Malgré les turbulences, les banques belges ont engrangé des milliards en 2022

Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

L’heure n’est pas à la panique pour les banques belges. La faillite de plusieurs banques américaines et le crash de Credit Suisse ne doivent pas faire oublier les excellents résultats signés par les quatre leaders du marché l’an dernier. Ensemble, BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC et ING Belgique ont cumulé plus de sept milliards de bénéfices en 2022. Comment est-ce possible ? Explications.

Energie et inflation en hausse, croissance et pouvoir d’achat en berne…, 2022 n’a guère été simple et tranquille. Malgré cela, l’année se termine au final de manière positive pour nombre d’entreprises et en particulier pour les banques.

On peut même dire que tout semble au beau fixe pour la première banque du continent, BNP Paribas, qui dépasse pour la première fois de son histoire la barre des 10 milliards d’euros de bénéfice net sur une année. Derrière elle, le géant bancaire espagnol Santander, avec 9,6 milliards d’euros de bénéfice l’an dernier, signe également un record. En Italie, Unicredit a réalisé son meilleur chiffre depuis une décennie, dégageant 6,5 milliards d’euros l’an dernier. Aux Pays-Bas, le groupe ABN Amro a pour sa part vu son bénéfice bondir de plus de 50% sur un an, tandis que Deutsche Bank en Allemagne a dégagé 5 milliards d’euros, sa meilleure performance depuis des années également.

Année faste

Les résultats sont aussi flamboyants chez nous. Dernier des quatre leaders du marché à avoir dévoilé ses comptes annuels, présentés voici quelques jours par son nouveau CEO Michael Anseeuw, BNP Paribas Fortis a vu son bénéfice net s’envoler de 19% pour atteindre 3,2 milliards d’euros. Certes, la grosse filiale belge de BNP Paribas regroupe les filiales en Turquie (TEB) et au Luxembourg (BGL), ainsi que la société de leasing Arval. Mais la Belgique représente 43% de ce bénéfice total! Jamais la première banque du pays n’avait réalisé de tels chiffres depuis sa reprise par le groupe bancaire français en 2009.

Jamais non plus Belfius n’avait jusqu’ici aussi bien performé depuis sa création. L’an dernier, le bancassureur a dégagé un bénéfice net de 975 millions, en hausse de 40 millions par rapport à 2021. Le CEO, Marc Raisière, peut avoir le sourire: Belfius enregistre ainsi le meilleur résultat net de son histoire et n’est plus très loin du milliard d’euros. Son actionnaire, l’Etat fédéral, va recevoir un dividende de près de 385 millions d’euros, “le plus élevé jamais atteint», a souligné Marc Raisière lors de la publication des comptes annuels le 3 mars dernier.

Si le contexte macroéconomique moins grave explique en partie leurs bénéfices record, la remontée des taux y est pour beaucoup.

Même satisfaction du côté de KBC (et donc CBC) dont le CEO, Johan Thijs, s’est lui aussi félicité du résultat “excellent” dégagé en 2022. Le groupe de l’avenue du Port a dégagé un bénéfice net de près de 3 milliards d’euros, en hausse de 10%, soit sa meilleure performance depuis 2007. Quant à ING Belgique, la filiale belge du géant néerlandais voit certes son résultat net reculer sensiblement, à 300 millions d’euros, mais c’est notamment en raison de frais exceptionnels liés à la restructuration de son réseau qui ne comptera bientôt plus que… 200 agences! Car pour le reste, l’enseigne a elle aussi bien tourné en 2022. Pour la deuxième année consécutive, ses revenus passent la barre des 3 milliards d’euros.

Pas de récession

C’est clair, nos banques ont enregistré en 2022 de très, très bons résultats. Plus de sept milliards d’euros de bénéfices! Voilà ce que, à elles quatre, BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC et ING Belgique ont engrangé au terme de l’année écoulée, retrouvant ainsi des taux de profit et de rendement sur fonds propres comparables à ceux qui prévalaient avant la crise financière de 2008.

“C’est un millésime très bon pour l’ensemble des banques de la zone euro et y compris les banques belges, ce qui a même un peu surpris les observateurs qui ne s’attendaient pas à un telle année après les résultats déjà historiques enregistrés en 2021”, confirme Jérôme van der Bruggen, responsable de la stratégie d’investissement au sein du private banking chez Degroof Petercam.

Principale raison de ces méga- profits? Le rebond économique. Ou plutôt l’absence de récession en Europe l’an dernier. Comme l’explique Bernard Keppenne, économiste chez CBC, “ces deux dernières années, nous avons connu une croissance exceptionnelle suite à un effet de rattrapage post-covid dont les banques ont pleinement profité: très forte hausse des prêts hypothécaires en 2021 et au début de 2022, hausse des crédits aux entreprises. Par ailleurs, les provisions que les banques avaient effectuées en vue d’une vague de faillites au moment de la crise du covid (qui n’a pas eu lieu) ont pu être reprises”.

