À Bruxelles, hausse des prix des certificats verts… et de la facture d’énergie
Trop de certificats verts octroyés, moins de demande coté fournisseurs, ont fait diminuer les prix des certificats verts (CV) à Bruxelles, signalait en avril Test-Achats. Une situation bientôt amenée à changer: les quotas vont être revus à la hausse.
Les quotas de certificats verts que les fournisseurs d’électricité doivent atteindre chaque année viennent d’être adaptés. Une annonce en demi-teinte pour les consommateurs bruxellois. Oui, le prix des CV sera revu à la hausse, et c’est plutôt une bonne nouvelle pour les citoyens producteurs d’énergie renouvelable. Mais cela aura un impact sur la facture d’électricité de tous les ménages bruxellois. Même ceux qui ne sont pas détenteurs de panneaux photovoltaïques… Explications.
Des certificats verts pour amortir l’investissement
Afin de soutenir la production d’électricité verte, la Région bruxelloise a mis en place un marché de certificats verts. Ainsi, tous les Bruxellois qui détiennent un système de production d’énergie renouvelable (panneaux solaires, cogénération…) perçoivent ces fameux certificats. Ils peuvent ensuite les revendre aux fournisseurs d’électricité pour amortir plus rapidement leur installation.
Ces derniers sont en effet obligés de déclarer annuellement un nombre déterminé de CV (retour quota). Pour pouvoir satisfaire à leur obligation, ils en achètent donc aux producteurs bruxellois.
Ces quotas sont régulièrement revus afin de garantir un équilibre entre l’offre et la demande de CV.
Tension sur le marché
L’équilibre a néanmoins été rompu en 2023: l’offre, trop élevée, a largement excédé la demande. Par conséquent, la plupart des fournisseurs, ayant atteint leur quota, refusaient d’en acheter de nouveau. Et les 10% restant proposaient des prix rasoirs, bien loin de la réalité du marché.
Alors qu’il se vendait à 95€ en 2022, le prix moyen d’un CV se chiffrait à 66,93 euros pour les particuliers en 2023. À savoir que le prix d’achat garanti par Elia est de 65 euros.
Trois raisons à cette baisse des prix, selon Test-Achats:
- La consommation globale d’électricité a diminué en 2022 et les fournisseurs doivent donc acheter moins de certificats verts (achat de CV en fonction des quantités d’énergie fournies).
- L’ensoleillement en 2022 a augmenté la productivité des installations solaires de 15% (par rapport aux 10 dernières années). Ce qui a contribué à augmenter le nombre de certificats verts (émis sur base de la production des installations).
- Les tonnages d’ordures ménagères brûlés à l’incinérateur de Bruxelles ont été plus importants que prévu. L’augmentation de la production d’électricité induite a également contribué à une plus grande émission de CV.
Double peine pour les ménages bruxellois
Une mauvaise nouvelle qui n’arrive pas seule… Le coefficient multiplicateur, qui module l’octroi de certificats verts par mégawattheure produit, a en effet été revu à la baisse pour les panneaux installés à partir du 1er février. Il se chiffrera dorénavant à 1,016 CV/MWh pour les installations comprises entre 36 et 100 kWc, à 0,642 pour celles comprises entre 100 et 250 kWc et à 0,580 CV/MWh pour les installations supérieures à 250 kWc (celles des plus grosses entreprises) contre 1,2 CV/MWh auparavant.
Hausse des quotas… et de la facture d’énergie!
Mais comment faire remonter le prix moyen d’un certificat vert? En augmentant le quota de CV que les fournisseurs doivent atteindre. Pour 2024, celui-ci sera de 26,7%. En 2023, il s’élevait à 18,5%. Cette nouvelle hausse devrait permettre de rééquilibrer l’offre et la demande.
Un changement qui ne sera néanmoins pas sans conséquence pour les ménages bruxellois. Leur facture d’énergie est amenée à augmenter, elle aussi. Et pour cause: « L’achat de certificats verts représente une charge financière supplémentaire pour les fournisseurs. Ceux-ci répercutent alors le coût de leur obligation légale sur l’ensemble de leurs clients finaux », explique Brugel dans un communiqué.
Tous les consommateurs, qu’ils soient eux-mêmes producteurs d’énergie verte ou non, versent donc une certaine somme à leur fournisseur d’électricité. Des frais à retrouver sous l’appellation « contribution énergie verte » sur la facture annuelle.
Concrètement, en 2024, la contribution maximale au système correspondra au montant du quota, soit 26,7% multiplié par le nombre de MWh consommé. Imaginons, vous consommez 2 MWh par an (consommation d’un client médian bruxellois), ce coût maximal s’élèvera à 53,4 euros/an (+TVA à 21%).
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