Après la défense du bilan de la Vivaldi à la Chambre, les réactions ne se sont pas fait attendre

Dernière déclaration de politique générale du Premier ministre à la Chambre, avant les élections. © belga

Après un accord budgétaire conclu dans les temps et une dernière déclaration de politique générale d’Alexander De Croo, à la Chambre, avant la campagne électorale pour les élections du 9 juin 2024; place aux réactions.

Si pour le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), le contrat a été rempli avec un accord budgétaire conclu dans les temps et une dernière déclaration de politique générale à la Chambre « Notre pays se porte bien, nous devons continuer! », tout le monde ne partage pas cet avis. Les réactions, que cela soit du monde politique, des syndicats ou des représentations patronales, ont fusé.

Une opposition pas convaincue

Les partis d’opposition à la Chambre ne se sont pas montré convaincus par la déclaration de politique générale prononcée par le Premier ministre Alexander De Croo.

“Il a dit en de nombreux mots que le gouvernement arrêtait de travailler”, en a conclu le chef de groupe N-VA Peter De Roover. Selon le nationaliste flamand, le discours du Premier ministre n’exprime aucune ambition de mettre en œuvre une quelconque réforme sérieuse. “Les vrais problèmes ne sont plus abordés”, estime-t-il.

   Peter De Roover ne partage pas non plus le discours selon lequel notre pays se porte bien. “Personne ne le croit. Avec l’Italie, nous avons le pire budget de l’Union européenne et aucun projet majeur n’a été réalisé. Quelques petites choses ne pourront pas y remédier.”

   Le président du PTB, Raoul Hedebouw, n’a pas vu d’utilité au discours du Premier ministre. Le communiste se montre très critique sur l’extension des flexi-jobs à douze secteurs supplémentaires. “Alors qu’il y a un problème de pouvoir d’achat, ce gouvernement dit : ‘ajoutez deux ou trois emplois’. C’est une dérégulation du marché du travail qui n’est socialement pas acceptable.”

   Le député prône en revanche une augmentation des salaires. “Regardez le secteur de l’Horeca. Comment peut-on demander aux gens de continuer à travailler avec un salaire minimum et des horaires aussi irréguliers ?”, s’est-il interrogé. “Les entreprises et les banques restent hors de danger”, malgré les 150 millions d’euros que le gouvernement souhaite prélever auprès des banques.

La CSC et la CGSLB critiquent l’extension des flexi-jobs

L’introduction des flexi-jobs dans des secteurs supplémentaires, notamment l’enseignement ou la petite enfance, représente une régression majeure, dénoncent mardi les syndicats CNE et CSC Services publics. L’organisation libérale CGSLB considère qu’ils constituent un danger pour le travail régulier.

Le syndicat chrétien estime que les flexi-jobs entraînent toujours une baisse de la rémunération pour un même travail. “Il n’y a pas d’indemnités pour prestations irrégulières ou heures supplémentaires, pas de prime de fin d’année et pas d’ancienneté”, égrène-t-il. “Et les horaires flexibles ne comptent pas pour la pension.”

   La CSC craint également que l’extension du système n’apporte pas de solution à la pénurie de personnel. “Il existe des alternatives mieux rémunérées que les flexi-jobs pour alléger la charge de travail: heures supplémentaires, heures supplémentaires de relance, travail intérimaire, prolongations de contrat pour les travailleurs à temps partiel qui souhaitent travailler davantage et plus de contrats à temps plein.

   Cette extension pourrait aussi entraîner la suppression du travail stable, prévient le syndicat. Il plaide donc pour un plan d’investissement pour le secteur de la santé, avec notamment une plus grande valorisation du personnel.

   Le syndicat chrétien et la CGSLB citent néanmoins plusieurs points positifs dans le budget fédéral, comme la contribution du secteur bancaire et l’augmentation du salaire minimum.

Agoria demande de prendre d’autres mesures avant la fin de la législature

La fédération de l’industrie technologique Agoria indique mardi que l’accord budgétaire du gouvernement fédéral contient de bonnes mesures mais elle l’invite à prendre d’autres “décisions urgentes qui sont absolument nécessaires”.

Agoria déplore que, hormis la réduction de la TVA sur les pompes à chaleur et les rénovations respectueuses de l’environnement, le gouvernement n’ait pas annoncé d’autres initiatives visant à aider les entreprises à réduire leurs coûts énergétiques. Face aux risques pour la sécurité d’approvisionnement et la disponibilité d’une énergie abordable, l’organisation demande une modification de la loi sur la sortie du nucléaire afin de permettre le déploiement de la technologie SMR (Small Modular Reactor), “prometteuse et largement applicable”. Elle réclame également la publication “de toute urgence” de l’arrêté royal pour l’appel d’offres pour la zone Élisabeth en mer du Nord.

