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Sommes-nous si sûrs que la voiture électrique est l’avenir de notre société?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Après avoir fermé ses portes durant la pandémie, les organisateurs du Salon de l’auto de Bruxelles annoncent qu’ils seront à nouveau de la partie en 2022.

Même si le distributeur D’Ieteren a décidé de ne pas être présent à l’édition 2022, les organisateurs du Salon de l’auto de Bruxelles sont malgré tout ravis d’avoir pu convaincre les autres marques de jouer le jeu. Mais à quel jeu joue-t-on ici ?

Si on regarde les derniers salons de l’auto, dont celui de Munich, il faut être aveugle pour ne pas voir que la part belle a été donnée aux voitures électriques. A priori, personne ne va s’en plaindre, ne sommes-nous pas tous devenus des défenseurs farouches de notre planète ? Des petites voix, encore minoritaires s’élèvent ici ou là, pour nous poser la question : sommes-nous si sûrs que la voiture électrique est l’avenir de notre société ? Ne sommes-nous pas aveuglés par le discours ambiant ?

D’abord, il y a le réveil douloureux des citoyens les plus démunis qui verront qu’en termes de pouvoir d’achat, la voiture électrique risque d’être inabordable. Ensuite, l’empreinte écologique des voitures électriques est aussi sujette à discussion : oui, c’est vrai, elles ne polluent pas, mais leur fabrication, elle, est très polluante. Qu’en est-il aussi de notre dépendance géostratégique à l’égard de la Chine qui fabrique la plupart des batteries de ces voitures électriques ?

Autre question encore : imaginons que d’un coup de baguette magique, nous roulions tous en électrique, comment allons-nous fournir cette électricité sans centrales nucléaires ? Et comment allons-nous gérer cette demande électrique, ces pics de consommation, alors que sans voiture électrique nous avions déjà des tensions ? Ne risque-t-on pas un black-out électrique ?

Toutes ces questions qu’on escamote sur la voiture électrique se posent en réalité pour la transition écologique dans son ensemble. Bien entendu, sauf à être de mauvaise foi, plus personne ne conteste la nécessité de réduire drastiquement nos émissions nettes de gaz à effet de serre. Même les grandes entreprises s’y sont mises. Le patron de Total a annoncé par exemple qu’en 2030, les produits pétroliers ne représenteront plus que 30% des ventes de TotalEnergies, le nouveau nom de ce mastodonte pétrolier. Mais vous l’avez compris, il faut donner du temps aux entreprises pour passer d’un modèle carboné à un autre moins polluant. Pas pour faire plaisir aux entreprises, mais pour s’assurer que le chômage n’explose pas et que des conflits sociaux n’éclatent pas. Et si vous avez encore des doutes, pensez à ces entreprises de construction qui devront par exemple aller en centre-ville : comment pourront-elles entrer dans des villes décarbonées avec leurs gros engins de chantier, alors qu’il y a peu d’engins de chantier électriques ? Et quand des solutions existent, elles coûtent cher et donc font perdre de la compétitivité à l’entreprise du bâtiment en question.

Oui, la transition écologique est un must, mais il faudra savoir organiser notre futur de manière méthodique et surtout éviter les idéologues pour qui tout est simple . Les fameux membres de la tribu des “YAKA FOKON”. Comme dirait je ne sais plus quel humoriste, “quand ils parlent, j’entends le bruit de l’erreur”.

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