Parallèlement à cela, le choc de la guerre en Ukraine doublé de la flambée des prix est resté limité. Contrairement à ce que les Cassandre de l’économie avaient prédit, le pire a été évité. “Le scénario d’une profonde récession ne s’est pas réalisé, note Jérôme van der Bruggen. Nous avons été assez réactifs en Europe. Les efforts menés par les chefs d’Etat comme Mario Draghi ou Olaf Scholz pour sécuriser l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié ont calmé tout le monde. La météo a aussi aidé, avec un hiver clément. Bref, la tension sur le gaz n’a pas donné lieu à une réelle crise en Europe. C’est en grande partie la raison pour laquelle la profonde récession économique qui était redoutée ne s’est pas matérialisée”.

Même Pierre Wunsch est surpris des bons résultats de l’économie belge. Au final, la croissance du PIB de la Belgique a dépassé la moyenne européenne pour atteindre 3,1% sur l’ensemble de l’année 2022. “Nous avons gagné la première guerre du gaz”, se réjouit le gouverneur de la BNB.

La remontée des taux

Outre ce contexte macroéconomique moins grave qu’attendu, la remontée des taux en 2022 par la BCE est également très positive. Alors qu’il était encore nul en juillet, le taux auquel la BCE rémunère les réserves de liquidités que les banques commerciales mettent en dépôt auprès d’elles a en effet rapidement augmenté pour s’établir actuellement à 3%, et sans doute 4% vers le mois de juin.

“Historiquement, on constate toujours que les périodes de hausse des taux directeurs sont favorables aux profits des banques. Leurs marges d’intérêt tendent à s’accroître, surtout à moyen et long terme”, explique Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management de Paris et Lille. En clair, la différence entre le taux d’intérêt auquel les banques prêtent et celui auquel elles se refinancent s’améliore. C’est ce que montrent les résultats de BNP Paribas. Sa marge d’intérêt a progressé de 9% en 2022. C’est encore plus chez KBC où les revenus liés aux intérêts ont progressé de 16% par rapport à 2021. Pour celui qui veut acheter une maison, il faut désormais compter 3% en moyenne pour un taux fixe d’une durée supérieure à 10 ans, soit un niveau comparable à celui observé voici 10 ans. En face par contre, la hausse de la rémunération des dépôts d’épargne des particuliers “reste assez lente”, note Eric Dor.

Si Belfius a été la première grande banque à annoncer en fin d’année une augmentation du taux sur son livret, ses clients (mais aussi ceux de BNP, KBC et ING) ne doivent en effet pas s’attendre à une nouvelle amélioration de cette rémunération malgré des taux plus élevés sur le marché. Nos banquiers se montrent “prudents”…

“La gestion des taux d’intérêt au sein d’une banque est extrêmement complexe à gérer”, rétorquent-ils en substance. Peut-être, mais cette prudence agace d’autant plus qu’il faut répondre à un certain nombre de conditions pour obtenir les meilleurs taux: aller en agence pour ouvrir un nouveau compte alors que tout se digitalise, ne pas déposer plus qu’un certain montant, etc.

Effet d’aubaine

Certains vont même jusqu’à dire que le secteur profite de la situation. Info ou intox? Avec des taux qui plafonnent à 1,5% sur le livret, parquer auprès de la gardienne de l’euro l’argent qui n’est ni prêté ni investi est, il est vrai, très intéressant.

“Les réserves de liquidités accumulées par les banques de la zone euro en raison de la politique monétaire exceptionnelle et ses opérations de création de liquidités décidées par la BCE sont colossales, explique Eric Dor. Rien que pour les banques belges, elles tournent autour de 200 milliards d’euros. Si l’on applique à cette somme le taux de rémunération actuel de 3%, cela signifie que la BCE verse environ 6 milliards d’euros d’intérêts annuels aux banques en Belgique. Les revenus d’intérêt de tous les acteurs sont ainsi gonflés par ce phénomène. Et ce n’est pas fini puisque de nouvelles hausses de taux sont attendues. Cette situation particulière vient encore renforcer le phénomène classique, à savoir qu’une hausse des taux d’intérêt augmente la rentabilité des banques. Bref, il y a un effet d’aubaine terrible.” Si bien qu’il y aurait une grande hypocrisie dans les plantureux résultats de nos banques.

