“La durabilité est notre raison d’être”

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” La durabilité fait partie de l’ADN de la chimie et des sciences de la vie “, Wouter De Geest, président de la fédération sectorielle essenscia et CEO de BASF Anvers, est explicite. Un meilleur avenir pour nos enfants et nos petits-enfants, nos entreprises et notre planète ? Cela dépendra en grande partie des innovations issues de la chimie et de la pharma.

A quel point la durabilité est-elle importante pour les entreprises du secteur de la chimie, des matières plastiques et de la pharma ?

” Nous savons tous que notre monde se trouve confronté à des défis majeurs en matière d’utilisation de l’énergie et des matières premières naturelles. De plus, nous devons procurer de la nourriture, de l’eau potable et des soins de santé qualitatifs à une population toujours croissante. Quel que soit l’angle sous lequel on l’examine, cette évolution ne peut pas être garantie sans les produits et les innovations de la chimie et des sciences de la vie. La durabilité est notre raison d’être. Elle est inscrite dans notre ADN : nous sommes là pour trouver des réponses à des défis mondiaux. “

A quoi remarque-t-on cela ?

” En 2009, essenscia a été la première fédération en Europe à dresser un rapport de durabilité sectoriel. Depuis, nous en sommes à une cinquième édition dans laquelle nous établissons clairement le lien avec les Objectifs de développement durable des Nations Unies. Nous sommes en effet convaincus que nos entreprises belges peuvent fournir une partie de la solution qui permettra de réaliser ces ambitieux objectifs. La production de notre industrie a triplé de volume au cours des 25 dernières années mais nos entreprises ont réussi à réaliser cette croissance économique en réduisant sensiblement leur impact sur l’environnement. Les émissions de gaz à effet de serre par tonne produite ont baissé de 80 %, et l’efficacité énergétique s’est améliorée de 60 %. De plus – et c’est plus important encore – le secteur ne se contente pas de produire d’une manière toujours plus durable : les produits et les technologies qu’il développe permettent à leur tour d’améliorer le confort et de réduire les émissions. “

Pouvez-vous nous en donner des exemples concrets ?

” Les exemples sont légion. Nous développons des matériaux plus légers qui permettent aux voitures et aux avions de consommer moins, des matières plastiques qui isolent au mieux nos maisons et nos immeubles, des produits de lessive qui réduisent la consommation d’énergie, des matériaux astucieux qui améliorent le rendement des panneaux solaires et des éoliennes et tant d’autres découvertes… La chimie est ainsi la mère de toutes les industries. Elle fournit aux autres secteurs les principaux éléments permettant de fabriquer des produits pour un monde durable. “

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Comment convainquez-vous les sceptiques que la chimie et les sciences de la vie sont des alliées dans la transition énergétique et dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

” En attirant leur attention sur leurs puissantes fonctions de levier. Évidemment, on ne peut pas produire quoi que ce soit sans matières premières et sans énergie mais le tout est de produire dans le respect de l’environnement, un domaine dans lequel nous pouvons dire sans rougir que nos entreprises belges sont parmi les meilleures au monde. Il s’agit surtout de ce que nous produisons et de la plus-value engendrée. Ce sont précisément les produits issus de la chimie et des secteurs connexes qui permettent de réaliser d’importantes économies d’énergie et de réduire les émissions lors de l’utilisation de différents produits de consommation dans les domaines de la mobilité, de la construction, de l’agriculture, etc. En définitive, l’énergie que l’on n’utilise pas est celle qui respecte le mieux l’environnement. “

Dans quels domaines peut-on encore progresser ?

” Nous avons déjà parcouru un long chemin et, en ce qui concerne certains indicateurs environnementaux, nous sommes très proches des limites de ce qui est techniquement et physiquement possible avec les technologies actuelles. Ceci dit, nous arrivons toujours à améliorer nos performances. Depuis 2001, les émissions de gaz les plus fréquentes ont été réduites de plus de la moitié, la consommation d’eau de qualité a baissé d’un cinquième ces dix dernières années et le secteur génère 5 % à peine des déchets industriels en Belgique. Et ceci alors que la production a doublé au cours de la même période, depuis 2001. Ce sont des chiffres éloquents, mais nous avons l’ambition de faire mieux encore en continuant à innover. Ainsi, le secteur dépose près d’un brevet par jour. C’est un chiffre qui mérite que l’on s’y attarde puisqu’il démontre que notre industrie fait tous les jours une nouvelle découverte, et la plupart de ces découvertes sont placées sous le signe de la durabilité. La transformation d’une économie linéaire en une économie plus circulaire sera dès lors propulsée par notre secteur. Tout comme la transition vers une économie bas carbone compétitive qui utilise intelligemment le CO2, où nous ne considérons plus celui-ci comme un gaz à effet de serre mais comme une matière à haute valeur ajoutée. “

Quels sont d’après vous les défis les plus marquants pour l’avenir proche ?

” Je distingue trois défis. Le premier est de continuer à inciter suffisamment de jeunes, filles et garçons, à entreprendre des études scientifiques ou techniques. La connaissance est, dans notre pays, le matériau fondamental. Une collaboration étroite entre l’enseignement et le monde des entreprises – comme avec la formation en alternance – est donc essentielle. En deuxième lieu, une utilisation sûre des substances chimiques est un défi de taille. S’il est prouvé que certains produits chimiques sont nocifs pour l’environnement et pour l’homme, il est logique que le secteur se mette en quête d’alternatives. Mais ce jugement et cette force probante ne sont valables que dans un cadre objectif scientifique et légal. Avec la législation européenne REACH, nous disposons d’un cadre politique équilibré qui réunit une expertise considérable. Il importe que ce soient les visions de ces experts indépendants, fondées sur des contrôles de qualité stricts et sur les modes de tests les plus sévères, qui servent de critères et qu’on ne laisse pas les émotions l’emporter sur la science. “

Wouter De Geest, président de la fédération sectorielle essenscia, CEO BASF Anvers.
Wouter De Geest, président de la fédération sectorielle essenscia, CEO BASF Anvers.© Michel Wiegandt

” Pour conclure, il y a la transition vers une économie circulaire. La manière dont travaillent les entreprises chimiques est un exemple d’école d’économie circulaire avant la lettre. Les courants secondaires et les déchets issus d’un processus de production d’une entreprise sont utilisés comme matière de base par une autre entreprise. Cette pratique permet de boucler la boucle du cycle de vie et de réduire la demande en matières premières primaires. Grâce à l’expertise présente dans notre secteur, nous réussissons non seulement à recycler plus que jamais, mais aussi à dématérialiser encore plus, et nous continuons à innover dans des technologies et des produits chimiques renouvelables en utilisant par exemple l’hydrogène ou le CO2 comme matières premières. La chimie est dès lors, plus que jamais, la science et l’industrie du 21e siècle. “

La chimie est la mère de toutes les industries. Elle fournit les principaux éléments pour un monde plus durable.

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