Vers le coaching global et interculturel

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Il fait partie des pionniers belges diplômés en coaching. Philippe Rosinski, premier européen ” master certified coach ” par l’International Coach Federation, pose un regard sur l’essor actuel des programmes de transformation, qu’ils soient individuels ou appliqués à des équipes. Il est temps, estime-t-il, de ” transcender le coaching classique pour l’ouvrir à une vision plus globale et en y intégrant la dimension interculturelle “.

Quel est l’impact réel des programmes de coaching que peut s’offrir une entreprise ou un individu à titre personnel ? ” C’est la vraie question “, clame depuis plusieurs années déjà Philippe Rosinski. ” Souvent, cet impact n’est pas au rendez-vous, remarque-t-il. J’ai l’occasion d’épauler beaucoup d’entreprises en Belgique et le constat est plutôt largement partagé : le bénéfice n’est pas à la hauteur des efforts consentis. Pour le dire plus simplement, les équipes n’ont pas l’impression d’en avoir eu pour leur argent. L’objectif à atteindre est une transformation réelle et durable des individus. ”

La méthode que cet ingénieur civil de formation propose n’est pas neuve puisque son premier livre, qui fait référence aujourd’hui, est sorti en 2010 sous le titre Global Coaching. ” Les constats faits à l’époque sur la complexité de ce monde, l’accélération du temps, la pression toujours plus grande sur les entreprises sont plus que jamais d’actualité, explique-t-il. Ce coaching pris dans une dimension globale me semble être la voie à suivre pour obtenir de vrais résultats. ” Une vision qui lui a permis de recevoir en février de cette année le Global Training & Development Leadership Award au 25e World HRD Congress à Bombay.

Les six piliers de cette méthode

Cela peut paraître exigeant au premier abord mais prendre en compte ces six dimensions est le gage de réussite pour le coach, nous dit-il. ” Il s’agit de considérer la mise en place de programmes de coaching en prenant tous les aspects qui fondent l’être humain. Sa psychologie, son physique, sa spiritualité, sa culture, ses relations de pouvoir et in fine son leadership. Pour être un bon leader, il faut être capable de nouer des relations constructives avec ses collaborateurs. On est là dans une dimension plus psychologique. Il faut être au mieux dans son corps et son esprit. Etre en phase avec ses valeurs, avoir le sentiment que son action a du sens. On touche donc ici aux dimensions physique et spirituelle. L’aspect politique sera abordé à partir des envies légitimes de chacun d’augmenter son pouvoir au coeur de son entreprise. Ces six dimensions sont reliées les unes aux autres et doivent être considérées comme un ensemble qui va permettre d’obtenir une satisfaction sur le long terme et un changement profond du leadership en entreprise. A partir de là, il n’y a pas de méthode unique. Chaque demande, qu’elle vienne d’une entreprise ou d’une personne seule, devra être traitée de manière singulière avec à chaque fois la mise en place d’un programme bien spécifique. ” Voilà pour le cadre. Sur le terrain, il existe une somme importante d’outils pour animer et baliser ces programmes de changement. ” Il n’y a pas d’outil miracle, poursuit Philippe Rosinski. Ce sur quoi j’attire l’attention, c’est cette vision globale à avoir et ne pas se contenter d’un coaching qui serait trop classique. ”

Le cas de l’entreprise américaine WEX

Quand on lui demande quel est l’exemple de réussite emblématique de cette méthode, Philippe Rosinski évoque cette multinationale américaine active sur le marché des solutions de paiements Wright Express Corporation (WEX). ” J’ai mis en place avec une collaboratrice sur place un programme de coaching pour les seniors executives, détaille l’expert. Un séminaire d’une semaine a permis de lancer le programme qui s’est ensuite poursuivi sur un an. Aujourd’hui, j’ai formé des personnes sur place qui ont pris le relais de ce chemin de transformation. Les résultats obtenus peuvent être mesurés notamment dans les entretiens individuels qui ont été menés et au cours desquels de nombreux employés ont témoigné du réel changement. Tous disent qu’il y a eu une amélioration significative dans la façon dont chacun se perçoit sur le lieu de travail. Il y a actuellement également trois fois plus de promotions en interne, trois fois plus de collaborateurs qui se disent engagés et qui expriment le désir d’évoluer dans l’entreprise. Le niveau d’engagement dans les entreprises belges tourne toujours autour des 12 %. Ce sont des chiffres qui ne sont pas bons. J’aimerais pouvoir développer ici des programmes similaires à ceux que je propose à l’étranger. ”

Marier le coaching et l’interculturel

Penser global donc, et puis prendre en compte les diversités culturelles des individus. ” Il ne s’agit pas ici de parler uniquement des différences entre un Français et un Japonais, par exemple, mais d’aller plus loin et d’aborder tout ce qui est de nature à faire la différence, précise Philippe Rosinski. Le genre, l’âge, le tempérament, les fonctions au sein des entreprises, les hiérarchies, etc. Je suis évidemment marqué par les enseignements d’une personne comme Kenichi Ohmae, figure japonaise influente sur les questions des stratégies des entreprises, défenseur de la mondialisation qui a compris qu’une réussite passait nécessairement par la compréhension des diversités culturelles. Je regrette qu’il n’y ait pas en Belgique dans notre enseignement des cours basés sur cette interculturalité managériale. Pour moi, la diversité est l’antidote contre l’appauvrissement dû à un conformisme de la pensée. Cela mérite d’être enseigné chez nous. Ma contribution en la matière est la conception d’un outil : le COF (cultural orientations framework) assessment. Il s’agit d’un questionnaire qui va permettre d’identifier ce qu’on appelle l’orientation culturelle, c’est-à-dire cette propension à penser, à ressentir et à agir selon un mode culturellement déterminé. Cet outil sera notamment utile dans des programmes d’accompagnement pour des fusions et acquisitions. ”

Un premier séminaire ouvert au public sur ces dimensions du coaching global et interculturel est organisé en octobre prochain. ” Ce sera en République tchèque, précise Philippe Rosinski. J’aimerais en proposer un prochainement en Belgique mais comme dit l’adage, nul n’est prophète en son pays. ”

FABRICE LAMBERT

” J’ai l’occasion d’épauler beaucoup d’entreprises en Belgique et le constat est plutôt largement partagé : le bénéfice du coaching n’est pas à la hauteur des efforts consentis. ” Philippe Rosinski, ” managing director ” de Rosinski & Company

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