DES ACTIONNAIRES CHOYÉS

Avant la tempête engendrée par l’effondrement de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis, BNP Paribas, KBC, et ING ont réalisé ces six derniers mois des étincelles en Bourse. Les banques européennes sont de toute manière très peu concernées par la déconfiture de SVB. Toute la pression régulatoire que les banques de la zone euro ont connue depuis la crise, et qui a visé avec bonheur à renforcer leurs fonds propres, est arrivée à son terme.

Là où les profits ont dû pendant toute cette période être affectés à l’amélioration de la solvabilité, ils peuvent aujourd’hui être redistribués aux actionnaires. Dit autrement, les banques européennes sont beaucoup mieux capitalisées qu’à l’époque de la grande crise financière et leur liquidité s’est améliorée. Leur rentabilité a été, récemment, globalement excellente. D’où de solides dividendes et autres programmes de rachats d’actions.

Exemple chez Belfius qui versera un dividende record de 385 millions à son actionnaire l’Etat. Exemple aussi chez KBC où un dividende brut de 3 euros par action sera attribué, en plus du dividende intérimaire d’un euro déjà versé. Par ailleurs, une partie du capital excédentaire provenant de la vente des activités en Irlande devrait être utilisé pour un programme de rachats d’actions. Quant à BNP Paribas Fortis, elle proposera un dividende de 5,30 euros par action, ce qui représente un montant total de distribution de 2,9 milliards d’euros à verser à sa maison mère française.

Dit autrement, elles seraient subsidiées par la politique de taux favorable de la BCE? “Une partie, mais une partie seulement, vient de cette politique de la BCE, plaide Bernard Keppenne. Rappelons simplement que dans le passé, les banques n’ont pas pratiqué de taux négatifs à leurs clients alors qu’elles étaient pénalisées par un taux négatif auprès de la BCE. Elles ont perdu de l’argent sur les dépôts pendant un temps. Il faut aussi garder à l’esprit que la mise en place de couverture pour les dépôts pénalise les banques avec la remontée des taux. Maintenant, il est vrai qu’elles bénéficient d’un taux plus favorable”, reconnaît l’économiste de CBC.

Deux vitesses

Longtemps pénalisées par l’anomalie des taux négatifs, les banques belges peuvent se réjouir de l’envolée des taux, positive pour leurs marges. Si le contexte macro- économique moins grave explique en partie leurs bénéfices record, la remontée des taux y est en effet pour beaucoup. “Alors que les taux d’intérêt négatifs ont pesé pendant de nombreuses années sur la rentabilité, le modèle bancaire classique recommence à être viable, rappelle Jérôme van der Brugge. C’est un gros changement par rapport aux cinq dernières années. D’autant que si le modèle bancaire classique retrouve des couleurs, c’est aussi parce que les coûts continuent à être bien maîtrisés, et ce malgré l’inflation.” Et pour cause: exit le gratuit! Les taux maintenus artificiellement bas par la BCE ont conduit à facturer un maximum aux clients. Jusqu’à rendre payants un certain nombre de services qui étaient jusqu’ici gratuits (comptes, commissions, etc.).

Exit le gratuit! Les taux maintenus artificiellement bas par la BCE ont conduit à facturer un maximum aux clients.

Et puis, il y a aussi les fermetures d’agences. Ces dernières s’accélèrent depuis la crise du covid. ING envisage de diviser au moins par deux sa présence physique. Peter Adams, CEO, estime que seulement 150 à 200 agences seront nécessaires dans les prochaines années pour couvrir le territoire, contre environ 400 actuellement. Idem chez BNP Paribas Fortis qui continue à optimiser son réseau de proximité physique en s’appuyant sur celui de bpost banque rachetée l’an dernier. A partir de début 2024, les services bancaires de base (baptisés Easy Access) seront ainsi accessibles aux clients via les 650 bureaux de poste du pays tandis que les agences de BNPP Fortis (au logo vert) seront alors orientées sur le conseil d’experts sur rendez-vous (formule Advice).

C’est la banque à deux vitesses. La tendance est en effet générale. Les petites agences ferment. Celles qui restent deviennent plus grandes, le plus souvent uniquement accessibles sur rendez-vous, avec plus de personnel et réservées à des opérations spécialisées comme demander un prêt hypothécaire ou un conseil en placement.

Pour les opérations de base, il faut se contenter d’un contact à distance (téléphone, appli). Les chiffres sont là. Chez Belfius, l’application compte désormais 1,9 million d’utilisateurs quotidiens tandis qu’ING a enregistré l’an dernier un nombre record de 673 millions de sessions digitales et que 80% des clients utilisent des solutions digitales chez BNP Paribas Fortis.

