Wall Street redoute un durcissement de la Fed
La Bourse de New York a terminé en nette baisse, inquiète de la réaction de la banque centrale américaine (Fed) à des données macroéconomiques meilleurs qu’attendu.
Déjà mal orienté avant même l’ouverture, Wall Street a fraîchement accueilli la publication de l’indice d’activité ISM dans les services pour le mois de novembre aux États-Unis, qui est ressorti à 56,5%, très au-dessus des 53,7% attendus.
“Le secteur des services résiste mieux que l’industrie manufacturière, qui est plus sensible aux conditions financières” et à la remontée des taux d’intérêt, a réagi Kieran Clancy, de Pantheon Macroeconomics.
L’indice ISM va dans le même sens que le rapport sur l’emploi américain publié vendredi, qui avait fait état de 263.000 créations de postes, contre 200.000 seulement anticipées par les économistes.
Face à ces données, les investisseurs s’attendent désormais à voir le taux directeur de la Fed aller plus haut que prévu, ce qui renforce la probabilité d’un coup de frein de l’économie, selon Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
L’impression générale a été renforcée par un article du Wall Street Journal selon lequel la Fed pourrait augmenter davantage son taux directeur, au-delà de 5%, et le maintenir plus longtemps à un niveau élevé.
L’auteur de l’article, Nick Timiraos, a prédit avec succès, les quatre dernières décisions du Comité de politique monétaire de la Fed sur son taux directeur, en juin, juillet, septembre et novembre.
Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans s’est brutalement tendu, à 3,59%, contre 3,48% vendredi.
Lundi, l’écart entre le taux à 2 ans et le 10 ans, le premier étant au-dessus du second, a atteint son plus haut niveau depuis 41 ans, ce qui indique que les opérateurs voient le rythme de la croissance fortement ralentir à moyen terme.
Par ailleurs, après s’être longtemps réjoui de l’assouplissement des restrictions sanitaires en Chine, la place new-yorkaise s’attend “à ce que cela augmente la demande de matières premières, ce qui pourrait être inflationniste”, selon Art Hogan.
Globalement, après avoir gagné près de 15% depuis un creux au début de l’automne, le S&P 500 peine à trouver un second souffle.
À la cote, Tesla a souffert (-6,37% à 182,45 dollars), fragilisé par l’information selon laquelle le constructeur de véhicules électriques a décidé de réduire la production de son modèle y en Chine, du fait de stocks élevés et d’une demande ralentie sur ce marché.
Toujours au rayon technologique, Amazon (-3,37%), Microsoft (-1,89%) et le fabricant de semi-conducteurs Broadcom (-1,88%), qui publie ses résultats jeudi, ont tous été sanctionnés.
Laminées depuis plus d’un an du fait d’un tour de vis réglementaire et de la politique zéro-Covid des autorités, les valeurs chinoises cotées à Wall Street ont poursuivi leur remontée, à l’image des plateformes de commerce en ligne Alibaba (+0,51%) et JD.com (+0,92%).
Activision Blizzard grimpait (+0,75% à 76,33 dollars), alors que, selon le New York Post, des dissensions se feraient jour au sein de l’Autorité américaine de la concurrence (FTC) quant à l’opportunité de contester ou non le rachat de l’éditeur de jeux vidéo par Microsoft.
Le groupe VF Corporation, qui possède notamment les marques Van’s et Timberland, a chuté (-8,16% à 28,93 dollars), après un avertissement sur résultat, attribué à un ralentissement de la demande en Amérique du Nord, mais aussi en Europe et en Chine. Le titre était également affecté par l’annonce surprise du départ du PDG Steve Rendle.
L’ombre de la Fed a aussi pesé sur l’or noir, en baisse malgré l’entrée en vigueur de l’embargo européen et du mécanisme de plafonnement visant tous deux le pétrole russe.
Le mouvement a pénalisé tout le secteur, notamment ExxonMobil (-2,74%), Chevron (-2,47%) ou Halliburton (-5,27%).