Ils pourraient succéder à DSK à la tête du FMI

Face à la crise de la dette qui frappe les plus fragiles d’entre eux, les Européens veulent à tout prix garder le contrôle du FMI dont le rôle s’est avéré crucial depuis un an et demi. Malgré les déboires de DSK, c’est une compatriote, la ministre de l’Economie Christine Lagarde qui rassemble le plus de suffrages sur le Vieux continent. Elle-même évoque régulièrement son attrait pour les Etats-Unis et elle est très appréciée dans les milieux financiers. Son premier handicap, c’est que la France a déjà fourni 4 des 11 directeurs du FMI depuis 1946, occupant le poste pendant 34 ans sur 65. Surtout, elle n’est pas elle-même à l’abri de démêlés judiciaires: un procureur français l’a récemment menacée d’une enquête dans un dossier lié à l’ex-homme d’affaires Bernard Tapie.
La presse allemande envisage d’autres prétendants, dont l’ancien président de la Bundesbank, Axel Weber, qui a renoncé récemment à la présidence de la BCE. Mais son style abrasif et son manque de diplomatie de jouent pas en sa faveur.
L’ancien ministre des Finances d’Angela Merkel est également évoqué. Mais, comme la France, l’Allemagne a déjà placé un compatriote à la tête de l’institution ces dernières années. Horst Köhler a en effet dirigé le FMI de 2000 à 2004.
La presse allemande envisage aussi l’hypothèse du directeur suisse de la Deutsche Bank.
L’ancien Premier ministre britannique s’est porté candidat à la succession de DSK avant même les problèmes de celui-ci. Mais David Cameron a fait comprendre en avril qu’il ne le soutiendrait pas en disant qu’il n’était “peut-être pas la meilleure personne” pour le poste. Il l’a notamment accusé d’avoir tardé à percevoir le problème de la dette souveraine de son pays quand il était au gouvernement.
Le Premier ministre du Luxembourg pourrait aussi faire l’affaire, selon le Financial Times.
Symbole des pays émergents qui estiment que leur tour est venu de diriger le FMI, la Chine, qui est devenue l’an dernier le troisième plus gros actionnaire, pourrait pousser en faveur de l’ancien gouverneur de la banque centrale chinoise et actuel conseiller au FMI, Min Zhu. Dominique Strauss-Kahn avait lui-même poussé le Fonds à se réformer en faveur d’une plus grande représentativité des nations émergentes et avait évoqué la possibilité qu’elles puissent fournir son successeur. Encore faut-il qu’elles parviennent à se réunir autour d’une candidature. Or elles sont nombreuses.
L’économiste Nouriel Roubini énumérait lundi sur Twitter d’autres noms glanés lors de ses voyages, comme celui de l’Indien Montek Singh Ahluwalia, directeur adjoint du Commissariat au Plan indien. Problème, Montek Singh Ahluwalia a 67 ans, et l’âge maximum est de 65 ans.
Le “Dr Catastrophe” mentionne aussi le nom du gouverneur de la banque centrale israëlienne. Là encore se pose le problème de l’âge, puisqu’il a aussi 67 ans. En plus, Fischer a à son passif d’avoir été vice président de Citigroup pendant la bulle des années 2002-2005. A cela s’ajoute que “ce serait un peu bizarre que le premier directeur africain du FMI soit blanc et juif”, fait remarquer Felix Salmon. il fut premier directeur général adjoint du FMI de 1994 et 2001. Enfin, il possède aussi la nationalité américaine, or les Etats-Unis contrôlent déjà la présidence de la Banque mondiale.
C’est pourquoi le choix de l’ancien ministre des Finances sud-africain constituerait selon le blogueur de Reuters un message plus clair d’ouverture vers les pays émergents. Certes, “Trevor Manuel a lui aussi la peau assez claire, mais il était considéré comme un homme de couleur selon la classification sud-africaine sous l’apartheid ce qui lui a valu de passer quelques années en prison dans les années 80”, rappelle Felix Salmon. Les pays africains sont toutefois restés muets depuis que son nom a émergé.
Le ministre des Finances de Singapour est aussi le président du Comité monétaire et financier international (CMFI), l’instance qui décide des orientations politiques du FMI. “Il a toutes les qualités demandées: il est Asiatique, il a la crédibilité, et il plairait au secteur financier et aux Etats-Unis”, selon Eswar Prasad, un ancien membre du FMI. Sa carrure personnelle n’est cependant pas celle d’autres candidats.
Le problème, c’est que la division semble régner entre les différents pays asiatiques qui visent le poste, l’Inde et la Chine en tête. L’ancien ministre turc des Finances, ex-hiérarque de la Banque mondiale et récent administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) pourrait alors être un candidat de compromis. Il cumule deux grands atouts: il est issu d’un pays émergent membre du G20 et il est proche des Européens. Un bookmaker londonien, William Hill, en fait son favori (à 5 contre 2). Il faudra convaincre les Européens qu’ils lâchent le poste.
L’Amérique latine aurait aussi des candidats à mettre en avant, comme l’ancien patron de la Banque centrale brésilienne. Il a fait ses preuves entre 1999 et 2002, des années turbulentes pour l’économie du pays. Mais le fait qu’il ait travaillé pour George Soros et qu’il avait son propre hedge fund Gavea Investments pourrait ne pas être apprécié par tout le monde, estime Bloomberg.
Le gouverneur de la banque centrale mexicaine était un directeur du FMI. “Si le Fonds est à la recherche d’un technocrate plutôt qu’un politicien, alors Carstens sera en lice”, estime Felix Salmon. Mais le Mexique contrôle déjà le poste de numéro un de l’OCDE, avec Angel Gurria.
Un autre mexicain, l’ancien ministre des finances et actuel secrétaire général de l’OCDE est également mentionné par The Telegraph. Sauf que la Banque Mondiale étant déjà dirigée par un Etats-Unien, il est probable qu’on ne veuille pas d’un autre nord Américain au FMI.
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