Beaucoup de choses, il est vrai, ont été automatisées, note Anthony Wolf, associé au sein du cabinet de conseil Sia Partners. Les banques ont dû apprendre à vivre avec des taux bas pendant quasiment 10 ans. Elles ont dû se réinventer pour réduire les coûts et trouver d’autres sources de revenus. Les offres d’investissement en ligne se sont étoffées. La banque privée a pris de l’ampleur. Le leasing est devenu plus important. Les clients professionnels sont mieux encadrés. Bref, les banques sont devenues plus efficaces et plus rapides. C’est tout cela qui fait leur succès aujourd’hui”, juge le consultant.

Bon baromètre

Bien entendu, pour justifier tout ce qui précède, les banquiers ont appris à parler à la presse. “Alors que les médias évoquent à longueur de journée les difficultés des uns et des autres, ils nous rappellent que ces super-profits permettent de continuer à soutenir l’économie et d’accompagner les clients dans leurs projets”, pointe Anthony Wolf.

Mais comment expliquer, au juste, qu’elles n’affichent aucun retard de payement, que ce soit pour les crédits hypothécaires ou pour les prêts aux entreprises, alors que pas mal de PME et de ménages souffrent. C’est toute la différence entre ce qui se passe sur le plan microéconomique et sur le plan macroéconomique. Si certains ménages et entreprises font les frais des aléas de la crise, la situation reste globalement bonne, comme l’explique le CEO de BNP Paribas Fortis Michael Anseeuw dans l’entretien qu’il nous a accordé (liré l’encadré “Les entreprises et les ménages ont fait preuve d’une grande adaptabilité”).

“En fait, si je résume 2021 et 2022, qui ont été de bonnes années malgré les crises, les banques reflètent la bonne tenue de l’économie et sont dès lors un bon baromètre, observe Bernard Keppenne. On pourrait même dire qu’elles ont été un meilleur baromètre en 2022 que les marchés boursiers. Jusqu’à présent, les faillites n’ont pas explosé comme on pouvait le craindre grâce aux mesures de soutien du gouvernement. De plus, l’année passée, il ressort de plus en plus que la majorité des entreprises ont augmenté leurs marges en profitant de la hausse généralisée des prix. Par contre, on constate une baisse des demandes de crédits hypothécaires depuis quelques mois et les crédits aux entreprises diminuent aussi sous l’effet d’une réduction des investissements et de la prudence de ces dernières. Et les banques observent ce ralentissement économique.” Conclusion: il est vrai que vu leurs énormes réserves auprès des banques centrales, les banques profitent pour le moment très fort de la hausse des taux alors que ce resserrement de politique monétaire est de nature à déprimer l’activité. Mais globalement, leur performance reste assez bien en phase avec le cycle de l’économie. Méga-profits ou pas…

MICHEL HANSEEUW (CEO de BNP Paribas Fortis):
“Les entreprises et les ménages ont fait preuve d’une grande adaptabilité”

“Tous les segments d’activité (la banque de détail, l’assurance, le leasing) ont contribué à la progression des revenus en 2022. Avec une production nouvelle de crédits de 40 milliards l’an dernier et un portefeuille total qui s’élève désormais à 150 milliards, BNP Paribas Fortis est véritablement le moteur de l’économie belge.

Outre cette capacité à prêter, l’autre élément qui explique notre bonne performance commerciale et financière en 2022, c’est le coût du risque et l’absence de mauvais crédits. Ils restent à des niveaux historiquement bas. C’est typique du marché en Belgique. Les entreprises sont pragmatiques et font preuve d’une grande agilité. Elles savent s’adapter. Ceci ne veut pas dire que certaines d’entre elles, dans certains secteurs particulièrement touchés par l’inflation et la crise de l’énergie, ne souffrent pas.

C’est la même chose que pendant la crise du covid. Certains secteurs ont connu des difficultés et d’autres beaucoup moins. Mais globalement, comme en 2020, les entreprises ont fait preuve d’une grande adaptabilité l’an dernier. Comme les ménages d’ailleurs. Il est clair que certaines familles éprouvent des difficultés. Mais les mesures de soutien de l’Etat et l’indexation des salaires leur donnent du souffle et soutiennent la consommation.

Le peu de défaut sur les prêts hypothécaires s’explique aussi par le fait que beaucoup sont à taux fixe. Cela veut dire que la mensualité ne bouge pas et devient proportionnellement moins importante dans le budget des ménages vu la hausse du coût de la vie. Pour autant, il faut rester prudent et ne pas s’attendre à un retour à la normale rapide. Certes, la récession attendue en fin d’année ne s’est pas produite et n’a pas l’air de s’être déplacée en ce début d’année. Mais la situation reste fragile, notamment à cause des tensions géopolitiques. Raison pour laquelle nous voyons davantage 2023 comme une année de transition. Ce n’est qu’à partir de 2024 que nous reviendrons probablement dans un environnement que je qualifierais de new going concern avec une croissance de 1% environ.”

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