Limiter dans les temps des allocations chômage ? Pour Magnette, c’est niet

Paul Magnette 1er mai
Paul Magnette

Le président du PS Paul Magnette a rappelé le Premier ministre Alexander De Croo au respect de l’accord de gouvernement. Le point des chômeurs de longue durée qui refuseraient un emploi de base n’était pas inclus dans l’accord et ne sera donc pas discuté.

Le chef du gouvernement fédéral avait salué, la veille à Blankenberge, la proposition des socialistes flamands de Vooruit d’activer davantage les chômeurs de longue durée en supprimant notamment les allocations de chômage de ceux qui n’acceptent pas un emploi de base après deux ans sans activité. M. De Croo a dit vouloir remettre les propositions de son parti, l’Open Vld, sur la table du gouvernement, dans le cadre de la réforme fiscale.

Offensive de la droite tous azimuts

Pour Paul Magnette, “on se heurte à une espèce d’offensive de la droite tous azimuts: Alexander De Croo nous dit que le problème en Belgique, ce ne sont pas les millionnaires aux larges épaules, mais les chômeurs qui ne veulent pas travailler, et qu’il faut sanctionner. Ce sont des propos qu’on attendrait plutôt dans la bouche d’un leader de la droite flamande”.

Et Paul Magnette de se lancer dans une anaphore sur la fonction de chef de gouvernement. “Quand on est Premier ministre, normalement, on n’oppose pas les Flamands et les Wallons. Quand on est Premier ministre, on n’oppose pas les travailleurs avec les sans-emploi. Quand on est Premier ministre, on n’attaque pas ses partenaires de gouvernement. Quand on est Premier ministre, normalement, on se met au-dessus de la mêlée et on essaie de défendre l’intérêt général. Et quand on est Premier ministre, on respecte l’accord de gouvernement. Ce point n’est pas dans l’accord de gouvernement et donc nous n’en parlerons pas, punt aan de lijn”.

Pas de polémique avec mes amis socialistes

Interrogé par Belga, en marge de ce discours, sur le message qu’il adresse, sur le même sujet, au président de Vooruit Conner Rousseau, Paul Magnette a répondu que tous deux en discuteraient au sein de la famille socialiste. “Je ne veux pas créer de polémique avec mes amis socialistes du Nord. On n’a pas tout à fait la même réalité du marché du travail, pas non plus la même réalité idéologique et stratégique. Je discuterai avec Conner Rousseau entre camarades et je ne vais pas exposer nos éventuelles divergences sur la scène publique”.

Le président du PS aura axé son discours sur les conditions de travail, les salaires et la justice fiscale. Ce sera “la grande bagarre” de la campagne électorale, selon lui. “Nous voulons baisser les impôts sur les bas et moyens salaires pour que la moitié environ des travailleurs gagnent 100 à 200 euros nets en plus par mois. Ça coûte à peu près trois milliards, que l’on va chercher en doublant le taux de l’impôt sur le capital, en taxant les plus-values et par d’autres mesures”. À ses yeux, la meilleure manière de lutter contre le chômage et atteindre le plein emploi est d’augmenter les salaires pour les rendre plus attractifs.

Magnette ne s’en est pas pris directement au PTB

Contrairement aux dernières années, Paul Magnette ne s’en est pas pris directement au PTB, qui fait aussi de la taxation des plus riches son principal enjeu de campagne. À un peu plus d’un an des élections, il a valorisé les résultats engrangés par les ministres PS de l’Emploi en Wallonie (Christie Morreale) et au fédéral (Pierre-Yves Dermagne).

Il n’a pas manqué de rappeler la volonté du PS de supprimer le statut “indigne” de cohabitant, “qui conduit autant d’hommes que de femmes à devoir dépendre du conjoint ou d’un parent, sans avoir de moyens propres pour vivre, ou qui interdit à une personne de s’établir avec celle qu’elle aime parce qu’elle sera financièrement sanctionnée”.

“Montrer les chômeurs du doigt consiste à dresser les travailleurs contre eux”

“L’obsession qui consiste à pointer du doigt les chômeurs de longue durée en ne proposant comme vision que la sanction, l’exclusion ou l’acceptation d’un travail obligatoire, relève du cynisme. Cela poursuit un objectif indigne: dresser les travailleurs contre les chômeurs, mettre à mal le fondement même de la solidarité qui charpente notre modèle social”, a déclaré lundi le, président des socialistes bruxellois Ahmed Laaouej. Prenant la parole devant les militants bruxellois du PS, Ahmed Laaouej s’en est pris en termes à peine voilés, mais sans jamais citer son auteur, à la proposition du président de Vooruit, Conner Rousseau.

“Le demandeur d’emploi, le chômeur, n’a pas besoin d’un doigt accusateur, il a besoin de se voir tendre une main qui l’aide à se former, à s’organiser (les mamans solos, n’oublions pas) et surtout à Bruxelles, il a besoin et il a le droit de ne pas être discriminé. Et surtout, et c’est bien cela qui gêne la droite ou certains égarés, il y a la question du salaire juste”, a répliqué Ahmed Laaouej. Dans son allocution, M. Laaouej a également appelé les militants socialistes à la solidarité à l’égard des travailleurs de Delhaize, “un groupe  multinational qui fait des milliards de bénéfices et qui mène une attaque frontale d’une violence inouïe contre le droit du travail”.

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