” Le secteur chimique est un acteur de plus en plus important dans la résolution du défi climatique “

Jean-Pascal van Ypersele, professeur en Sciences de l'environnement à l UCL. © Jan Locus

Les entreprises chimiques peuvent-elles aider à endiguer le réchauffement climatique ? Jean-Pascal van Ypersele, le plus important scientifique sur le climat du pays, pense que oui. Il considère que le secteur peut s’inspirer de la nature pour être plus pleinement encore un des acteurs de la création d’un climat vivable.

Jean-Pascal van Ypersele est professeur en sciences de l’environnement à l’Université catholique de Louvain. Il a longuement joué un rôle capital au sein du GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il fait en outre partie du groupe des 15 scientifiques qui élaborent, à l’horizon 2019, le Rapport mondial sur le développement durable pour les Nations Unies. Il est intimement convaincu que le secteur chimique fait partie intégrante de la résolution des graves problèmes climatiques.

” L’histoire démontre que c’est possible “, dit-il. ” Dans les années 1980, les gaz de type C.F.C. ont occasionné un trou dans la couche d’ozone. Ces gaz provenaient des aérosols, des réfrigérateurs et d’autres appareils frigorifiques. A un certain moment, l’industrie a compris qu’il y avait moyen d’arrêter la production de ces gaz et d’investir dans des substituts plus écologiques. L’industrie chimique a dès lors joué un rôle déterminant dans l’acceptation du protocole de Montréal qui a décidé en 1987 d’interdire les gaz C.F.C. “

L’industrie chimique fait progresser sensiblement la mobilité électrique et la production de cellules photovoltaïques.

La nature pour modèle

Trente ans plus tard, les défis sont toujours aussi cruciaux. M. van Ypersele considère que le secteur chimique est en mesure de stimuler le développement de solutions et ce, tant directement qu’indirectement. ” Je constate qu’il existe encore de nombreuses possibilités. Le secteur reste responsable d’une partie des émissions de CO2 mais c’est lui aussi qui fait progresser sensiblement la mobilité électrique et améliore la production de cellules photovoltaïques pour les panneaux solaires. Ceci dit, indirectement, le secteur reste un producteur de plastiques dont une trop grande partie se déverse dans les mers. Là aussi, il faut oser promouvoir le progrès, et les producteurs portent à cet égard une importante responsabilité. “

Selon Jean-Pascal van Ypersele, les producteurs peuvent puiser un maximum d’inspiration dans la nature. Il fait référence au livre Le Vivant comme modèle de Gauthier Chapelle qui montre à quel point les processus naturels sont des modèles à suivre pour améliorer les processus chimiques. ” La nature recourt tous les jours à des procédés complexes mais efficaces pour transformer des substances. Si le secteur chimique apprend à mieux les connaître, il deviendra plus encore un des acteurs de la solution. “

© de boeck supérieur

Jean-Pascal van Ypersele a cosigné avec Philippe Lamotte et Thierry Libaert le livre Une vie au coeur des turbulences climatiques, paru chez De Boeck Supérieur en 2015.

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