Bernard Arnault, l’empereur du luxe, redoutable en affaires. Portrait

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Première fortune d’Europe et quatrième mondiale selon le magazine américain Forbes, le patron de LVMH, Bernard Arnault, 63 ans, a bâti en vingt ans le premier empire mondial du luxe, à coups d’opérations qui ont forgé sa réputation d’homme d’affaires redoutable.

Derniers coups magistraux en date: le rachat l’an dernier de Bulgari, une des rares opportunités prenables dans le secteur, et l’entrée fracassante à l’automne 2010 au capital d’Hermès, dont il détient désormais plus de 22%. L’opération, réalisée à la grande colère des héritiers de la maison parisienne aux célèbres sacs et carrés de soie, tourne aujourd’hui à la bataille judiciaire depuis une plainte d’Hermès pour délit d’initié, à laquelle LVMH a riposté mardi en annonçant à son tour des poursuites.

A ceux qui le traitent de prédateur, M. Arnault répond que “les affaires sont comme un match de tennis: on se bagarre et après on se serre la main”.

Regard bleu acier, silhouette longiligne, l’homme est “un personnage réservé qui fonctionne à la raison”, déclare à l’AFP l’essayiste Alain Minc, proche de François Pinault, ex-PDG du groupe PPR contre lequel M. Arnault s’est battu en vain pour le contrôle de Gucci à la fin des années 1990.

L’un de ses meilleurs amis, le milliardaire belge Albert Frère, rencontré il y a une trentaine d’années, assure pour sa part à l’AFP que M. Arnault a “énormément d’humour”.

Né le 5 mars 1949 à Croix, près de Roubaix, M. Arnault assure, à sa sortie de Polytechnique, le développement de l’entreprise de bâtiment et travaux publics de son père.

Après la victoire de la gauche en 1981, ce libéral convaincu s’exile aux Etats-Unis. Il rentre en France trois ans plus tard et cherche un projet d’entreprise à la hauteur de son esprit de compétition.

Avec la bénédiction du Premier ministre de l’époque, le socialiste Laurent Fabius, il reprend les textiles Boussac, criblés de dettes. Leur remise à flot se fait au prix d’un plan social drastique et de la cession d’une grande partie des activités. M. Arnault garde le joyau du groupe, la maison de couture Christian Dior.

Sa réputation de prédateur grandit à la fin des années 1980 quand il s’arroge la présidence de Louis Vuitton-Moët Hennessy à la hussarde, profitant des dissensions entre les dirigeants des deux maisons pour l’emporter au terme d’un long combat juridico-financier.

Mode, champagnes, parfums: 20 ans plus tard, LVMH truste une soixantaine de marques (Givenchy, Fendi, Céline, Hublot, Tag Heuer, Château d’Yquem, Veuve Clicquot, Hennessy, Sephora) et emploie près de 100.000 personnes dans le monde pour des ventes qui ont dépassé 23 milliards d’euros l’an dernier.

Le credo du patron: innover tout en préservant l’histoire des maisons, atout essentiel pour conquérir les marchés mondiaux. “S’il était seulement un raider financier, il aurait scindé son groupe en deux depuis longtemps entre le luxe et l’alcool”, estime Alain Minc, pour qui “la volonté de construire un empire est déterminante chez lui”.

Bernard Arnault et François Pinault “utilisent la finance pour bâtir l’empire de leurs rêves”, résume l’essayiste, proche de Nicolas Sarkozy.

Le patron de LVMH connaît bien lui aussi l’ancien chef de l’Etat: il était l’un des convives de la soirée du Fouquet’s au soir de son élection en mai 2007.

Pianiste émérite, Bernard Arnault fait également partie des grands mécènes français. Son prochain grand projet, mêlant art et architecture, est la “Fondation Louis Vuitton pour la création”, en région parisienne.

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Trends.be avec Belga

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