625 millions d’euros de recettes inattendues, tirées des avoirs russes gelés

Euroclear perçoit des intérêts des banques sur l'argent russe gelé. © Google Street View
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Une providence, cet argent qui semble tomber du ciel à l’heure où la Belgique en a le plus besoin. Mais d’où vient cette manne de 625 millions d’euros qui servira à « couvrir » les coûts de la guerre en Ukraine? De la Russie elle-même! Ô douce ironie…

Nous ramenons le budget dans des eaux plus calmes », s’est félicité le Premier ministre de Croo après la conclusion de l’accord budgétaire 2023. Un effort de 1,75 milliard, soit près de 0,3% du Produit intérieur brut. Dans cette manne providentielle, 625 millions d’euros de recettes fiscales obtenues grâce à l’argent russe gelé à Bruxelles. Mais comment expliquer de telles sommes? Pour comprendre leurs origines, jetons un œil au siège d’Euroclear, la plus grande « clearinghouse » au monde située à hauteur de la place Rogier à Bruxelles. D’aucuns le considèrent comme le « vigile qui fait barrage aux Russes » ou encore « Heimdall, le gardien du Valhalla ».

Euroclear serait en effet l’un des plus grands systèmes de règlement/livraison de titres au monde,  avec son concurrent allemand Clearstream. C’est lui qui assure et facilite le paiement ainsi que la livraison des transactions de ses clients. La société se vante même d’être le lubrifiant de 295 millions de transactions annuelles, représentant une valeur totale de près d’un milliard d’euros, et de gérer 37 600 milliards supplémentaires de fonds provenant de ses clients. Bref, des chiffres qui donnent le tournis.

Des intérêts qui rapportent gros

Mais quel rapport avec la Russie? En raison des sanctions émises contre la Russie, des milliards d’euros d’actifs russes sont actuellement gelés dans les banques de notre pays. Or, Euroclear perçoit des intérêts de ces banques sur tout cet argent gelé… et les investit ensuite. De quoi augmenter les gains de l’entreprise. Qui dit plus de bénéfices, dit impôts des sociétés plus élevés. Bref, le Trésor a tout à y gagner. Et l’Ukraine aussi…

Selon des chiffres du SPF Finances, le montant des avoirs russes gelés en Belgique s’élève à 58 milliards d’euros. Il s’agit du montant le plus élevé de tous les États membres européens, a déclaré Vincent Van Peteghem, vice-premier ministre et ministre des Finances belge. En quelques mois à peine, le montant des avoirs russes gelés en Belgique a ainsi quasi été multiplié par 17 (on parlait de 3,5 milliards d’euros d’avoirs gelés en août 2022).

D’aucuns le considèrent comme le « vigile qui fait barrage aux Russes » ou encore « Heimdall, le gardien du Valhalla ».

Financer l’aide à l’Ukraine

Reste à savoir quoi faire de tout cet argent « russe ». Ces moyens supplémentaires ne serviront pas à combler le déficit budgétaire de la Belgique, a promis la Vivaldi. Il servira à payer l’aide à l’Ukraine, soit en soutenant les réfugiés ukrainiens sur notre territoire, soit en finançant l’aide militaire à l’Ukraine elle-même. « La règle est très stricte », a insisté le Premier ministre.

À long terme, ce profit tiré des avoirs russes gelés ainsi que les avoirs eux-mêmes pourraient être utilisés pour la reconstruction de l’Ukraine après la guerre, a même laissé entendre Alexander De Croo. Des discussions à ce sujet sont en cours au niveau européen.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content