Qui est Daniel Ek, le patron secret de la “licorne” Spotify?

Daniel Ek, CEO de Spotify. © ISOPIX

Il a porté la musique au pinacle du capitalisme financier : Daniel Ek est devenu richissime en faisant entrer Spotify à la Bourse de New York, “rêve américain” d’un enfant secret de la Suède ouvrière.

Visage mafflu, cheveu rare, baskets et veste sur t-shirt imprimé, le milliardaire cultive sa mise de trentenaire urbain qui l’apparente moins à un locataire de Wall Street qu’à un “geek” nourri à la social-démocratie et aux boulettes de viande. Avare de déclarations publiques, discret, aussi indéchiffrable que les comptes de Spotify et ses montages financiers qui mènent de Suède à Chypre en passant par le Luxembourg, Daniel Ek – son nom signifie “chêne” – colle au récit miraculeux de son entreprise.

“Il est timide, vient d’un milieu ouvrier, de Rågsved (une banlieue de Stockholm), s’est très jeune intéressé aux ordinateurs et à la musique. Le porte-drapeau idéal”, analyse pour l’AFP Pelle Snickars, coauteur d’un essai sur Spotify à paraître intitulé “La licorne suédoise”, du nom de ces startups non cotées valorisées au-delà du milliard de dollars.

La légende séduit rapidement investisseurs, consommateurs et salariés.

“Il est assez suédois dans ses valeurs : on ne le voit pas en couverture des magazines aux côtés de célébrités, il n’est pas très porté sur la hiérarchie et n’hésite pas à mettre en valeur ses collaborateurs”, note Pelle Snickars.

– Pactole –

Sur son compte Twitter, le Suédois, désigné l’an dernier “personnalité de l’industrie musicale la plus puissante” par le magazine américain Billboard et novice dans le top 100 des personnalités les plus influentes de la planète établi par The Times, distille une pensée zen, entre Sénèque et Lao Tseu.

“Ni les succès, ni les échecs ne sont pour moi les plus grands enseignements, mais la prise de conscience que, quel que soit le passé, il y a toujours de nouvelles choses à apprendre”, écrit-il. Ou encore : “Passion, persévérance et détermination donnent souffle à nos rêves jusqu’à ce qu’ils deviennent réalité”. Pour les uns, il est ce visionnaire génial qui a révolutionné la distribution et l’écoute de la musique. Pour les autres, un marchand qui exploite les créateurs sans les rétribuer équitablement.

Mais il est une qualité sur laquelle le Suédois né en 1983 rassemble tous les suffrages : son sens aigu des affaires qui a fait de l’introduction en Bourse de Spotify mardi à New York l’événement de l’année sur la place américaine alors même que cette plate-forme n’a jamais été bénéficiaire depuis sa création en 2006. Avec 9,2% du capital – et 37,3% des droits de vote selon les sources du secteur -, Daniel Ek est potentiellement assis sur un pactole de 2,4 milliards de dollars.

– Récit romancé –

Dans leur essai, Pelle Snickars et Rasmus Fleischer s’emploient à démonter une partie du mythe associé à leurs yeux à la création de Spotify et à ses concepteurs.

Ils font notamment pièce à l’idée selon laquelle Spotify a été fondé pour lutter contre le piratage et obliger les consommateurs à payer pour la musique. En réalité, écrivent-ils, “l’idée de départ était de vendre de la publicité”, quel que soit le contenu associé.

Dans le récit “romancé” de son ascension, Ek “incarne une passion plus grande que l’argent”.

Avec le cofondateur de Spotify, Martin Lorentzon, ils pourraient “aussi bien vendre des crèmes pour la peau”, affirme Pelle Snickars. “Aucun d’entre eux n’avait d’expérience dans le milieu professionnel de la musique. Ce qu’ils avaient en commun, c’est qu’ils venaient tous les deux de l’industrie de la publicité numérique”.

Ce qui n’enlève rien par ailleurs au succès de leur entreprise et à leurs qualités d’hommes d’affaires.

A une réserve près : “On peut se demander si cette aversion pour la lumière est compatible avec la fonction d’un patron d’entreprise cotée aux Etats-Unis”, Daniel Ek n’ayant pas même fait sonner la cloche au moment de l’entrée retentissante de Spotify à Wall Street, relève Pelle Snickars.

Sur Twitter, Daniel Ek a salué dans un nouvel aphorisme les obligations de communication qui sont désormais les siennes vis-à-vis de ses actionnaires et du gendarme boursier : “La transparence favorise la confiance”.

Daniel Ek a épousé en 2016 sur les rives du lac de Côme en Italie sa compagne et mère de leurs deux enfants, Sofia Levander, en présence notamment de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook.

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