entendre. Si le MR peut faire sans les verts, il le fera.

C’est sûr: entre les lignes, quelque chose se joue. Et s’il y en a un qui doit sourire, c’est Maxime Prévot, président des Engagés, qui ne ferme aucune porte.

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