Emploi et pensions: le PS en mode réformes mineures

Karine Lalieux (Pensions, PS), David Clarinval (Classes moyennes, MR), Alexander De Croo (Open VLD), Pierre-Yves Dermagne (Economie et Emploi, PS) et Frank Vandenbroucke (Affaires sociales, Vooruit). © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les socialistes ne veulent pas tout bouleverser en 2023, ils misent sur la continuité des politiques initiées. Et demandent davantage au CD&V d’avancer en matière de fiscalité.

C’est dit et annoncé: 2023 devrait être l’année des réformes pour le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo (Open VLD). Après la gestion des crises, sanitaire et ukrainienne, voici venu le temps des chantiers structurels.

Pourtant, les signaux envoyés par le PS ne vont pas dans le sens de grands bouleversements, du moins dans leurs domaines. Les socialistes sont à la tête des principales compétences socio-économiques: économie, emploi, pensions, relance et investissements publics.

Le message envoyé en ce début d’année est plutôt le suivant: des décisions ont déjà été prises, il s’agit surtout de continuer à avancer à petits pas.

“Quand je regarde objectivement l’état de l’économie belge, et que je compare à d’autres pays européens, en fait, ce n’est pas si mal”, disait Thomas Dermine, secrétaire d’Etat à la Relance, dans notre Trends Talk du week-end dernier. Invité à s’exprimer sur les réformes à mener, il insistait surtout sur… la fiscalité, une compétence du CD&V Vincent Van Peteghem; et la nécessité de baisser les charges sur les bas et moyens revenus.

Pensions: ‘Ne pas rouvrir la boîte”

Les pensions? Le projet de réforme initié par la ministre socialiste Karine Lalieux prévoit un “bonus pensions” pour doper les fins de carrière. Dans un contexte budgétaire délicat, il doit encore être adapté pour assurer son caractère viable. La Commission européenne en fait une des exigences pour débloquer la tranche 2023 du plan de relance et le Premier ministre, Alexander De Croo, a déposé des contre-propositions.

“L’Europe ne nous demande pas une réforme des pensions à la dure”, tempère, depuis la semaine passée, Thomas Dermine. “Nous avons une proposition de réforme des pensions qui satisfait à l’essentiel des critères de la Commision européenne. On ne va pas rouvrir la boîte sur des sujets qui n’ont pas été abordés jusqu’ici.

En d’autre termes, on ajustera le processus, mais pas question de toucher aux régimes spéciaux comme le réclament les libéraux.

Emploi: les malades de longue durée et la fiscalité

Et en matière d’emploi? Le satisfecit, d’abord: “On a un taux d’emploi à 72,1%, il n’a jamais été aussi haut de toute l’histoire de la Belgique, dixit Dermine. Il y a, à l’heure où je vous parle, cinq millions de Belges qui sont sur le marché du travail, ce n’est jamais arrivé. Le gouvernement Vivaldi a créé 100 000 emplois par an depuis sa création. Le gouvernement précédent MR/ N-VA: on allait voir ce qu’on allait voir, abaisser les taxes, définancer la Sécu, mais il n’a créé que 60 000 emplois par an.”

Ensuite, le cadre de travail fixé par le ministre PS Pierre-Yves Dermagne ne prévoit aucune réforme majeure cette année, rapporte L’Echo ce mardi. Il s’agit, bien sûr, de travailler à l’écart entre les bas salaires et les allocations sociales, ces fameux “pièges à l’emploi”, mais cela doit passer essentiellement par la fiscalité. Ensuite, il convient de prolonger le chantier de mise au retour du travail des malades de longue durée, avec Frank Vandenbroucke (Vooruit). Le reste s’inscrit dans la continuité: formation, mobilité interrégionale, territoires “zéro chômeurs”…

Traduisez: pas question d’envisager une réduction dans le temps des allocations de chômage, prônée par le MR. “Le vrai problème, ce sont les malades de longue durée dont le nombre a largement dépassé celui des chômeurs.” Cela nécessite, avant tout, une préoccupation au sujet du bien-être au travail.

Cela suffira-t-il pour tendre vers un taux d’emploi à 80% (horizon 2030) en pleine bourrrasque économique? Les libéraux devront convaincre les socialistes que ce n’est pas assez. Et l’opposition nationaliste flamande continuera de se gargariser face au PS: “Ce sont des sots qui travaillent, et ces sots, ce sont les Flamands”.

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