Plastiques et économie circulaire: un défi complexe

Avec le modèle "light as a service", ce n'est plus le produit lui-même que l'on achète, mais plutôt sa fonctionnalité: la lumière qu'il apporte. Ces nouveaux modèles commerciaux peuvent soutenir l'économie circulaire dans le cadre des plastiques pour produits complexes. © Getty Images/Maskot

Dans une étude récente, Agoria et essenscia ont analysé la contribution de l’industrie belge du plastique à l’économie circulaire. Bien que la marge d’amélioration soit encore importante, le débat doit aussi et surtout être nuancé. En effet, plastiques et économie circulaire sont parfaitement compatibles mais les défis sont complexes et nécessitent une coopération.

Nécessité d’un recyclage de haute qualité

Lorsqu’il est question d'”économie circulaire”, le grand public pense avant tout au recyclage. Or, cette perspective fournit matière à discussion dans le cas des plastiques. En effet, bien que notre pays produise nettement plus de plastiques que de nombreux autres pays européens, il apparaît que l’apport de matériaux recyclés dans la production belge de plastique, à savoir 6%, reste légèrement inférieur à la moyenne européenne, qui est de 7%.

Mais il y a toujours deux côtés à une médaille. Si l’accent est mis, à juste titre, sur la question du recyclage des plastiques, nous constatons que ce thème est souvent abordé du point de vue des emballages et des plastiques dits “à usage unique”. Or, des produits bien plus complexes contiennent, eux aussi, des plastiques. Nous ne pouvons ignorer cet aspect dans ce débat. Tout mettre dans le même sac, c’est aller un peu vite en besogne. Autre aspect jouant un rôle dans le débat sur le recyclage: en plus de l’énorme variété d’applications, il existe également de nombreux types de plastiques différents, auxquels des additifs peuvent en outre être ajoutés afin de les doter de propriétés spécifiques.

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Par conséquent, relever le pourcentage de recyclage n’est pas si simple. Pour commencer, une technologie de recyclage innovante doit être développée, permettant une meilleure séparation des différents plastiques (avec collecte sélective ou non), mais des progrès doivent également être faits dans le domaine du recyclage chimique et mécanique. La conclusion est claire: si la Belgique veut continuer à occuper une position industrielle importante dans le domaine du plastique, notre ambition première doit être d’investir davantage dans un recyclage aussi qualitatif que possible.

Pas juste une question de recyclage

Mais l’économie circulaire ne se limite pas au recyclage. L’utilisation plus efficace des matières premières, l’allongement de la durée de vie des produits, la réparation, la réutilisation ou même la refabrication des produits, sont également des concepts importants de l’économie circulaire, qui méritent une attention toute particulière. Plastiques et économie circulaire doivent également pouvoir se retrouver sur ce terrain.

Patrick Van den Bossche
Patrick Van den Bossche

Du point de vue de la durabilité, il convient avant tout de tendre vers une utilisation plus efficace des matières premières. Outre l’aspect écologique, utiliser les matières premières plus efficacement permet souvent aux entreprises de réaliser une plus grande valeur ajoutée. Lorsque l’on sait que pour certaines entreprises de l’industrie du plastique, la part des matières premières dans la structure globale des coûts s’élève à pas moins de 60%, l’on comprend que toute économie sur les matières premières génère un double bénéfice: à la fois sur le plan économique, du point de vue de la compétitivité, et sur le plan écologique.

Et puis y il a des concepts tels que l’éco-conception et le développement de nouveaux modèles d’entreprise, qui peuvent souvenir l’économie circulaire dans le cas de plastiques présents dans des produits complexes. Parmi ces nouveaux modèles d’entreprise, l’exemple le plus connu est celui de “la lumière en tant que service” (light as a service): ce n’est plus le produit lui-même qui est vendu mais bien la fonctionnalité “lumière”. Cependant, vu leur complexité, l’application de ces concepts n’est pas simple pour de nombreuses entreprises. Dans le cas de l’éco-conception, il n’est pas toujours évident pour les entreprises de choisir la bonne stratégie et/ou les bons outils: faut-il privilégier la “conception pour le recyclage” ou la “conception pour la réparation” et quels outils peut-on utiliser dans ce cas? Il s’agit là de choix souvent difficiles pour les entreprises. Dans le cadre de nouveaux concepts tels que le concept “as a service”, le plastique peut être retourné au producteur en fin de vie, une stratégie de réutilisation et/ou de recyclage pouvant alors être appliquée. Les obstacles sont nombreux là aussi, et pas seulement d’ordre technologique, car il n’est pas simple de changer radicalement de modèle d’entreprise.

Agoria est convaincue que l’économie circulaire du plastique a de nombreuses opportunités à offrir aux entreprises, car l’application des concepts de l’économie circulaire conduit souvent à une plus grande valeur ajoutée. Mais il existe également de nombreux obstacles, technologiques et autres, qui freinent l’accélération de l’économie circulaire du plastique. D’après notre expérience, ces obstacles peuvent souvent être surmontés. Comment? En renforçant la collaboration au sein de la chaîne et de l’écosystème des produits et en osant expérimenter. Cela en vaut la peine, car l’économie circulaire crée également de la valeur ajoutée.

Quelle quantité de matériaux recyclés est réutilisée en Belgique pour fabriquer de nouveaux produits? Quelles sont les recommandations concrètes pour augmenter encore la circularité des plastiques à l’avenir?

Plastiques et économie circulaire: un défi complexe

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