Transition énergétique: les demandes de crédits à la consommation s’envolent

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Patrick Claerhout Patrick Claerhout is redacteur bij Trends.

De nombreuses personnes investissent dans des pompes à chaleur, des panneaux solaires, des bornes de recharge et des voitures électriques. Pour ce faire, elles ont recours de plus en plus souvent au crédit à la consommation.

Au cours des six premiers mois de cette année, le nombre de prêts à la consommation a augmenté de 10% par rapport à l’année précédente. La valeur de ces prêts a également augmenté de 10%, pour atteindre un total de plus de 5 milliards d’euros.

En particulier, la demande de prêts pour des mesures d’économie d’énergie continue d’augmenter. Au cours du premier semestre, 31 000 prêts à la consommation “verts” ont ainsi été contractés, soit trois fois plus qu’il y a cinq ans. La valeur totale de ces nouveaux crédits s’élève à près de 550 millions d’euros, selon les chiffres de l’Union professionnelle du crédit (UPC).

La résurgence du crédit à la consommation, après plusieurs années difficiles dues à la crise sanitaire, est remarquable, mais pas si surprenante, estime Bart Vervenne, directeur général de BNP Paribas Personal Finance Benelux et président d’UPC: “Les vieilles maisons dévorent de l’énergie. Si notre pays veut atteindre les objectifs de zéro émission d’ici 2050, il faudra investir 400 milliards d’euros dans le parc immobilier. On parle alors d’un montant moyen de 30.000 à 60.000 euros par maison.”

Les prêts à la consommation jouent un rôle important, mais en sous-marin, dans la transition énergétique. Ils sont de plus en plus utilisés pour des travaux de rénovation, une meilleure isolation, l’installation de panneaux solaires et de pompes à chaleur, ou l’achat d’appareils électroménagers plus économes en énergie. Cette tendance s’est amorcée l’année dernière et se poursuit cette année.

“Pour la rénovation d’une habitation, ce sont surtout les personnes dont le crédit hypothécaire est en grande partie échu ou remboursé qui se tournent vers le crédit à la consommation”, explique Ivo Van Bulck, secrétaire de l’UPC. “Pour eux, souscrire à un crédit à la consommation est plus facile et moins coûteux que souscrire à un nouveau crédit immobilier. Ils évitent ainsi les frais de notaire et les droits d’enregistrement”.

Emprunter pour une voiture

Le crédit à la consommation est également en hausse pour tout ce qui concerne la mobilité. Pour la première fois depuis cinq ans, les prêts destinés à l’achat d’une nouvelle voiture sont repartis à la hausse au premier semestre 2023. Le montant a augmenté de près d’un quart pour atteindre 1,39 milliard d’euros.

“Nous ne disposons pas de chiffres pour le confirmer, mais le passage à des véhicules plus respectueux de l’environnement joue peut-être aussi un rôle”, explique Bart Vervenne. “Les prix des voitures électriques ou hybrides, et des accessoires essentiels, tels que les bornes de recharge, sont élevés et constituent un obstacle pour de nombreuses personnes. Un crédit à la consommation peut aider à combler ce fossé. J’ai l’impression que, compte tenu du coût, les familles sont plus enclines à demander un prêt pour une voiture électrique que pour une voiture traditionnelle.

Le vilain petit canard

Le crédit à la consommation est depuis longtemps le vilain petit canard du secteur du crédit. Il a la réputation d’être cher et les défauts de paiement constituent un problème majeur. “Il est logique que le crédit à la consommation soit plus cher qu’un prêt hypothécaire. Après tout, il n’y a pas de garantie, comme une maison, et le risque du crédit est donc plus élevé”, défend M. Vervenne. “Mais les taux d’intérêt pour un prêt à la consommation sont assez bas en Belgique, en tout cas par rapport à d’autres pays d’Europe. De plus, pour rendre les rénovations et les investissements écologiques et/ou énergétiques, les prêteurs appliquent des conditions favorables, par exemple sous la forme de remise sur les taux d’intérêt”.

Concrètement, pour un crédit de 20 000 euros destiné à l’installation de panneaux solaires, d’une pompe à chaleur, d’une batterie domestique, d’une isolation, etc., il faut actuellement s’attendre à un taux d’intérêt compris entre 4 et 5 %, selon Vervenne.

Van Bulck souligne que le problème des défauts de paiement diminue : “La proportion de défauts de paiement sur les crédits à la consommation diminue d’année en année. En 2017, nous étions encore à 6,24 %, l’année dernière à 5,24 %.”

Néanmoins, l’Union professionnelle du crédit appelle à un meilleur accompagnement des clients en difficulté de remboursement. “Les problèmes surviennent principalement lors d’un événement majeur dans la vie des gens, comme une maladie, un divorce, la perte d’un emploi. Malheureusement, la législation belge ne permet pas de prolonger la période de remboursement ou de suspendre temporairement les paiements. L’octroi d’un moratoire sur les paiements pendant la crise sanitaire a fait ses preuves. Grâce au moratoire sur le remboursement du capital, pratiquement personne ne s’est retrouvé en difficulté à ce moment-là”, explique Bart Vervenne.

L’allongement des échéances peut également être utile, estime le président de l’UPC. “Les échéances d’un crédit à la consommation sont fixées par la loi. Par exemple, un prêt de 5 000 euros peut durer au maximum 36 mois. Pour les montants compris entre 5.600 et 7.500 euros, la durée est de 42 mois. Nous estimons que la durée devrait être mieux adaptée à la durée de remboursement et à la durée de vie économique d’un investissement dans les économies d’énergie. Pour les panneaux solaires, par exemple, cette période d’amortissement est en moyenne de sept ans. Pour les voitures électriques aussi, on peut donc tabler sur une durée de vie plus longue que les durées de contrat imposées actuellement pour les prêts à la consommation”.

Campagne

L’encours des prêts à la consommation dans notre pays s’élève à environ 23 milliards d’euros. Comparé aux prêts hypothécaires (300 milliards), c’est peu. Pour souligner l’importance du crédit à la consommation dans la transition écologique, l’UCP lance une campagne intitulée “Le crédit à la consommation pour demain”. Cette campagne met l’accent sur le crédit à la consommation en tant que facilitateur des modes de consommation durables, qui sont autrement hors de portée financière pour de nombreuses personnes (rénovations, véhicules électriques, etc.).

La campagne plaide également en faveur d’un cadre politique stable. Un récent arrêt de la Cour de cassation est une épine dans le pied du secteur. Il stipule qu’un prêteur est partiellement responsable de la livraison correcte des matériaux et de l’installation ou de l’exécution des travaux qu’il finance.

Cela pourrait freiner l’octroi de crédits à la consommation, explique M. Van Bulck : “Cela signifierait que le crédit ne pourrait plus être utilisé pour payer une avance, car, à proprement parler, le montant du crédit ne peut être déboursé que lorsque l’installation est entièrement terminée. Lors de l’achat d’une voiture, cela ne pose pas de problème, car l’acheteur ne paie qu’à la livraison, mais lors de l’installation de fenêtres, de panneaux solaires ou de pompes à chaleur, c’est problématique.”

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