“Ce sont des sots qui travaillent, et ces sots, ce sont les Flamands”

Bart De Wever: "Sauver la propsérité flamande". © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les nationalistes flamands estiment qu’il faut choisir “entre confédéralisme et paupérisation”. Les extrémistes du Belang et du PTB dénoncent un rapprochement entre N-VA et Vooruit. En toile de fond, l’enjeu est clair: en 2024, ce sera la Vivaldi ou l’aventure.

“En 2024, les Flamands auront le choix entre le confédéralisme ou la paupérisation.” La voix de Bart De Wever porte certes moins loin et scandalise moins fort que par le passé, mais le président de la N-VA a pourtant balisé l’enjeu de cette année sur le plan socio-économique, lors des voeux de son parti, ce week-end à Malines. En retour, les expressions extrémistes du Vlaams Belang et du PTB sont venus rappeler l’autre menace majeure qui pèsera sur le pays en 2024. Verdict: le gouvernement De Croo n’a d’autre solution que d’agir.

“Après De Croo, le déluge”

L’analyse de Bart De Wever est éloquente: “Après De Croo, le déluge.” Pour dire à quel point la Vivaldi fédérale serait néfaste, le président nationaliste flamand dénonce son manque de rigueur budgétaire, contrairement au gouvernement flamand dirigé par le ministre-président Jan Jambon, N-VA évidemment.

“Si la politique reste inchangée, la Flandre reviendra à l’équilibre budgétaire. La Flandre pourra ainsi se tenir aux côtés des Pays-Bas, de l’Allemagne et des pays scandinaves, insistait ce week-end Bart De Wever. Pas de réformes et un faux budget avec le plus gros déficit de toute l’UE. La Belgique ne peut même plus se tenir aux côtés des pays du sud de l’Europe.”

La faute à cette Belgique francophone qui dépense sans compter. “Au niveau budgétaire, nous sommes la lanterne rouge de l’Europe, alors que nous avons la plus forte fiscalité sur le travail au monde. Ce sont des sots qui travaillent, et ces sots, ce sont les Flamands.”

La solution n’est autre que le confédéralisme et le retour de la N-VA au pouvoir. CQFD.

“Pas jouer petit bras”

S’il en fallait encore un, ce positionnement témoigne de la nécessité politique pour la Vivaldi d’avancer au niveau des réformes des pensions, du marché du travail et de la fiscalité, ainsi qu’à un retour progressif à l’équilibre budgétaire. Tous les ténors de la majorité fédérale se sont exprimés en ce sens ces derniers jours: oui, cette année 2023 sera décisive. Encore faudra-t-il concilier les points de vue.

Après son président de parti, Paul Magnette, le secrétaire d’Etat fédéral à la Relance, Thomas Dermine a insisté, dans notre Trends Talk ce week-end sur Canal Z, sur la nécessité d’aboutir à une réforme fiscale d’envergure baissant les charges sur les bas et moyens revenus, en faisant contribuer les plus nantis. Un axe “écosocialiste” se dessine. Et ce n’est pas le dernier rapport d’Oxfam au sujet des inégalité qui va décourager leur approche: en Belgique, 1% de la population détient un quart des richesses, indique-t-il fort opportunément.

“Nous ne jouerons pas petits bras”, a encore promis lui aussi Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, au Soir. Ce lundi 16 janvier, lors des voeux du parti, Ecolo a pointé ses objectifs pour les prochains mois: crédit d’impôt solidaire susceptible de relever les bas et moyens revenus de 300 euros nets par mois, baisse d’impôts sur les transports en commun, les fruits et légumes; en finir avec la bétonisation à outrance; et accentuer la lutte contre la corruption.

Georges-Louis Bouchez, président du MR, a critiqué la RTBF pour avoir diffusé ce rapport Oxfam et “ses énormités de bêtises en créant la confusion entre patrimoine privé et celui des entreprises”. Le 14 janvier, il assénait aussi: “Nous voulons une baisse de la fiscalité de 8 milliards d’euros. Cette réforme sera financée par l’augmentation du taux d’emploi, pas par la suppression des niches fiscales. Nous avons un taux d’emploi 10 points plus bas qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas.”

Bref, il y aura du travail pour trouver un compromis, c’est le moins que l’on puisse dire.

La menace radicale

Si Bart De Wever a reposé l’enjeu confédéral et la nécessité de réformes ce week-end, deux autres partis ont également rappelé que la menace radicale est la principale ombre qui plane sur le scrutin de 2024. Tous deux se posent d’ailleurs en alternative de la Vivaldi… et de la N-VA. Leur seul désir: bloquer le système institutionnel belge ou renverser la table.

Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, a asséné: “Si vous voulez voter pour la N-VA, vous aurez aussi les socialistes, car De Wever veut conclure un accord historique avec les socialistes.”

Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB, a plaidé quant à lui en faveur de majorités à gauche toute, fustigeant les socialistes flamands de Vooruit: “Il est difficilement compréhensible qu’un parti soi-disant progressiste fasse tout pour accrocher sa caravane à la voiture de Bart De Wever“. Précision utile: le PTB ne se dit toutefois prêt à gérer qu’au niveau local.

En 2024, c’est dit: ce sera la Vivaldi bis ou l’aventure. Pour espérer prolonger le bail, Alexander De Croo n’a qu’une issue: réformer et couper l’herbe sous le pied des arguments de la N-VA. Agir, aussi,, pour éviter le blocage des extrêmes.

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