Les mêmes règles pour des résultats très différents : le Forem et Actiris, accusés de laxisme

Credit : Forem
Baptiste Lambert

“La Flandre est plus stricte que jamais envers les chômeurs”, écrit HLN, ce vendredi. L’année dernière, 1 chômeur indemnisé sur 9 a vu ses allocations suspendues, faute de fournir assez d’efforts pour retrouver un emploi. En Wallonie, seule 1 personne sur 57 est sanctionnée, à Bruxelles, une personne sur… 154.

Face au taux de chômage environ trois fois supérieur à Bruxelles (10,7%) et en Wallonie (8,2%) qu’en Flandre (3,3%), certains rétorquent que les règles sont pourtant les mêmes pour tout le monde, et que le problème doit donc se situer ailleurs : la Flandre offre tout simplement plus d’emplois que la Wallonie ou Bruxelles.

Il est vrai que les règles du jeu sont les mêmes pour tous : si un chercheur d’emploi ne s’active pas suffisamment pour trouver un job, ses allocations peuvent être suspendues, voire supprimées. Un héritage du gouvernement Di Rupo, de 2010. En 2015, ce dernier disait d’ailleurs “regretter” cette mesure, qui était une “une demande 100% libérale”, “proposée par l’Open VLD et soutenue par le MR”.

La Flandre sanctionne beaucoup plus les chômeurs indemnisés

Dans les faits, cette mesure est appliquée très différemment, selon que l’on s’appelle le VDAB (service flamand pour l’emploi), le Forem ou Actiris. La Flandre, qui n’a pourtant que 102.000 chômeurs indemnisés, a sanctionné comme jamais en 2023 : 11.688 Flamands ont perdu leurs allocations temporairement ou définitivement, soit 11,5% d’entre eux. Ces personnes ont été sanctionnées après plusieurs avertissements, faute de s’être rendues à un entretien, dans la grande majorité des cas.

“La Flandre aboie et mord si nécessaire. La Wallonie aboie, mais ne mord pas. Bruxelles n’aboie même pas” : ce sont les mots du patron d’Unizo (organisation patronale flamande), Danny Van Assche. Difficile de lui donner tort au niveau des sanctions financières. 82% sont issues du nord du pays. Le Forem n’a touché au portefeuille que de 2.155 chômeurs indemnisés sur 123.000, soit 1 personne sur 57 ou 1,75%. À Bruxelles, seule 1 personne sur 154 a été sanctionnée financièrement par Actiris ou 0,65%.

Dans la capitale, le ministre de l’Emploi, Bernard Clerfayt (DéFI), vient d’ailleurs d’annoncer qu’il veut renforcer les contrôles. Dans les faits, seuls 21% des chômeurs qui devaient faire l’objet d’un contrôle l’ont été.

La Wallonie se concentre sur les jeunes

En termes de sanctions financières, les chiffres sont sans appel : le sud du pays est plus laxiste que le nord envers ses chômeurs indemnisés. Mais en reprenant les chiffres globaux, le tableau est plus nuancé.

Par exemple, la Wallonie a averti ou sanctionné autant que la Flandre, soit environ 17.000 personnes. Parmi elles, 13.890 jeunes en stage d’insertion ont reçu une évaluation négative, rapportait l’Echo en début de semaine. Ainsi, ils ne pourront pas prétendre à des allocations au bout des 12 mois de recherche d’un emploi, à la suite de leurs études. Tant qu’ils n’auront pas d’évaluation positive, ils ne pourront bénéficier de ces allocations. À titre de comparaison, ils n’étaient que 1.840 à Bruxelles et 3.088 en Flandre.

En outre, les chiffres du chômage vont dans le bon sens, dans les trois Régions. Le nombre de chômeurs complets indemnisés est au plus bas depuis les années 70, en dessous de la barre des 300.000, en baisse de 2,4%. Mais les résultats sont plus timides au sud du pays : -4,5% en Flandre, -2% à Bruxelles et -0,7% en Wallonie, rapporte l’ONEM.

En tout, les allocations de chômage ont couté 5,3 milliards d’euros au Trésor public en 2023.

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