Voitures de société : l’électrique s’impose, mais à quel coût ?

En 2024, l’électrification des flottes automobiles en entreprise s’est nettement intensifiée en Belgique. Selon une étude de SD Worx, huit nouvelles voitures de société sur dix étaient 100 % électriques dès la fin de l’année. En dépit de ces changements, le nombre de travailleurs bénéficiant d’une voiture de société diminue.

En 2022, moins de 10 % des voitures de société étaient électriques. Fin 2024, ce chiffre a bondi à 80 %, marquant une accélération spectaculaire de la transition écologique. Les émissions moyennes de CO2 des nouvelles voitures de société ont chuté à 14 g/km, portées par la montée en puissance des véhicules électriques zéro émission qui compensent largement les émissions des voitures diesel et essence moyennes (respectivement 114 et 66 g/km en moyenne au quatrième trimestre) souligne une étude publiée ce jeudi par le spécialiste en ressources humaines SD Worx.

Réforme fiscale et environnementale

Cette petite révolution s’explique par les réformes fiscales et environnementales qui rendent les voitures à émissions de CO2 beaucoup moins attrayantes. Depuis juillet 2023, la déduction fiscale pour ces véhicules diminue, tandis que les cotisations de solidarité liées à l’ONSS augmentent. “Cette diminution était prévisible. Les voitures qui émettent encore du CO2 et qui ont été acquises après le 1er juillet 2023 deviennent financièrement moins attrayantes pour les employeurs, en raison d’une baisse progressive de la déduction des frais et, surtout, d’une augmentation de la cotisation de solidarité en matière d’ONSS”, explique Alexia van Zuylen, experte mobilité chez SD Worx.

Des voitures plus coûteuses

L’augmentation de la valeur des voitures de société est une autre tendance marquante relayée par SD Worx. En 2024, le prix catalogue médian des nouveaux véhicules a augmenté de 8,7 %, atteignant 43.800 euros contre 40.280 euros en 2023. Cette hausse reflète le coût élevé des modèles électriques, mais aussi l’impact des normes environnementales sur les modèles hybrides rechargeables. À partir de ce mois de janvier 2025, un facteur correctif sera en effet appliqué aux émissions de CO2 théoriques des hybrides rechargeables, ce qui augmentera potentiellement leur coût pour les employeurs et les travailleurs.

Les hybrides rechargeables plus chers

L’experte de SD Worx commente ce changement: « À partir de 2025, les hybrides rechargeables deviendront potentiellement plus chers pour le travailleur et l’employeur, sous l’impulsion de l’Europe. Le Green deal introduit un facteur correctif sur les émissions théoriques de CO2, car la voiture dispose encore d’un moteur thermique. L’Europe part du principe que les émissions de CO2 réelles sont en réalité beaucoup plus élevées. Cette mesure s’applique à tous les modèles hybrides rechargeables qui sortent de la chaîne de production à partir du 1er janvier 2025, qu’ils soient fabriqués en Europe ou importés. Les utilisateurs qui roulent au maximum sur la batterie électrique sont potentiellement pénalisés. En Belgique, nous connaissons déjà une correction similaire pour les ‘fausses hybrides rechargeables’. Il s’agit de voitures avec une capacité énergétique limitée (< 0,5 kWh pour 100 kg de poids de voiture) ou émettant plus de 50 grammes par kilomètre de CO2.»

Et dès 2027, ce sera encore plus strict. Il n’y aura alors plus de différence en matière d’émissions entre la voiture hybride rechargeable et la même voiture 100 % thermique.

Moins de voitures de société

Dans ce contexte, le nombre de travailleurs bénéficiant d’une voiture de société est en diminution, rapporte encore SD Worx. En 2024, seuls 14 % des salariés belges – environ un sur sept – disposaient de cet avantage, contre 14,6 % l’année précédente. “La baisse s’observe dans toutes les régions et tous les secteurs, avec un impact plus marqué chez les jeunes (moins de 30 ans). De plus en plus d’employeurs n’accordent l’avantage qu’après un an d’ancienneté. Seuls les plus de 60 ans expérimentés connaissent une légère hausse. En tant que travailleur, vous avez plus de chances d’obtenir une voiture de société si votre fonction nécessite des déplacements chez des clients”, commente Alexia van Zuylen.

Cette tendance, bien que modérée, traduit les efforts des entreprises pour limiter les coûts liés à l’acquisition de nouveaux véhicules. Beaucoup choisissent également de prolonger les contrats existants pour différer les dépenses, indique encore le rapport de SD Worx.

Chiffres-clés des voitures de société:

Les voitures essence représentent 17 % des nouvelles immatriculations.
Les véhicules diesel, y compris les hybrides, ne constituent plus que 2,5 % du total.

Un dilemme pour les employeurs

Entre contraintes réglementaires et hausse des coûts, les employeurs belges font face à des choix complexes. Adapter leurs flottes aux exigences écologiques tout en préservant l’attractivité des avantages offerts aux travailleurs demande une planification stratégique. La voiture de société reste un atout majeur pour attirer et fidéliser les talents. L’équilibre entre innovation, compétitivité et durabilité semble être le défi clé pour 2025 et au-delà.

Voici les cinq fonctions ayant le plus de chances d’obtenir une voiture de société en 2024 :
Ingénieurs (électrotechnique)
Techniciens en matière d’ICT et gestionnaires de bases de données et de réseaux
Responsables des achats et commerciaux
Spécialiste financier
Responsables

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