150 dollars le baril ? Voici le pire scénario pour le marché du pétrole suite à la guerre à Gaza
Une explosion du prix du baril de pétrole, une augmentation de l’inflation, une récession mondiale et une chute à la bourse. Voilà les conséquences possibles d’une escalade de la guerre, selon l’économiste en chef du cabinet de consultance Ernest & Young (EY).
Quel sera l’impact du nouveau conflit entre Israël et le Hamas sur le marché du pétrole ? “Crise pétrolière en vue?“, “Vers le choc de 1973?” : différentes théories ont déjà été écrites. L’économiste en chef de EY, Gregory Daco, s’adonne aussi à l’exercice de pensée et imagine différents scénarios, tout comme leurs conséquences.
Le meilleur scénario, pour commencer, verrait une hausse de trois dollars de plus le baril que ce que les estimations prévoyaient avant, pour les six mois à venir, explique-t-il dans une analyse, consultée par Insider. Le scénario moyen, “relativement contenu”, verrait d’abord une hausse de 7 dollars de plus que ce qui était prévu par le marché. Ce surplus descendrait à 3 dollars par la suite.
Scénario du pire
La dernière possibilité qu’il propose est le “scénario non contenu”, où la guerre déborde. Des escalades amèneraient les États-Unis ou l’Iran, ou les deux, à s’engager dans le conflit. Si cela devait arriver, l’économiste estime que le prix du baril sauterait “immédiatement” de 50 dollars. Il atteindrait 150 dollars avant la fin de l’année – somme qu’il n’avait même pas atteint après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au printemps 2022. Le WTI se négocie à 85 dollars et le Brent à 90 dollars, à l’heure d’écrire ces lignes.
Cependant, cet effet ne devrait être que temporaire. En 2024, le cours du pétrole devrait redescendre à un surplus de 10 dollars par rapport aux estimations. Mais même s’il est temporaire, il aurait des conséquences graves pour l’économie mondiale. Concrètement, une récession, avec une chute du PIB mondial de 1,4% en 2024, serait à l’horizon. Tout comme un regain de l’inflation de 1,5% de plus que les estimations actuelles et une chute de plus de 20% à la bourse, sur l’année prochaine.
Un véritable casse-tête pour les banques centrales, ajoute-t-il, même s’il estime qu’elles décideraient alors de baisser les taux plus tôt que prévu. “Toutefois, à la fin de 2024, le mantra des taux ‘plus élévés pendant plus longtemps’ devrait à nouveau prévaloir, les banquiers centraux décidant d’assouplir leur politique moins rapidement”, imagine-t-il.
Probabilité ?
L’être humain n’aime pas l’incertitude, et c’est pour cela qu’il adore imaginer différents scénarios. Pour être prêt – autant que faire se peut – et pouvoir répondre, au cas où tel ou tel scénario venait à se réaliser. Ces scénarios ne doivent donc pas nécessairement se réaliser.
Il y a cependant des signes qu’une escalade pourrait être possible. On le sait, Israël veut envahir la bande de Gaza, pour “détruire les terroristes” et libérer les otages détenus par le Hamas. L’Iran a déjà laissé entendre qu’une telle invasion ne resterait pas sans réaction : le Hezbollbah libanais, que la République islamique soutient, pourrait par exemple intervenir pour défendre Gaza et d’autres zones, indiquait le Ministre des Affaires étrangères iranien la semaine dernière.
De l’autre côté, les Etats-Unis ont demandé à Israël de retarder cette invasion. Pour gagner du temps et continuer à négocier la libération des otages, pour mieux planifier et éviter plus de victimes civiles et pour continuer à acheminer de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Mais aussi pour mieux se préparer eux-mêmes à d’éventuelles attaques sur des intérêts américains se trouvant dans la région, rapporte le New York Times. Avec l’invasion, ces attaques, “effectuées par des groupes soutenus par l’Iran”, seraient très probables.
Ce scénario du pire semble donc tenir qu’à un fil. Les tensions en tout cas sont importantes.
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