Comment éviter la panique bancaire et mieux protéger les épargnants ?
L’Europe veut davantage se préparer au phénomène de “bank run” qui a conduit à la faillite de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis en mars dernier. Le mécanisme de résolution unique (MRU) est aujourd’hui jugé trop faible.
Les retraits massifs de dépôts sont une menace réelle et mortelle pour les banques. La faillite éclair de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB) en mars, provoquée par des retraits importants et simultanés de la part de ses clients, a remis sur le devant de la scène le phénomène de “bank run”, ou panique bancaire. Il survient quand une institution bancaire malgré les importantes sommes d’argent qu’elle gère, n’a pas les liquidités nécessaires pour rembourser tous ses clients si ceux-ci décident soudainement de retirer tout leur argent. Même si rien ne justifie une telle panique, il suffit que des rumeurs et des craintes émergent pour que la machine s’emballe et que le système s’effondre.
L’Autorité bancaire européenne (ABE) souhaite doter le mécanisme de résolution unique (MRU) d’une plus grande puissance pour mieux gérer les banques en difficulté. Le but étant d’éviter ces « bank run » et de mieux protéger les dépôts des épargnants.
L’Union bancaire a été créée en 2014 en réponse à la crise financière et des dettes souveraines. Elle repose actuellement sur deux piliers: un système de supervision centralisé des banques (mécanisme de supervision unique) et des règles unifiées sur la résolution, la manière de liquider de manière ordonnée une banque défaillante en affectant le moins possible le contribuable et l’économie réelle (mécanisme de résolution unique, MSU). L’Union bancaire devrait reposer sur un troisième pilier: un mécanisme de protection unique des dépôts.
Selon Dominique Laboureix, président du Conseil de résolution unique (CRU), qui s’exprime dans le Financial Times, si une crise devait survenir dans la zone euro, cela poserait problème. « Si nous sommes confrontés à une décision de résolution au cours d’un week-end, nous ne pouvons pas dire ‘OK, demandons à la banque centrale d’accorder une ligne de liquidité soutenue par une garantie du gouvernement‘”, avance-t-il. “Ce n’est pas possible dans le contexte européen. »
“L’idée est d’être beaucoup plus puissant parce que nous pensons que dans des circonstances exceptionnelles, il serait préférable que nous ayons un peu plus de solutions [en matière de liquidités]”, poursuit Laboureix dans le quotidien économique. Il souligne toutefois que “dans la majorité des cas, nous avons déjà des ressources suffisantes“.
Le Conseil de résolution unique souhaite que la Banque centrale européenne accepte de financer les banques en résolution, en s’appuyant éventuellement sur une garantie de l’État européen.
Maintenir la confiance des épargnants
Offrir des liquidités à une banque en difficulté est l’un des principaux outils permettant de maintenir la confiance des déposants et de réduire le risque d’une ruée sur les banques en rassurant les clients sur le fait qu’ils peuvent retirer leur argent s’ils le souhaitent.
L’Europe travaille sur des mesures supplémentaires pour protéger les contribuables en cas de crise bancaire. Il devrait ainsi être plus facile pour une banque menacée de transférer les dépôts de ses clients vers une banque saine. Une banque en difficulté devrait aussi être liquidée plus facilement, sans devoir faire appel à l’argent des contribuables.
Jeudi dernier, la Banque Nationale suisse (BNS) a appelé à travailler sur de meilleures réglementations pour aider à soutenir les banques systémiques en cas de crise bancaire. Elle a aussi averti que les règles mondiales existantes en matière de capital et de liquidité étaient insuffisantes. La Banque d’Angleterre est occupée de son côté, à revoir son cadre de résolution des petites banques et son système d’assurance des dépôts à la suite de la crise.
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