La Banque nationale pourrait perdre jusqu’à 9 milliards d’euros dans les années à venir
La Banque nationale de Belgique (BNB) subira une perte de 600 à 800 millions d’euros cette année, une première depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est possible que les pertes se poursuivent ensuite jusqu’en 2027, pour atteindre un total de 9 milliards d’euros, a-t-elle averti mardi dans un communiqué au marché. Elle a dès lors décidé de ne pas verser de second dividende pour l’exercice 2022.
En septembre dernier, la BNB avait déjà mis en garde en septembre contre des pertes cette année et dans les années à venir. Maintenant que la fin de l’année est en vue, l’impact pour l’exercice en cours a pu être estimé plus concrètement. La banque s’attend ainsi à une perte comprise entre 600 et 800 millions d’euros. Le résultat final pourrait encore différer, a-t-elle précisé, “en fonction des portefeuilles valorisés à la valeur de marché que détient la Banque”.
En raison de la perte attendue, les réserves financières constituées au cours des dernières années, qui s’élèvent actuellement à 7,08 milliards d’euros, devront être utilisées pour la première fois à la fin de cet exercice.
Des pertes sont en outre également attendues dans les années à venir. Sur base des attentes actuelles du marché, la BNB estime qu’elle en subira jusqu’à l’exercice 2027 inclus. “Si un tel scénario venait à se concrétiser, ce qui, encore une fois, est entouré d’une grande incertitude, à composition du bilan inchangée, cela entraînerait des pertes totales d’un montant de l’ordre de 9 milliards d’euros sur cette période.”
Pas de problème de stabilité
Si toutes ces pertes venaient à consommer les amortisseurs financiers, cela ne poserait toutefois pas de problème pour la stabilité de la Banque nationale, assure-t-elle. “En effet, une banque centrale peut fonctionner, à tout le moins temporairement, en ayant une position de capital négative.”
Les pertes attendues sont dues aux récentes augmentations des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), explique encore la BNB. “Les charges d’intérêts sur les dépôts que les établissements de crédit détiennent auprès de la Banque ont augmenté, alors que les actifs, le plus souvent à long terme, qui composent ces portefeuilles étaient assortis de rendements bas lorsqu’ils ont été acquis”, développe-t-elle.
Une forte hausse des taux d’intérêt dont vont pâtir les actionnaires
Une forte hausse des taux d’intérêt dont vont pâtir les actionnaires de la Banque nationale, dont l’action avait déjà perdu un quart de sa valeur au lendemain de l’avertissement de septembre. L’institution, dont l’Etat belge détient 50% des parts, a en effet décidé de ne pas verser de second dividende pour l’exercice 2022. Le premier, de 1,50 euro par action, est lui couvert à la fois par la réserve disponible et par le fonds de réserve, même lorsque le résultat annuel est négatif, justifie-t-elle.
Le second dividende est, pour sa part, couvert par la réserve disponible, à moins qu’un prélèvement sur cette dernière ne conduise à un niveau de réserves insuffisant pour couvrir les risques estimés. “Les objectifs de solidité et d’indépendance financière de la Banque priment”, insiste la BNB.
“Comme l’on s’attend avec un degré élevé de certitude à ce que l’estimation des risques financiers à la date du bilan dépasse le niveau des amortisseurs financiers (7,08 milliards d’euros, à diminuer des pertes à apurer sur l’exercice 2022), l’application de la politique de dividendes du Conseil de régence de la Banque ne laisse pas de marge de manoeuvre pour verser un second dividende pour l’exercice 2022.”