La croissance pétillante des eaux aromatisées

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Les consommateurs se détournent des sodas sucrés ? Pas de problème, les minéraliers ont trouvé de quoi les alpaguer. Avec leurs eaux pétillantes aromatisées, Spadel, Coca-Cola, Nestlé, Danone et consorts tentent une diversification aux marges prometteuses.

Leurs bouchons multicolores égaient les rayons ” eaux ” de nos grandes surfaces. Depuis quelques années déjà, les eaux aromatisées enregistrent des performances remarquables. Et cela ne semble pas près de s’arrêter. En septembre, le segment affichait encore des taux de croissance impressionnants : + 35,8 % en valeur, + 39,4 % en volume. Si cet ” îlot ” ne représente que 3,8 % d’un marché belge des eaux embouteillées estimé à environ 500 millions d’euros, on comprend aisément qu’il accapare toute l’attention (et les investissements) des marques qui n’ont pas manqué de repérer là une source plus qu’intéressante de diversification de leurs revenus.

” Les eaux aromatisées représentent 16 % du marché des eaux pétillantes, nous avons encore une belle marge de croissance, se réjouit Sophie Bryskère, directrice marketing de Spadel Belux. Aux Pays-Bas et dans les pays nordiques, cela peu monter jusqu’à plus de 50 % ! ” Le minéralier a prévu le coup… et les coûts. L’entreprise, à qui appartiennent les marques Spa et Bru, vient d’investir 12,8 millions d’euros dans une nouvelle ligne de production sur son site d’embouteillage de Spa Monopole. Un distillateur vient ajouter une petite goutte d’arôme dans chaque bouteille d’eau pétillante, et le tour est joué ! Les six bouteilles de 50 cl de Spa Touch of (citron) était vendues 4,39 euros en début de semaine sur Delhaize.be, contre 3,75 euros pour 6 x 50 cl de Spa Finesse (légèrement pétillante) et 2,79 euros pour 6 x 50 cl de Spa Intense (pétillante).

La croissance pétillante des eaux aromatisées

Sur le marché belge, d’autres marques ont flairé le bon filon. On peut par exemple citer Perrier (Nestlé), Badoit (Danone) ou encore Chaudfontaine (Coca-Cola). Cette dernière a-t-elle voulu répondre à Spadel en lançant sa gamme Fusion en 2016 ? Elle s’en défend. ” Nous avons surtout voulu répondre à une grande demande sur le marché, assure Laura Brems, porte-parole de Coca-Cola Services. C’est une tendance en forte croissance qui vient de Scandinavie. La part de marché des eaux aromatisées est encore faible en Belgique, il y a de la place ! ” La multinationale a-t-elle dû investir pour adapter ses installations ? ” Nous avons simplement installé un mixer sur la ligne de production, assure la responsable. Nous sentons bien que les gens ne boivent pas que des sodas. Notre rôle est d’offrir des boissons pour tout le monde avec une stratégie qui consiste à réduire le taux de sucre dans nos boissons, à lancer des boissons sans sucre et à étendre notre gamme dans de nouvelles catégories. ”

Les distributeurs s’y mettent

Dans leur course à la différenciation sur un marché où – il faut bien le dire – tout le monde fait un peu la même chose, les marques doivent à présent faire face à une concurrence supplémentaire : celle des distributeurs. Ces derniers n’ont en effet pas attendu très longtemps avant de s’apercevoir des marges intéressantes à se faire sur l’eau aromatisée. Delhaize a par exemple lancé cet été trois références pétillantes en guise d’alternatives aux marques. ” Nous avons été inspirés par le marché, affirme Roel Dekelver, porte-parole de l’enseigne au lion. Nous commercialisons des goûts ou des mélanges qui n’existent pas encore sur le marché. ”

Les eaux aromatisées sans sucre ni édulcorants épargnées

Aux yeux de la loi, que vous buviez un Cola-Cola ou de l’eau aromatisée, vous consommez ce que l’on appelle une ” boisson rafraîchissante “. Résultat : ces deux breuvages sont soumis à la même politique de taxation, peu importe que leur teneur en sucre puisse être tout à fait différente. Le gouvernement fédéral a décidé cet été d’augmenter les accises sur les boissons rafraîchissantes. Une augmentation qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2018, mais qui épargnerait les eaux aromatisées pour autant que ces dernières ne contiennent ni sucre, ni édulcorants. ” Jusqu’à présent, il n’existait pas de distinction entre les eaux aromatisées et les eaux avec sucre et/ou édulcorants ajoutés. La nouvelle loi-programme établira bien cette distinction, confirme-t-on au cabinet du ministre des Finances Johan Van Overtveldt. Le taux d’accises pour les eaux aromatisées restera par conséquent inchangé, à l’inverse des eaux avec adjonction de sucre et/ou autres édulcorants. “

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