Permis de conduire: en Flandre, les candidats suivent la même trajectoire de réussite… et d’échec

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

La Flandre a la réputation de garder une main de fer sur les compétences dont elle a la charge. Et cela semble se vérifier aussi pour le permis de conduire, tant les taux de réussite semblent suivre une trajectoire rectiligne, à peine ébranlée par le Covid…

En Flandre, d’aucun disent que les autorités sont plus strictes pour tout ce qui touche à la sécurité routière. Mais comment cela se traduit à l’heure de passer ses examens pour le permis de conduire? Analyse.

Après une brusque chute en 2017, les taux de réussite du permis théorique poursuivent leur tendance à la baisse ces dernières années. De 53% de réussites en 2016 à 37% de réussites aujourd’hui, obtenir le précieux sésame n’est plus aussi facile qu’autrefois. Surtout depuis la régionalisation de cette compétence et le durcissement de la procédure par les autorités flamandes.

Il faut dire qu’en 2016, « différentes mesures anti-fraude ont été introduites (panier d’environ 1600 questions pour l’examen théorique de la catégorie B, création annuelle de 300 nouvelles questions d’examen et élargissement des matières interrogées). Cela peut être une cause de la grosse baisse du taux de réussite (-11%) l’année suivante », détaille Steven Raes, de la GOCA-Vlaanderen. Mais le plus gros changement qui a pu impacter les résultats en 2017, c’est « l’introduction du ‘principe de l’infraction grave’ dans l’examen théorique de la catégorie B ». Ainsi, lorsqu’une faute grave est constatée, cinq points sont déduits, et un point pour les fautes légères. Avec deux infractions graves, vous êtes donc automatiquement recalé puisqu’il faut obtenir un minimum de 41/50 à l’examen.

En 2016, différentes mesures anti-fraude ont été introduites

Depuis 2016, le taux de réussite du théorique n’a donc plus cessé de baisser. Exception faite en 2020, où le taux est légèrement remonté avant de poursuivre sa lente chute. Un effet du Covid, très certainement, précise la GOCA-Vlaanderen. « En 2020, plusieurs appels ont été lancés aux candidats pour qu’ils se préparent bien à l’examen puisqu’ils disposaient de plus de temps pour le faire. En raison de Covid, il y avait de toute façon très peu d’activités pour les jeunes. » Après cette année exceptionnelle, les examens ont repris leur rythme normal dès 2021, avec une diminution du taux de réussite. « Si les candidats ont échoué la première fois, ils ont sans doute essayé une deuxième fois… », explique Steven Raes. De quoi alimenter encore le taux d’échec.

Des résultats étonnamment stables pour le pratique

Petite particularité en Flandre, et c’est sans doute la seule Région à montrer de tels résultats: on ne constate pas de courbe, seule une ligne bien plane, stabilisée aux alentours des 50% de taux de réussite pour l’examen pratique. En d’autres termes, les candidats semblent démontrer les mêmes facultés de conduite, avec un taux de réussite légèrement plus élevé du côté des hommes.

Même le Covid a à peine réussi à perturber cette trajectoire toute tracée. « On a encouragé les candidats à bien se préparer, car en cas d’échec, les délais d’attente pour un repêchage étaient très longs », expliquent les autorités pour justifier la légère hausse des taux (+1,5%) en 2021.

10% d’écart de réussites pour le même examen

Dans l’ensemble, les autorités l’affirment: « l’examen théorique en Flandre est le même partout. Il existe 16 centres d’examen qui travaillent tous avec le même programme et la même base de données de questions. » Mais en observant les chiffres de la GOCA-Vlaanderen en détails, on observe des différences de parfois plus de 10% de taux de réussite entre deux groupes, dans la même année, tant pour le théorique que pour le pratique.

À savoir que nous comparons ici les taux de réussite, non pas au niveau des centres d’examen, mais bien des entreprises qui gèrent ces différents centres. En Flandre, on compte quatre de ces entreprises, pour un total de 16 centres.

Mais il est vrai que dans les grandes villes, s’insérer dans le trafic peut parfois être légèrement plus difficile en raison de la multitude d’autres usagers de la route…

On remarque que le Groep Autoveiligheid a (souvent) le taux de réussite le plus faible. Est-ce lié à l’affluence de candidats et au nombre de centres d’examens? Ce groupe gère en effet le plus de centres (six au total) et a également le plus grand nombre de candidats chaque année. Pour autant, on remarque que les taux de réussite de ce groupe sont plus ou moins semblables à ceux du groupe KM, qui possède quant à lui quatre centres et qui a une affluence bien plus faible (environ le tiers de candidats par rapport au Groep Autoveiligheid). Cela déforce donc un peu le lien entre le taux de réussite et le nombre de candidats.

Dans ce cas, comment expliquer de telles différences? La GOCA-Vlaanderen les justifie par « un certain nombre de facteurs, tels que la méthode de formation choisie, la qualité de la formation, la capacité d’apprentissage et la motivation du candidat. » La filière (libre ou auto-école) pourrait donc avoir une influence sur les résultats. Mais nous n’avons pas les chiffres pour le prouver…

L’effet d’un contexte urbain

Et qu’en est-il de l’examen pratique, serait-il plus facile dans un centre plutôt que dans un autre? Est-ce lié à la zone où ces centres sont installés? « Un contexte plus urbain ne semble pas nécessairement affecter négativement le taux de réussite. Les taux de réussite les plus élevés et les plus faibles sont tous deux enregistrés dans des centres situés plutôt en dehors des zones urbaines », précise Steven Raes. Avant de conclure: « Mais il est vrai que dans les grandes villes, s’insérer dans le trafic peut parfois être légèrement plus difficile en raison de la multitude d’autres usagers de la route (bus, trams, piétons, cyclistes, scooters, ….), alors que dans les zones plus rurales, c’est parfois un peu moins le cas. »

Malgré quelques écarts de taux, notre analyse des chiffres montre que la route semble toute tracée pour les candidats au permis de conduire. Pas de réelle nuance dans les courbes, les résultats sont stables d’année en année. Même si on constate un clair manque de préparation à l’examen théorique.

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