UBS – Credit Suisse : naissance d’une méga-banque encore plus too big to fail

Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

En unissant les destinées de ses deux géants bancaires, la Suisse donne naissance à un mastodonte dont le poids équivaut à deux fois le PIB du pays.

En perdition, Credit Suisse a donc vu son sort scellé en un week-end. Too big to fail (trop grosse pour faire faillite), la deuxième banque helvétique est avalée par le premier groupe bancaire du pays, son éternel rival UBS, pour trois milliards d’euros, alors qu’elle en valait sans doute plus. Voulue par les autorités suisses, qui n’avaient à vrai dire pas beaucoup d’autres choix que de sauver le deuxième établissement bancaire du pays, l’opération donne naissance à une méga-banque qui totalise plus de 5.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion et dont le staff se montera à… 125.000 personnes !

Deux voiles

Fondée à Zurich il y a 167 ans, Credit Suisse est en effet un monument de la banque suisse. Son histoire est intimement liée à l’industrialisation du pays. Elle remonte à la création en 1856 par Alfred Escher, homme politique et entrepreneur suisse, de la Schweizerische Kreditanstalt (ou Credit Suisse) pour assurer le financement de la construction des chemins de fer suisses. Au fil des années, la banque aux deux voiles participe également au rayonnement de la place financière de Zurich, avant de se développer en dehors de ses frontières via divers rachats, notamment aux Etats-Unis (First Boston en 1990), ce qui lui permettra de devenir un géant bancaire international. Un géant qui depuis le début des années 2000 est confronté à de multiples et récurrents problèmes, dont divers scandales (faillite de la société de services financiers Greensill, implosion du fonds américain Archegos) et qui accuse une perte de 7,3 milliards de francs à l’issue de l’année écoulée.

… et trois clés

Plus vieille banque helvétique, née en 1854 de la fusion de plusieurs établissements bancaires, UBS (pour l’Union de banques suisses) fait également partie de l’histoire financière de la Confédération. Comme Credit Suisse, elle a aussi dans le courant des années 2000 connu pas mal de déboires qui ont écorné son image (affaire Madoff, scandale d’évasion fiscale). Désormais numéro un mondial de la gestion de fortune, le groupe aux trois clés a néanmoins réussi à dégager un bénéfice net de 7 milliards d’euros l’an dernier.

Au final, le nouvel ensemble affichera un bilan dont la taille s’élèvera à 1.600 milliards de francs suisses, soit deux fois le PIB du pays des montagnes, des horloges et du gruyère. Bref, une méga-banque encore plus too big to fail que Credit Suisse.

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