Bernard Keppenne (CBC) : “On a sauvé les déposants mais pas les actionnaires ni les créanciers”

Bernard Keppenne.
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Pour l’économiste de la banque CBC, c’est le principal enseignement à tirer de la tempête bancaire de ces derniers jours.

Alors que les choses semblaient se calmer ce lundi pour les banques en Bourse, Bernard Keppenne, chief economist de CBC, note que la débâcle de 2008 a servi de leçon face à l’affaire Credit Suisse et la crise bancaire qui a démarré il y a quelques jours aux Etats-Unis. 

Quel est le principal enseignement à tirer du rachat de Credit Suisse par UBS?

Comme l’ont précisé les autorités suisses, et la ministre des Finances, il ne s’agit pas d’un bail out, d’un sauvetage de la banque, mais bien d’un sauvetage des clients de la banque. Les actionnaires et une partie des créanciers portent les pertes. Que ce soit pour Credit Suisse ou la Silicon Valley Bank (SVB), c’est d’ailleurs le même principe qui a été appliqué : on a sauvé les déposants mais pas les actionnaires ni les créanciers. 

On a donc appris de la crise de 2008?

Aux Etats-Unis comme en Europe, les autorités politiques et monétaires ont bien compris qu’elles ne pouvaient plus faire les mêmes erreurs qu’en 2008. Ce ne sont pas les Etats et les contribuables qui prennent les pertes aujourd’hui mais bien les actionnaires et les détenteurs d’obligations. Aucune recapitalisation par les pouvoirs publics n’a eu lieu. Dans le cas de SVB, les dépôts sont garantis mais la banque va être liquidée. Elle va disparaître du paysage. Dans le cadre du rachat de Credit Suisse, ce sont les détenteurs de certaines obligations, les fameuses obligations de type “AT1” (obligations qui peuvent être converties en actions, ndlr), qui sont les grands perdants de l’opération. Celles-ci sont valorisées à zéro alors qu’elles valaient encore 17 milliards de dollars avant le week-end.

A-t-on évité le pire ?

Clairement. Des décisions efficaces et rapides ont été prises. D’énormes liquidités ont été injectées pour calmer les esprits et éviter une crise systémique comme en 2008.  Du moins pour le moment. Car la fusion entre UBS et Credit Suisse crée un mastodonte bancaire qui constitue un risque systémique encore plus important pour l’avenir. Il faut en être conscient.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content