Accord budgétaire: un compromis sans réformes ni vision

Alexander De Croo © belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le Premier ministre défend un accord marqué par les efforts effectués pour sauver la population. Un effet net de 1,75 milliard est effectué, mais les réformes attendues restent en suspens.

C’est un compromis à la belge, obtenu au bout d’une nuit blanche, comme notre pays en a le secret. Le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo a finalisé ce jeudi midi un accord sur le conclave budgétaire 2023, mais aussi 2024. Un effort de 1,75 milliard est réalisé, a souligné le premier ministre à la Chambre, soit près de 0,3% du Produit intérieur brut. C’est un tout petit peu plus que ce qui était prévu par l’accord de gouvernement.

Mais l‘accord se distingue aussi par un compromis sans vision, ni surtout sans les réformes attendues des pensions, de la fiscalité ou du marché du travail. “Certains veulent oublier les crises passées, a insisté Alexander De Croo en évoquant l’impact de l’explosion de l’énergie. Le gouvernement a décidé d’amortir ce choc, il y a un prix à cela.”

Le compromis auquel les sept partis de la majorité sont arrivés comporte un ralentissement de l’augmentation minimum (pour un montant de 126 millions) et une taxation sur les multinationales (300 millions), en plus de mesures budgétaires “classiques” pour grapiller les millions ça et là.

“Paralysie”

Georges-Louis Bouchez, président du MR, estime que cela “amorce le retour du sérieux budgétaire en renforçant l’activation des chômeurs, en maîtrisant certaines allocations, et sans augmenter la fiscalit ! La taxe sur les multinationales étant l’application d’un accord OCDE et s’appliquera dans tous les pays. Promesse tenue!”

Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier PS, salue: 1″5 % d’impôt minimum sur les grandes multinationales. Historique. 1785 sociétés concernées, 634 millions de contribution. Nous allons même plus loin : nous visons les sociétés-mères en Belgique mais aussi les filiales belges des multinationales étrangères!”

Mais l’opposition a fortement critiqué cette épure sans vision, ni réformes. “Personne n’a dit que l’on devait intervenir, dit François De Smet (DéFI). Mais le budget était déjà en déficit avant cela. Et cela fait des années et des années que l’on attend les réformes de fond.” Catherine Fonck (Engagés) parle de “paralysie”.

A l’extrême gauche, on dénonce l’effort réalisé sur les plus fragiles de la société. L’extrême droite flamand estime que la Belgique est en train de devenir “la Grèce de l’Europe du Nord”. Les populismes se nourrissent du manque d’ambition de la Vivaldi.

“Il faut aller plus loin”, reconnaît Alexander De Croo. Mais il ne reste que quelques mois utiles, réplique l’opposition, avant que la campagne électorale ne débute vraiment – dans les faits, elle a déjà commencé.

Ce compromis sans saveur est le service minimum pour la Vivaldi. Il est loin de revaloriser l’image d’un gouvernement qui, en plus de la tempête budgétaire, doit faire face à la crise qui s’aggrave dans le secteur de la grande distribution.

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