Manu Disabato : « Ecolo dérange, c’est pour cela qu’on nous attaque »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Dans notre Trends Talk, le député wallon détaille l’ambition écologiste pour l’économie, dont un Fonds pour la transition d’un milliard d’euros. Il répond à nos questions concernant la démission de Sarah Schlitz et les révélations sur les cabinets ministériels.

Manu Disabato (Ecolo), député wallon, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. A la tête du récent congrès du parti sur l’économie, il détaille l’ambition des verts en matière économique. Et répond longuement à nos questions concernant la passe politique difficile que traverse Ecolo-Groen, attaqué de toutes parts.

« Notre feuille de route économique consiste, dans un premier temps, à soutenir les entreprises qui sont déjà actives dans la transition ou qui réfléchissent à la transition, explique Manu Disabato. Parfois, certaines ne savent pas très bien comment faire pour améliorer leurs pratiques et changer leur modèle. Nous proposons d’être à leurs côtés pour les accompagner, en créant tout d’abord un Fonds de la transition financé à hauteur d’un milliard d’euros pour aider les entreprises. J’ai rencontré une vingtaine d’entreprises pour préparer ce congrès et certaines me disaient à quel point elles avaient besoin des pouvoirs publics pour pouvoir investir dans cette transition écologique. »

Cette transition est une opportunité qu’il faut saisir, plaide l’écologiste : « On estime que l’on pourra créer 100 000 emplois dans l’économie circulaire d’ici 2030, rien qu’en Belgique. »

Croissance et décroissance

Certains mouvements écologistes plaident pourtant en faveur de la décroissance : il serait indispensable de freiner la machine pour faire face au défi climatique. Est-ce une tension qui traverse Ecolo ? « Non, pas du tout, rétorque Manu Disabato. C’est une tendance factice de vouloir opposer les partisans de la croissance et ceux de la décroissance. Il y a des domaines où il faut de la croissance et d’autres où il faut de la décroissance. Il y a des secteurs où il faut pouvoir augmenter la part : les énergies renouvelables, l’économie circulaire, le traitement des déchets… On doit permettre une croissance de ces secteurs-là pour la transition qu’on appelle de nos vœux. »

Ecolo fait toutefois peur avec certaines propositions qui inquiètent l’économie, à l’instar de cette proposition de loi élargissant à trois jours le nombre de congés malade que l’on peut prendre consécutivement sans certificat. « C’est évident qu’il y a une stratégie pour nous mettre dans un coin parce que l’on dérange avec certaines propositions, souligne Manu Disabato. Dans la proposition que vous évoquez, je pense qu’il faut d’abord être dans une évaluation de la situation actuelle. Mais ce qui est important pour nous, c’est de permettre que les gens se sentent bien au travail. » Au cours de notre Trends Talk, Manu Disabato insiste longuement sur la nécessité de rendre du sens au travail à l’heure où les pénuries sont importantes et que l’approche des jeunes sur la carrière évolue.

La démission de Sarah Schlitz: « injuste »

Ecolo traverse une passe difficile que ce député n’élude pas. La récente démission de la secrétaire d’Etat fédéral Sarah Schlitz ? « Elle s’est expliquée au parlement. Je tiens à rappeler tout le travail réalisé en amont pour le respect des droits des femmes, pour la lutte contre les violences genrées… Ce sont des combats qui parfois déménagent. Il y a eu une erreur, elle l’a reconnu, dans cette affaire de logo, comme Zuhal Demir (N-VA) l’avait fait avant elle. Il y a eu un emballement lié à un problème de communication, peut-être, mais très sincèrement, cette démission est injuste. »

Les révélations successives concernant les détachements au sein des cabinets ministériels de Petra De Sutter (Groen) et Georges Gilkinet (Ecolo) ? « On est deux fois plus dur envers Ecolo qu’envers les autres parce que nous avons dans notre ADN la bonne gouvernance, le fait de faire de la politique autrement. On se bat souvent avec les partenaires à e sujet. Je me souviens très bien quand on a voulu mettre en place le décumul des mandats en 2009, cela nous a valu beaucoup de bagarres et on nous en veut encore aujourd’hui. Nous devons être irréprochables à ce sujet-là. C’est pour cela qu’il est important que des mesures soient prises, ce qui a été fait dans ces différents dossiers, pour éviter que les critiques se poursuivent. »

Manu Disabato évoque encore longuement les affaires de dépenses excessives au parlement wallon et les raisons qui l’on amené à démissionner de son poste de vice-président de l’assemblée, en décembre dernier.

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