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Une délation à 104 millions de dollars

Seriez-vous prêt à passer 40 mois en prison avec la certitude qu’en sortant, vous allez récupérer la bagatelle de 104 millions de dollars ?

C’est ce qu’on appelle une proposition indécente. Tout comme dénoncer ses camarades de jeux est considéré comme une vilenie, sauf, si vous vous appelez Bradley Birkenfeld et que vous êtes un ancien gérant de fortune d’une très grande banque suisse. Cet ancien cadre bancaire a aidé une vingtaine de grosses fortunes américaines à frauder le fisc pour le compte de son employeur suisse. Tout cela s’est passé entre les années 2002 et 2004.

Je ne connais pas les raisons qui l’ont poussé à changer d’avis, mais toujours est-il qu’en 2007, cet ancien cadre bancaire dénonce les pratiques de la banque suisse pour laquelle il travaille au fisc américain. A l’époque, il espérait négocier l’amnistie fiscale qui est généralement garantie aux délateurs, et qu’aux Etats-Unis, on nomme les “whistleblowers”, les “lanceurs d’alerte”, ce qui fait plus chic, mais n’en reste pas moins de la délation !

Résultat des courses : Bradley Birkenfeld est condamné à 40 mois de prison. Au mois d’août dernier, après 30 mois seulement, il est sorti de prison en empochant de la part du fisc américain 104 millions de dollars pour sa délation.

Le fisc américain a réalisé une très bonne affaire, car non seulement la banque en question a payé 780 millions de dollars d’amende, mais en plus, suite à cette dénonciation, certains fraudeurs se sont dénoncés eux-mêmes au fisc américain, et c’est ainsi que plus de 5 milliards de dollars ont pu être récupérés par le fisc américain. Cette délation a donc été le “placement” le plus juteux de l’histoire du gouvernement américain. En Suisse, les banques locales sont encore plus inquiètes que par le passé – l’appât du gain pourrait en effet susciter d’autres vocations, et alors c’est bye, bye le secret bancaire.

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