Victoire de Donald Trump: le grand basculement d’un monde sous testostérone
Le retour du républicain à la Maison Blanche est une épreuve de vérité pour l’Europe. C’est, potentiellement, une victoire pour Vladimir Poutine et les régimes autoritaires. Le lendemain de la veille sera douloureux.
La victoire implacable de Donald Trump à la Maison Blanche est un tournant majeur pour le monde. Le retour d’un homme radicalisé et revenchard rejoint une lame de fond: la progression de la Russie en Ukraine, l’éclatement des systèmes politiques des pays européens, la primauté des rapports de force et des régimes autoritaires…
C’est, de facto, une épreuve de vérité pour l’Europe dans son chemin chaotique vers l’Union. Tous les experts s’accordent pour dire que l’Union européenne doit enfin prendre la mesure de ce monde sous testostérone. “Mais il est peut-être trop tard”, nous disait Tanguy Struye (UCLouvain). “De combien de wake up call auront-nous besoin…”
“Coordination étroite” et affaiblissement européen
Le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, ont salué la victoire de Donald Trump et affirmé qu’ils étaient prêts à travailler avec lui, tout en se disant soucieux de se “coordonner “étroitement”. Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, se déclare soucieux de maintenir une “alliance forte”.
Mais derrière cela, que de fragilités… En France, Emmanuel Macron est largement impopulaire et peine à exister face à un gouvernement Barnier dont la crédibilité démocratique est faible. En Allemagne, le chancelier Scholz voit sa majorité politique exploser. Les déconvenues économiques se multiplient: VW, Auchan, Michelin… L’Europe de la défense n’est guère avancée.
En Europe aussi, en outre, les “fins de mois difficiles” sont en train de faire, doucement mais sûrement, basculer les régimes politiques. Sur fond de discussions budgétaires post-Covid douloureuses. Il est écrit, quelque part, que la pandémie provoquerait une seconde vague à retardement, politique celle-là.
Ne parlons même pas de la Belgique et de son blocage politique surréaliste…
La victoire de Vladimir Poutine
Sans être cynique, ne serait-on pas en train d’assister à la victoire du président russe Vladimir Poutine, que la victoire de Donald Trump arrange évidemment?
Bien sûr, il y a toujours une forme d’imprévisibilité chez le républicain et les théories d’un jour ne sont pas celles du lendemain. Mais en promettant de régler le conflit ukrainien “en vingt-quatre heures”, le nouveau président américain risque bien de plier une “pax russia” qui gèlera le conflit, en attendant la prochaine attaque russe.
N’est-ce pas un peu triste de voir le président ukrainien, Volodymyr Zelensky saluer le retour de Donald Trump en rappelant sa discussion de septembre avec lui autour de son “plan pour la victoire”? “J’apprécie l’engagement de Donald Trump pour la paix à travers la force”, plaide Zelensky. Mais le pense-t-il vraiment?
L’Amérique de demain sera isolationniste ou ne sera pas, occupée à ériger des barrières face aux immigrés et aux produits venus de l’étranger. Le monde ne sera vu que sous le prisme de ses intérêts?
La vision de Donald Trump, rappelait récemment un expert, consiste à reconnaître qu’il y a plusieurs puissances et qu’elles ont le droit à leur sphère d’influence. C’est le tapis rouge pour la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie…
Le retour des empires est confortés. Avec son lot de menaces et d’incertitudes.
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