Comment la débâcle de Credit Suisse écorne l’image de la Suisse

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© Belga

Le rachat de Credit Suisse par UBS laisse la place financière helvétique dans une crise de confiance sans précédent. Une débâcle qui avait déjà commencé bien avant les déboires de l’institution bancaire.

Le rachat de la banque Credit Suisse par UBS pour 3 milliards de francs suisses porte un coup dur à la réputation de la Suisse comme place forte de la finance et des investissements. La chute de la deuxième plus grande banque du pays vient enfoncer encore un peu plus le secteur bancaire helvétique. Un déclin déjà amorcé en 2009, avec la fin du secret bancaire, retrace Le Monde.

La perte du joyau économique est un désastre économique, mais aussi identitaire, avance de son côté le quotidien Le Temps. Le pays se retrouve fragilisé comme jamais. L’ambassadeur des États-Unis en Suisse, Scott Miller, a des mots forts, d’une rare sévérité, dans une interview accordée au quotidien suisse NZZ : «la Suisse traverse sa plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale».

«la Suisse traverse sa plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale»

L’ambassadeur des États-Unis en Suisse, Scott Miller

Une seule grande banque

La réputation de la Suisse, jadis forteresse bancaire, a en effet été fortement écornée ces derniers jours. Avec en point d’orgue le rachat de l’institution bancaire historique Credit Suisse par UBS, créant dans la foulée un mastodonte du secteur.

La disparition de l’établissement qui allait fêter ses 170 ans ne laisse plus qu’une seule grande banque dans le paysage ravagé de la finance suisse. Il y en avait encore trois en 1997.

« La banque servait à l’époque à financer l’économie, à tramer le tissu industriel. Elle a participé à l’édification d’un véritable paradis bancaire, parmi les plus riches du monde, sans une goutte de pétrole ni aucune matière première sur son territoire », commente Le Monde.

« Pas un traumatisme »

Pourtant, selon l’historien de la finance Tobias Straumann cité par le média français, le revers retentissant essuyé par Credit Suisse n’est pas à proprement parler un traumatisme.

« Le choc initial a eu lieu en 2008, avec le sauvetage d’UBS par l’État, puis avec l’abandon, à partir de 2009, du secret bancaire, sous la pression américaine.

Tobias Straumann

« Le choc initial a eu lieu en 2008, avec le sauvetage d’UBS par l’État, puis avec l’abandon, à partir de 2009, du secret bancaire, sous la pression américaine. C’est sur ce pilier, et sur les malheurs des autres – les deux guerres mondiales, suivies de la guerre froide –, que la Suisse avait bâti une place financière aux allures de forteresse, totalement surdimensionnée par rapport à la taille du pays. Or, ce système est en voie de normalisation accélérée depuis quinze ans. L’élite zurichoise ne le voit pas, ou plutôt refuse de l’admettre, mais elle joue déjà en deuxième division comparée à des places comme Londres. »

Le fiasco de Credit Suisse entraine avec elle la menace de la perte de milliers d’emplois. La banque employait 12.000 personnes dans le canton. Ce qui n’a pourtant pas empêché son président Axel Lehmann, de confirmer que les bonus seraient maintenus en 2023, « comme prévu », entre autres, pour ne pas démotiver le personnel. De quoi provoquer l’écœurement des autorités politiques et des épargnants et écorner encore un peu plus son image. 

Un acteur important dans le monde bancaire

Du fait de sa longue tradition de confidentialité et de discrétion, la Suisse est toujours considérée comme un acteur important dans le monde bancaire, ce qui a attiré des clients du monde entier, y compris des personnes fortunées et des entreprises internationales. Cependant, au fil des ans, la place de la Suisse dans le monde bancaire a subi des changements importants en raison de divers facteurs tels que les évolutions réglementaires internationales, la pression croissante de la transparence fiscale, la concurrence croissante de centres financiers émergents et les scandales financiers. Malgré ces défis, la Suisse continue de jouer un rôle important dans le monde bancaire et reste l’un des plus grands centres de gestion de fortune au monde, avec de nombreuses banques privées.

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