Voici l’impact, déjà réel, des droits douaniers de Trump sur les marchés

© Getty Images

Donald Trump hante les marchés. Les perspectives de la hausse des droits douaniers plombent les cours avant même l’entrée en fonction du nouveau président américain.

Donald Trump, qui arrive à la Maison blanche dans 12 jours, veut instaurer de nouvelles taxes sur les importations. Ce qui pourrait compliquer les choses pour les entreprises importatrices. Ce que Trump va décider n’est pas encore clair aujourd’hui, mais les risques tiennent déjà le marché en haleine. Et ils ont déjà un réel impact sur les cours. Voici les marchés qui sont le plus touchés.

Europe

En Europe, c’est ainsi la monnaie commune qui souffre. L’euro se négocie actuellement à 1,0324 dollar, mais il était tombé sous la barre des 1,03 la semaine dernière. Soit son niveau le plus bas en deux ans environ. Le 5 novembre, jour de l’élection de Trump, il valait encore 1,0925 dollar. Depuis, il a donc perdu 5,5% environ.

La chute pourrait d’ailleurs continuer pour atteindre la parité, selon de nombreux observateurs. D’abord avec la concrétisation de ces droits douaniers – qui pourraient atteindre 10%, à en croire les promesses électorales de Trump. Car les États-Unis sont le partenaire commercial le plus important de l’Europe, et une baisse du commerce n’est jamais bonne pour une devise. Puis il y a aussi le risque d’inflation aux États-Unis, qui fait que la Fed pourrait être plus stricte que la BCE, ce qui tirerait aussi la monnaie commune vers le bas. Mais il y a également la Chine, autre partenaire commercial important de l’Europe. Si elle est affaiblie par les droits douaniers de Trump (lire plus bas), alors c’est également une mauvaise nouvelle pour l’Europe.

Au niveau des entreprises, c’est surtout le secteur automobile qui est impacté. C’est un des biens que Trump pourrait viser en priorité. Les cours ont chuté après l’élection du candidat républicain, mais se sont remis depuis. Les constructeurs automobiles restent cependant très sensibles à l’actualité concernant ces taxes. Ce lundi, un article du Wall Street Journal faisait état de droits de douanes limités, et les titres sont partis en flèche, de 5% environ. L’information a par la suite été démentie et ils ont immédiatement rechuté.

D’autres secteurs visés sont les biens de consommation, industriels et de luxe. Barclays a créé un indice qui reprend les entreprises les plus à risque, et il a sous-performé le marché européen global d’environ 20 à 25%, sur les six derniers mois.

Chine

L’impact est également important en Chine. C’est que Pékin devrait être visée par des taxes plus lourdes encore que celles imposées aux autres. Durant sa campagne, Trump indiquait vouloir taxer les biens chinois à hauteur de 60%. Le yuan se négocie à 7,35 pour un dollar. Soit son niveau le plus “bas” en un an et demi. Le 5 novembre, un dollar équivalait encore à 7,10 yuans. Soit une “hausse” de 3,5%. Cette “augmentation” du taux de change correspond à une perte de valeur de la monnaie comparée au dollar, dans ce sens-ci de la paire.

Il est en chute malgré des mesures prises récemment par Pékin pour défendre la devise. C’est dire l’optimisme des investisseurs quant aux perspectives… Barclays estime que le yuan pourrait même monter jusqu’à 7,5 pour un dollar en 2025. Voire jusqu’à 8,4, si Washington dégaine vraiment cette taxe à 60%.

En bourse aussi, les chiffres sont dans le rouge. Le CSI 300 est en baisse de 6,30% depuis le 5 novembre. Sur la semaine dernière surtout, l’indice a perdu plus de 5%, soit sa plus forte chute en cinq jours en deux ans. Là aussi, les autorités ont essayé de freiner la chute, en demandant aux fonds de limiter les ventes.

Limitrophe

Autres victimes des droits douaniers de Trump : les pays voisins, le Canada et le Mexique. Lors de sa campagne, Trump avait indiqué qu’il pourrait lancer une taxe de 25%. Alors qu’un accord de libre échange lie les trois pays. Les devises sont donc également touchées : le dollar canadien est à son niveau le plus bas en plus de 20 ans, comparé au dollar US. Le 5 novembre, il valait encore 1,382 pour un dollar américain, mais il se négocie désormais à 1,437 (+4%). La devise canadienne pourrait même grimper jusqu’à 1,5 pour un dollar US, soit une hausse de 5% encore, en cas de guerre commerciale et de politiques monétaires qui prennent une trajectoire divergente, selon ING.

Le peso mexicain était déjà en baisse de 16% sur l’année, en novembre. De nombreuses mauvaises perspectives (concernant Trump, mais pas que) étaient déjà incluses dans le taux avant les élections. Il a clôturé l’année en baisse de près de 19%. En bourse aussi, c’était une année rouge sang : l’indice principal a perdu 14%, soit une des pires performances de la planète.

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