   La fédération de l’industrie technologique juge par ailleurs positif le développement des flexi-jobs mais souhaite une extension à toutes les entreprises car le système actuel “concerne principalement des secteurs relativement peu productifs”.

   Agoria invite encore le gouvernement à envisager une alternative à la suppression des droits d’auteur pour les travailleurs de l’IT ainsi qu’à clarifier le cadre juridique et fiscal de l’exonération du précompte professionnel pour la R&D (recherche et le développement).

   “L’accord de gouvernement était beaucoup plus ambitieux que ce qui a été réalisé jusqu’à présent”, explique le CEO d’Agoria Bart Steukers. “Il ne reste plus assez de temps pour entreprendre de grandes réformes au cours de cette législature, mais le gouvernement peut encore prendre, au cours des prochains mois, des décisions qui peuvent vraiment faire la différence.”

FGTB : l’extension des flexi-jobs dégrade la qualité de l’emploi

L’extension du système des flexi-jobs avec son introduction dans 12 secteurs supplémentaires représente “une très mauvaise mesure” pour l’emploi, réagit mardi la FGTB. Le syndicat considère que la formule “dégrade considérablement” la qualité ainsi que la sécurité de l’emploi, et a un coût “considérable” pour la sécurité sociale.

La FGTB rappelle s’être toujours opposée à l’extension des flexi-jobs, qui devaient initialement se limiter à l’horeca. Elle considère que le système ne répondra pas à la pénurie de main d’œuvre dans l’enseignement ou le secteur de la petite enfance, “qui requièrent un personnel dûment formé”, mais accroîtra la concurrence entre les travailleurs. “Il entrave le principe d’égalité puisqu’il existe un traitement fiscal différent pour les flexi-jobbers: deux travailleurs occupant le même poste au sein de la même entreprise peuvent donc percevoir des salaires différents”, explique le syndicat. “En outre, le système n’offre aucune garantie d’emploi.”

   L’organisation syndicale estime le coût de la mesure à environ 50 millions d’euros par an en revenus directs, car les flexi-jobs “ouvrent des droits sans prévoir les cotisations sociales supplémentaires pour les financer”. “La FGTB constate que les libéraux instrumentalisent à nouveau le conclave budgétaire pour flexibiliser le marché du travail”, dénonce-t-elle. “Afin de servir les intérêts des fédérations patronales, le gouvernement est en train de transformer en généralité ce qui devait rester une exception. Est-ce pour atteindre, à n’importe quel prix, le taux d’emploi de 80%? Ce, au détriment de la concertation, de la sécurité sociale et de l’égalité entre les travailleurs et travailleuses de ce pays?”

   Le syndicat salue toutefois plusieurs décisions contenues dans le budget fédéral, notamment la contribution du secteur bancaire, le renforcement de la taxe Caïman ou encore l’augmentation du salaire minimum.

L’UCM salue “un pas en avant” pour les indépendants et PME

“Le gouvernement fédéral n’a pas chargé davantage la charge fiscale des indépendants dont les épaules sont déjà bien (trop) chargées”, s’est réjoui l’UCM. L’organisation patronale pointe comme autre satisfaction l’élargissement des flexi-jobs à de nouveaux secteurs qui va “permettre de répondre (en partie) à la crise de l’emploi”. Elle rappelle toutefois sa demande d’un plan interfédéral pour lutter contre le manque de main-d’œuvre, avec un plus grand élargissement encore des secteurs concernés par les flexi-jobs.

   L’UCM se félicite par ailleurs de l’annonce d’une prime de 1.750 euros accordée en cas de remise au travail des malades de longue durée. Une enveloppe de 4 millions d’euros est en outre prévue pour le projet “Icarius”, destiné à la prévention en santé mentale des indépendants. “C’est un pas vers une réelle prise en considération de la prévention”, réagit l’organisme, qui ajoute sa satisfaction quant à la décision du gouvernement d’appliquer l’accord autour du salaire minimum, qui sera revalorisé dès le 1er avril 2024.

L’industrie alimentaire satisfaite de l’accord budgétaire

Fevia avait demandé au gouvernement fédéral d’éviter les taxes et autres charges qui augmenteraient le prix des aliments et des boissons pour les ménages, encourageraient les achats transfrontaliers et porteraient préjudice à la compétitivité des entreprises belges. “Malgré les efforts budgétaires, cet objectif a été atteint”, se réjouit la fédération sectorielle.

   L’organisation plaidait également depuis un certain temps pour l’extension des flexi-jobs. Avec l’accord budgétaire, les travailleurs de plusieurs sous-secteurs de l’industrie alimentaire sont désormais également éligibles au système, qui permet de s’adapter aux variations de production selon les récoltes ou les activités saisonnières, souligne Fevia.

   Selon la fédération, les flexi-jobs ne résoudront pas la pénurie dans le secteur mais constituent un “effort supplémentaire bienvenu”. Elle demande d’ailleurs une nouvelle extension à d’autres sous-secteurs et à tous les employés.

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